Bénin : Sous le signe des symboles

Et l’homme vint. Il y a un an, qui aurait osé parier que Patrice Talon allait succéder à Yayi Boni au Palais de la Marina ? La spéculation d’hier, c’est la vérité d’aujourd’hui.

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Ce 6 avril 2016, l’histoire du Bénin enregistre le quatrième Président de l’ère du Renouveau démocratique. Patrice Talon s’est retrouvé, à l’instant « T », dans le rôle et à la place où beaucoup ne l’attendaient point.

La cérémonie d’investiture du Chef de l’Etat est désormais un événement daté. Avec ses hauts et ses bas. Avec ses exploits et ses contreperformances. Le discours, le tout premier du Président élu, a projeté une vision, a tracé une ambition, a fixé une destination. Chacun l’interprète comme il l’a entendu. Retenons, quant à nous, de cette journée mémorable, le poids des symboles.

Le tête-à-tête Boni Yayi/ Patrice Talon a eu lieu (lire ici). Le bureau Présidentiel, au Palais de la Marina, en a été le cadre. Jusqu’à l’ultime minute peu y croyaient. Le doute planait sur cette rencontre. Des ombres d’un passé encore récent embrumaient les esprits. Des plaies tardaient à se cicatriser. Qui a dit que l’heure de Dieu est la bonne ? Les deux hommes ont pu se voir et échanger. C’est tout à l’honneur de la démocratie.

La sobriété de la cérémonie d’investiture est un signal fort. C’est l’apologie de la simplicité. C’est l’éloge de la sobriété (lire ici). Nous avons pris l’habitude de faire dans la redondance et dans le bidonnage. Nous sommes des adeptes du superflu et de l’inessentiel. Comme si nous cherchions à en faire toujours plus. Histoire de maquiller nos manques. Histoire de compenser nos déficits. Une cérémonie d’investiture débarrassée de dentelles, dépouillées de paillettes et autres fioritures, c’est, en soi, une leçon pour un pays encore pauvre, un pays aux ressources limitées.

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La tenue de la Première Dame ? Parlons-en. Beaucoup en font des gorges chaudes. Pour plus d’un, une Première Dame, en pareille occurrence, aurait dû être Vénus descendue du ciel. Et puisque Madame l’épouse du Président ne s’était pas présentée chamarrée d’or, avec une coupe de robe dernier cri, sortie droit du cerveau d’un génial couturier étranger, on a estimé qu’il y a maldonne. Qu’il soit dit et compris : son foulard de tête, d’une simplicité biblique, portait, pour nous, un message (lire ici). Il y a, sous-jacent, une philosophie. En effet, nous devons apprendre à alléger nos vies. Rejetons tout fardeau, refusons toute charge, tels ces lourds foulards de tête actuellement à la mode, les « guélés » les bien nommés.

Un autre symbole fort : la parenthèse de l’élection présidentielle est bien fermée. La présence sur le même théâtre de tous les acteurs majeurs de la vie nationale, adversaires d’hier comme alliés d’aujourd’hui, est un signe de maturité démocratique. Il faut y voir, en projection, la nation en devenir. Le Bénin, c’est notre pays, le seul que nous ayons et auquel nous sommes attachés de toutes les fibres de notre être. Les ministres qui finissent leur parcours étaient présents, avec à leur tête le Premier d’entre eux, le challenger du Président élu. Les ministres aspirants, mais non encore connus du public, étaient également là (liste des ministres ici). En silence, des équipes se passaient le témoin. Un seul et unique but : que le Bénin avance !

Du discours du président, retenons une idée forte. Elle vaut, à elle seule, un symbole. Il s’agit de ce que nous devons retenir comme « La zone franche du savoir et de l’innovation« . On ne doit plus sourire quand un pays en développement pousse loin l’ambition, en hissant au rang d’une priorité le savoir et l’innovation. Le savoir, c’est la lumière de l’esprit. L’innovation, c’est l’esprit de création, de créativité et d’inventivité. C’est tout simplement l’intelligence et l’imagination au pouvoir. Nous sommes prêts à en découvrir le contenu, comme l’est le Président pour le service de la nation.,

Enfin, le premier gouvernement de l’ère Patrice Talon est un nœud de symboles. Par sa composition, la preuve est faite qu’il n’est point d’habitants de la planète mars au Bénin. Par sa taille, la preuve est faite qu’on peut mettre un peu plus de viande que prévu sans gâter la sauce. Quant à la qualité des condiments, reportons-nous à une possible définition de la friperie : de l’ancien rafraîchi et rajeuni, de l’ancien remis au goût du jour. En somme, avec de premier gouvernement, beaucoup de vieux chevaux sont de retour.

Lire : 1er gouvernement de Talon : Grandes attentes, petit gouvernement

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