Présidentielle : La Renaissance du Bénin laminée par Patrice Talon

Annoncé comme l’un des gros morceaux de l’alliance, dite républicaine, le Parti renaissance du Bénin a fait piètre prestation. Les Houézèhouè ont été court-circuité par le candidat Patrice Talon. C’est du moins ce que révèlent les grandes tendances du scrutin du dimanche dernier.  

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Une déculottée. Ce terme apparait comme un euphémisme pour décrire le résultat de la Renaissance du Bénin au scrutin présidentiel de ce dimanche 06 mars 2016. En tout cas, les premières tendances-non encore officielles- révèlent que le parti, membre de l’alliance républicaine ayant portée le candidat Lionel Zinsou, a eu de très mauvais résultats dans ses fiefs traditionnels ; Cotonou (Littoral), Abomey-Calavi (Atlantique) et Abomey, Bohicon, Za-kpota, dans le Zou.  A Cotonou, dans la 16ème circonscription électorale (du 7 au 13ème arrondissement de Cotonou) fief des Houézèhouè dans le département du Littoral,  Patrice Talon plane en tête. Viennent loin derrière lui, non pas la Renaissance du Bénin, mais les candidats Ajavon Sébastien Germain et Pascal Irenée Koupaki.  Dans le département de l’Atlantique, ce grenier électoral avec ses plus 700 000 électeurs, le magnat du Coton vient en tête. Là-bas, Patrice Talon devance Lionel Zinsou dans les localités d’Abomey-Calavi et Godomey, reconnus comme fiefs du parti des Soglo. Le score de Patrice Talon à Cotonou n’est, en réalité pas une grande surprise. Cette principale ville du Bénin est un peu comme le bastion de l’opposition, hostile au régime Yayi. Le score de Lionel Zinsou rappelle d’ailleurs la triste performance de la Rb aux Législatives du 26 avril 2015. Le parti est passé de 3 à 1 député. Dans la seizième, les électeurs l’ont sanctionné pour avoir flirté avec le gouvernement pendant quatre ans. Le tout, favorisé par la monté du phénomène Azannaï-Djogbénou. Dans la commune d’Abomey-Calavi, l’on savait que la bataille serait âpre. Puisque, aux dernières élections communales, la Rb a, de justesse, gagné la mairie. Cependant, ce qui s’est passé dans le Zou, notamment à Abomey et Bohicon est une grosse surprise. Talon caracole en tête du peloton, loin devant le candidat de la Rb, qui serait même devancé par Pascal Koupaki. Surréaliste mais vrai. Surtout quand on sait que Bohicon et Abomey sont la chasse-gardée des renaissants, sous la suprématie de Luc Atrokpo (maire de Bohicon) et Blaise Ahanhanzo-Glèlè (maire d’Abomey). La preuve, aux législatives et communales dernières, pendant que la Rb battait de l’aile à Cotonou et Calavi, les deux maires de ces villes du Zou ont eux mis le paquet. Pourtant, à Cotonou et dans le Zou, la Rb a effectivement mouillé le maillot pour le porte étendard de l’alliance Fcbe-Prd-Rb. Du moins, selon des constats de terrain et les annonces faites par la cellule de communication du parti. N’empêche, Talon a vidé la Rb de ce qu’il lui restait encore de sa substance.  

Querelles familiales, nouveau leader des Fons

Plusieurs raisons pourraient expliquer la contre-performance de la Renaissance du Bénin dans ces fiefs traditionnels, à cette présidentielle. On peut de prime abord mentionner les querelles au sein de la famille Soglo. Même s’ils ne sont plus aux commandes de la Rb, Soglo Père et Rosine Soglo sont les leaders historiques du parti, toujours influents. Pourtant, ces deux personnalités n’ont pas avalisé l’option Zinsou faite par les dirigeants actuels du parti. Mieux, ils ont publiquement affiché leur farouche opposition à l’idée de voir Lionel Zinsou diriger le Bénin. Opposés au dauphin de Boni Yayi, pour qui Nicéphore et Rosine Soglo ont-ils fait campagne ? Certaines sources avancent le nom de Pascal Koupaki. D’autres parlent de Patrice Talon. Tout compte fait, leur refus de soutenir Zinsou a influencé le comportement des militants Rb. Ensuite, il y a la stratégie de Patrice Talon. Voyant la réticence de la classe politique à se rallier à sa cause, Patrice Talon a changé de stratégie en s’adressant directement aux populations. Il a donc contourné les partis traditionnels avec une multitude de mouvements politiques. Cette stratégie a certainement payé. Enfin, on peut avancer l’origine de l’ancien bras financier de Boni Yayi. Le magnat du coton est à 100% de l’aire culturelle fon ; son père de Ouidah et sa mère d’Abomey. Cela a certainement pesé lourd dans la balance, l’ethnie étant l’un des déterminants du vote au Bénin. La Rb tangue. Et Patrice Talon se profile comme le nouveau roi politique de l’aire culturelle Fon

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