Bénin : Juste Codjo propose un nouveau modèle démocratique adapté aux réalités du Bénin

Doctorant-chercheur en sciences politiques au Kansas State University aux Etats-Unis et expert en stratégie et relations internationales, Juste Codjo est en séjour dans son pays le Bénin dans le cadre de ses recherches.

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Il saisit l’opportunité que lui offre l’actualité pour apporter sa contribution au débat sur les réformes politiques et institutionnelles en vue d’un véritable nouveau départ.  

Les malaises socio-économiques et politiques observés actuellement au Bénin sont-ils la conséquence de l’adoption d’un régime présidentiel ? Ces malaises sont-ils attribuables à d’autres facteurs et quels sont-ils ? Ce sont des questions préoccupantes soulevées par les recherches de  Juste Codjo dont la thèse de doctorat, en cours, porte sur le rôle du consensus stratégique dans le succès des politiques de prévention des rebellions armées. Ce doctorant-chercheur en sciences politiques au Kansas State University aux Etats-Unis et expert en stratégie et relations internationales est en séjour au pays dans le cadre de ses recherches. Il profite  de l’actualité pour partager avec l’opinion publique, les cercles intellectuelles et politiques ses propositions en vue de l’adoption d’une démocratie adaptée aux réalités du Bénin. Le contexte en question est, faut-il encore le rappeler, marqué par l’avènement d’un nouveau régime dont le président élu, Patrice Talon, envisage une batterie de réformes institutionnelles pour un «Nouveau Départ». Si le major du Bénin au Bac A1 1994 est en phase avec le président Patrice Talon sur la nécessité des réformes, il pense néanmoins qu’elles doivent être plus profondes et assez révolutionnaires. Que propose alors ce diplômé de la faculté de Droit et de sciences politiques de l’Université d’Abomey-Calavi ? Juste Codjo a exposé ses solutions lors d’une conférence publique animée ce jeudi 31 mars 2016 au Sun Beach Hôtel de Cotonou. Devant juristes, journalistes et observateurs de la vie politique béninoise, il a rappelé la genèse de la démocratie béninoise, fait l’état des lieux de la performance de l’Etat actuel, analysé les déterminants directs et indirects de la performance de l’Etat et présenté les grandes lignes du modèle de démocratie consensuelle.

Diagnostique : malaises de longue date

Le diagnostique de Juste Codjo révèle que depuis 1960, les reproches faits aux différents systèmes qu’a connu le Bénin sont identiques ; fut-il la première expérience démocratique post indépendance (1960-1972), la révolution marxiste-léniniste (1972- 1990) ou encore le renouveau démocratique adopté depuis l’historique conférence nationale des forces vives de février 1990. De l’indépendance à ce jour, aux différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays, il est globalement reproché l’abus du pouvoir par l’exécutif, la politisation de l’administration publique, la fragilisation des libertés publiques et individuelles, le marasme socio-économique, le marchandage politique et dernièrement la croissance exponentielle du nombre de partis politiques. Tous ces maux concernent la performance de l’Etat.  Cette performance prend en compte trois éléments que sont la consolidation de la démocratie, la sécurité et la prospérité économique. A ce niveau, le chercheur émet deux hypothèses. Primo, la gouvernance publique a un impact direct sur la performance de l’Etat. Il décrit la gouvernance publique comme la collaboration et le jeu de compétition entre l’Exécutif et le Législatif dans la définition des politiques publiques, l’allocation des ressources, la nomination des managers et le contrôle notamment de l’administration publique. Cette gouvernance publique se déroule dans un contexte où le président de la république est élu au suffrage universel direct avec pleins pouvoir et le Parlement est élu au scrutin proportionnel à un tour. Secundo, il existe un lien indirect entre certains facteurs environnementaux et la performance de l’Etat. Ce sont notre conception de l’autorité (culturel), l’identité ethno-régionale (social), le sous-développement socio-économique et les pesanteurs extérieurs (les réalités géopolitique internationales). Ces facteurs, de part leur impact direct sur la gouvernance publique, influence la performance de l’Etat. Le chercheur postule donc que les réformes politiques doivent consister à trouver des solutions aux effets pervers de ses facteurs sur la gouvernance économique, et par ricochet sur la performance de l’Etat. Pour ce faire, l’architecture institutionnelle du pays doit tenir compte de ces facteurs qui traduisent les réalités du contexte béninois.

Ressusciter le Hcr, réformer le cadre partisan

Comme solution aux malaises socio-économiques et politiques observés au Bénin depuis son indépendance, le doctorant-chercheur préconise un modèle de démocratie consensuelle adapté aux réalités du pays. Pour y arriver, il faudra reformer le système partisan, le pouvoir exécutif  et ressusciter le Haut conseil de la république ; cet organe dirigé par le vénéré Mgr Isidore de Souza, et qui a servi de Parlement pendant la transition démocratique post-conférence nationale. Pour le cadre partisan, il préconise l’instauration des éléctions législatives à deux tours. Et ne seront éligibles au second tour que les partis ayant recueilli au moins un siège dans chacune des grandes régions du pays. Le financement public ne sera accordé qu’aux partis siégeant au Parlement et dans les conseils communaux. L’une des réformes du pouvoir exécutif concerne le mode désignation du chef de l’exécutif. Dénommé président de la république, chancelier ou 1er ministre, ce dernier sera élu au sein de la majorité parlementaire. Quant au Haut conseil de la république, il sera constitué de sept membres, apolitiques et âgés de 70 au moins chacun, siégeant à vie. Chacun des membres du Conseil doit être originaire et représentatif de l’une des sept entités géographiques nationales ; du nord au sud, de l’est à l’ouest. Il aura pour missions de veiller à la paix et à la stabilité du pays, à la préservation des valeurs cardinales propres au peuple béninois et au bon fonctionnement de l’administration publique. Comme prérogatives, le conseil aura à approuver la nomination et la décision mettant fin aux fonctions des hautes responsables d’organes publics. Il pourra aussi dissoudre le Parlement et opposer une objection au budget de l’Etat entre autres. En clair, on voit l’Exécutif et le Parlement dépouillés de certaines prérogatives au profit du Conseil. C’est le concept défendu par Juste Codjo pour la construction  d’un model béninois de démocratie

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Brève présentation de Juste Codjo

Nom : Justin Codjo

Titre : Doctorant-chercheur en Sciences politiques et Expert en Stratégie et Relations Internationales.

Diplômes :

  • Baccalauréat Série A1 en 1994, mention bien (major du Bénin)
  • Maîtrise en Sciences Juridiques, option relations Internationales  à l’UAC (Bénin) en 2009
  • Master en Relations Internationales à Webster University (Kansas, USA) en 2012
  • Certificat d’Etudes Stratégiques du Command and General Staff College (Kansas, USA) en 2012

Position actuelle:

Doctorant au Kansas State University (Manhattan, Kansas, USA) depuis 2012, le conférencier y effectue des recherches et y enseigne des matières telles que l’introduction à la politique comparative, la politique internationale ainsi que l’étude des conflits internationaux.

Il séjourne actuellement au Bénin dans le cadre de ses recherches doctorales.

Travaux de recherche :

  • Une thèse de Master qui examine l’impact de la rivalité américano-chinoise en Afrique sur l’influence traditionnelle de la France dans cette région.
  • Un article en Histoire en cours de publication qui examine la stratégie du gouvernement américain face à la décolonisation de l’Afrique entre 1953 et 1961.
  • Un article en Relations Internationales en cours de publication à travers lequel il procède à une analyse statistique des relations existant entre la stabilité d’un pays pauvre et ses alliances avec une puissance étrangère.
  • Sa thèse doctorale porte sur le rôle du consensus stratégique dans le succès des politiques de prévention des rebellions armées.  

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