Curieuses visites de Patrice Talon à l’extérieur : Paris 2-Abuja 0 !

Paris caracole en tête des capitales visitées par Patrice Talon le nouveau président du Bénin. Depuis qu’il a gagné la présidentielle, c’est la 2è fois qu’il séjourne dans la capitale française.

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Cette préférence de Talon pour Paris apparaît bien un choix de cœur que de raison au détriment d’Abuja, la capitale du géant voisin de l’est avec qui le Bénin a des relations économiques très poussées.

Depuis mardi dernier, Patrice Talon est à Paris (lire ici). Le président béninois y séjournera jusqu’à demain mardi tout au moins puisque c’est ce jour qu’il rencontrera son homologue français François Hollande dans l’après midi. Une si longue semaine passée dans la capitale française, bien loin du délestage, de la grogne sur les concours frauduleux d’entrée à la Fonction publique en passe d’annulation. Une si longue semaine que Pascal Irénée Koupaki, le numéro 2 du gouvernement, occupe à gérer l’ennui gouvernemental et les « patates chaudes » héritées du régime Yayi et qu’il s’affaire vaille que vaille à garder dans ses mains. A Paris, Talon pourra passer ses matinées calmes de printemps pour se reposer, faire du shopping et du check-up après ses nombreuses semaines éreintantes de campagne à travers le Bénin. Le président en a besoin. Comme il a aussi besoin de régler quelques urgences personnelles dans cette ville où il a passé trois ans d’exil en attendant de revenir par ici pour le grand combat du développement pour lequel il a été élu. Mais Paris c’est aussi le cœur de l’Afrique francophone et il  pourrait profiter de son séjour pour rencontrer diverses personnalités de plusieurs pays francophones. Seulement et au-delà de toutes ces raisons, on peut s’interroger sur la préférence de Paris contre d’autres villes. Pour rappel, c’est la 2è fois depuis qu’il a gagné la présidentielle du 20 mars. Une première fois avant son investiture et une 2è fois actuellement. On fait le constat que jusque-là, Patrice Talon se s’est pas rendu une seule fois à Abuja bien que cette destination soit annoncée comme  prochainement dans son agenda. Pourtant, les théoriciens du développement les plus futés, économistes, spécialistes des relations internationales, tous disent à l’unisson que le Bénin doit privilégier ses relations économiques avec le Nigéria s’il veut vraiment se développer. Le Bénin fait près de 80% de ses échanges commerciaux avec le Nigéria. Il en dépend presque économiquement et sur le plan des hydrocarbures. La grande majorité des hommes d’affaires béninois s’y rendent fréquemment pour leur business même d’autres aussi se rendent dans les grandes capitales asiatiques comme Dubaï, Hong-Kong, Pékin, via parfois Paris. Le Bénin a également hérité du Nigéria un passif sécuritaire avec la fréquence des braquages et des actes de grande criminalité à cause de la porosité des frontières. Il est évident qu’avec Buhari , Talon va moins s’ennuyer. Lors de la campagne pour la présidentielle, le candidat Sébastien Ajavon avait claironné sur l’importance de l’assainissement des relations entre le Bénin et le Nigéria. Avant lui, Albert Tévoédjrè l’avait recommandé à Boni Yayi qui, dès le 07 avril 2006, soit le lendemain de sa prise de pouvoir, s’est rendu au Nigéria pour rendre visite à Olousegoun Obasandjo. En 1991 lors qu’il a été élu premier ministre, Nicéphore Soglo s’était rendu lui à Washington.

Un itinéraire qui ravive les spéculations

Paris, c’est la métropole. On y va faire allégeance au « grand maître blanc ». On y va aussi pour parler  de l’aide au développement qui ne développe pas. On y va enfin pour recevoir les consignes et on s’adonne aux rituels de la dépendance politique vis-à-vis de la France. S’y rendre fréquemment en ce début de mandat pourrait raviver les spéculations de ceux qui pensent que le nouveau président Patrice Talon qui, pourtant, a combattu Lionel Zinsou étiqueté ici comme un instrument de cette obédience politique, mord à l’hameçon de la Françafrique. . On pourrait en dire autant des autres destinations africaines du président béninois : Lomé et Abidjan. En effet, dans ces deux villes habitent Faure Gnassingbé et Alassane Ouattara. Tous ces deux présidents comptent parmi les amis de la France en Afrique. Le premier a hérité de son feu père un pays, un système politique et une culture politique qui fonctionnent comme un Tom(Territoire d’outre-mer) de la France. Le second n’a pu accéder au pouvoir que grâce au soutien militaire de la même mère-patrie avec laquelle il partage la vision hégémonique et les réseaux. C’est curieusement ces deux hommes qui se sont retrouvés avec lui à Abidjan pour la fameuse réconciliation avec son prédécesseur. En habile manipulatrice, la Fançafrique pourrait chercher à récupérer le produit de la lutte d’émancipation des populations béninoises-Patrice Talon- avec l’implication feutrée et malsaine de Boni Yayi dont on connaît par ailleurs les fourberies et les allégeances métropolitaines.

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