Bénin : Le style Patrice Talon

Qu’est-ce qu’un style ?  Peut-on parler d’un style Patrice Talon ? En quoi celui-ci se reconnait-il ?  Trois soucis, et non des moindres, en une seule chronique. C’est beaucoup ! Le style est la façon personnelle d’agir, de se comporter, la manière d’être.

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Comment déterminer le style d’un homme comme le Président Patrice Talon ? Difficile pari ! A peine vient-il d’être projeté à l’avant-scène. A peine vient-il d’être sous les feux de la rampe.

Resserrons notre angle d’approche. Nous ne voulons pas savoir ce qui fait la singularité humaine du Président Patrice Talon. Ne nous intéressent ni ses données biométriques, ni   son bagage génétique. Qu’est-ce que l’homme a de particulier ? Qu’est-ce qui le différencie, sur le plan politique notamment, de tous ceux qui l’ont précédé au Palais de la Marina depuis plus d’un quart de siècle ? Trois pistes de réflexion dans la quête d’une réponse.

Il y a un style Talon en rapport avec le choix fait par l’homme de ne faire qu’un seul mandat de cinq ans. Aucun des Présidents qui l’ont précédé ne s’était placé dans une telle situation. Patrice Talon se contente de l’impulsion première que lui donne l’onction populaire d’une élection. Il n’a donc pas besoin, au cours de ce mandat unique, de chercher des relais sur le terrain, de rechercher un quelconque ancrage politique pour s’assurer durée et longévité au pouvoir. Tous les autres Présidents, avant lui et à l’entame de leur magistère, pensaient à la prochaine élection, caressaient le rêve d’un second mandat. En conformité et avec la bénédiction de la Constitution. La liberté, a écrit Montesquieu, c’est faire tout ce que les lois permettent. Paradoxe ou dénégation : Patrice Talon se donne et se donnera plus de marges de manœuvre, plus de liberté d’initiative en renonçant à faire ce que la Constitution l’autorise de faire. Voilà une facette du style Patrice Talon.

Lire Interview : Patrice Talon parle de ses priorités, de Boni Yayi et de Lionel Zinsou

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Il y a un style Patrice Talon, en opposition ou par contraste avec Boni Yayi. La rupture est déjà en marche dès lors que le nouveau locataire du Palais de la Marina s’interdit toute surexposition médiatique. On ne le voit pas beaucoup. Il parle peu. Il laisse la parole et l’initiative à d’autres. La pose des premières ou des dernières pierres, ici et là, ne semble pas l’intéresser. Tout se passe comme s’il voulait tenir le rôle du chef d’orchestre. Projeter une vision. Fixer un cap. Tracer des axes d’action. Mettre en mouvement des synergies créatrices Accorder et fédérer, en un ensemble harmonieux, les talents des uns et des autres. Etre au-dessus de la mêlée.

Beaucoup pourraient voir, dans cette manière de faire et de se comporter, l’attitude d’un homme en plein apprentissage du pouvoir d’Etat ou dans la phase sage et prudente d’un round d’observation. Et d’argumenter que la bête finira par se réveiller. Et de soutenir que le sphinx finira par jeter le masque.

Il est loisible à chacun d’aller de son commentaire. Nous restons persuader, pour notre part, que l’homme ne saurait être le clone de Boni Yayi, son alter ego, c’est-à-dire un autre Boni Yayi. C’est peut être à cause de cela que les deux n’ont pu rester durablement des amis, qu’une grande brouille a sanctionné leur complicité, que le sort a préposé l’un pour arracher des mains de l’autre le sceptre du pouvoir suprême. Nous y voyons, en filigrane, une autre facette du style Patrice Talon.

Il y a, enfin, un style Patrice Talon dans la singularité d’une rencontre. D’un côté, un opérateur économique tombe en politique parce que contraint et obligé. De l’autre côté, un parti politique, « Alternative citoyenne », sorti des entrailles de la société civile, s’illustre, agacé et outré de voir la politique laissée aux seuls politiciens. En somme, quelqu’un dont la politique n’est pas la tasse de thé rencontre, sur le terrain politique, des hommes et des femmes restés longtemps loin des rumeurs et des fureurs de l’arène politique. Patrice Talon n’est pas un politique. Mais il fait et fera la politique en aidant d’autres à en faire.  Mais à la différence que, depuis le 6 avril 2016, le faiseur de rois qu’il a toujours été a réalisé l’exploit de   se faire roi. Voilà un ingrédient de plus, un ingrédient à tout le moins singulier, dans ce qu’il convient d’appeler le style Patrice Talon

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