Hélicoptère de Yayi : La Sobeh veut ouvrir un contentieux inutile et coûteux pour l’Etat

Parmi les dossiers à scandales laissés par le régime Boni Yayi, en voilà un que le gouvernement Talon doit gérer avec délicatesse. Selon des sources concordantes, le pilote et le mécanicien- tous deux français- de l’hélicoptère Ty-Abc qui a transporté Boni Yayi pendant près de deux ans, s’apprêtent à saisir la justice pour violation des clauses du contrat les liant à la Société béninoise des hydrocarbures(Sobeh).

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Et selon ces sources, l’Etat risque de payer cher l’entêtement des responsables de la Sobeh. C’est un véritable tissu de scandales qu’on pourrait bien appeler « l’hélicogate ». Depuis le 26 Décembre 2015, l’hélicoptère blan Ty-Abc de la Sobeh qui a transporté Boni Yayi dans ses pérégrinations nationales pendant près de deux ans ne vole plus dans les airs béninois. Ce jour, il a eu crash à Djougou en transportant l’ex-premier ministre Lionel Zinsou à la Gaani. Et ce fut la fin tragique d’un « engin à polémique » comme votre quotidien, la Nouvelle Tribune titrait déjà à cette époque. La preuve, bien que réduit en épave, cet engin suscite encore  la polémique et livre les dessous immondes de sa gestion sur laquelle nous reviendrons dans nos prochaines parutions. L’un d’eux est cette affaire de non respect des clauses du contrat de travail liant la Sobeh aux deux français, l’un pilote et l’autre mécanicien, recrutés pour le conduire et l’entretenir. En effet, selon des sources proches du dossier, la société n’a plus daigné payer les salaires de ces deux hommes recrutés sur la base d’un contrat entre aérosupport- société enregistrée aux Usa – et la Sobeh. Selon les clauses contractuelles, cette dernière devrait continuer à  leur payer les salaires tant que le contrat n’est pas résilié. Mais contre toute attente, la Sobeh s’oppose à leur payer leurs salaires, sans leur donner un préavis ou sans résilier le contrat. Les derniers salaires reçus par ces deux agents remontent à fin novembre. Depuis, plus rien. Les deux Français n’ont reçu aucun kopeck alors qu’ils sont encore sous contrat avec la Sobeh. A plusieurs reprises, ils ont écrit au Dg et au Directeur du cabinet militaire pour que leur situation soit régularisée mais en vain. Tout se passe comme si la société entend ainsi « punir » par ce moyen ces deux agents depuis le crash de l’hélicoptère à Djougou. Or, la société d’assurance Nsia l’a déjà dédommagé pour plus de 7 milliards pour cet accident, comme nous l’annoncions dans une précédente parution. En outre, aucune disposition du contrat ne stipule que les salaires du pilote et du mécanicien seront suspendus une fois qu’un accident survient. Nos efforts pour avoir les raisons de cette décision de la Sobeh ont été vains. Le Dg joint au téléphone nous a opposé une fin de non recevoir , arguant qu’il s’agit de sujet strictement confidentiel pour lequel il a besoin de l’autorisation de son ministre de tutelle, le ministre de l’énergie, avant de se prononcer. Outrés par cette volonté de la société qui les emploie, les deux Français ont saisi deux avocats, l’un au Bénin et l’ autre à l’international pour ester la société en justice, afin que leurs droits leur soient payés. Et dans ce cas, la coupe risque d’être trop amère. La Sobeh pourrait être contrainte à payer des centaines de millions aux deux agents abusés.

Lire Crash de l’hélicoptère présidentiel : 7,1 milliards de dédommagement versé par l’assurance

Un hélicoptère détourné

L’histoire de cet engin fait froid dans le dos. Il s’agit d’un détournement qui ne dit pas son nom. En 2011  lorsqu’il a remporté la présidentielle pour la deuxième fois, Boni Yayi a fait de la recherche et de la découverte du pétrole  sur  nos côtes une priorité. Il nomme à nouveau Barthélemy Kassa comme ministre de l’énergie. Ce dernier qui avait occupé ce poste pendant le premier quinquennat avait, on s’en souvient, fait des efforts dans ce sens et a même réussi à «  embobiner » le Chef de l’Etat en lui montrant un jour à la présidence un bocal rempli d’un liquide noir qu’il lui a présenté comme le pétrole béninois. Son retour aux affaires  accélère les choses. Six firmes pétrolières se sont installées sur nos côtes pour faire de la recherche pétrolifère. Une société d’Etat a été créée , à l’occasion, pour gérer cette activité et discuter avec les firmes. Et ce fut la fameuse Sobeh(société béninoise des hydrocarbures) Pour déplacer les agents sur la plate forme pétrolière, elle était contrainte de louer des hélicoptères à  des montants faramineux au Nigéria. Avec les bonus de signature de contrat versés par les firmes, cette société s’est retrouvée avec des milliards de nos francs à gérer. C’est avec cette manne providentielle, pour ainsi dire, que cet hélicoptère a été acheté auprès d’une firme en Italie pour qu’elle soit louée aux firmes pétrolières pour assurer essentiellement le déplacement de leurs agents sur les plates formes pétrolières. Aval en avait été donné par un des conseils des ministres de l’époque. Mais une fois son acquisition effective, l’engin a été pratiquement détourné par Kassa pour les nombreux déplacements internes du Chef de l’Etat qui en avait fait son moyen de locomotion préféré. Mille anecdotes circulent dans les maquis, bars  et autres gargotes  sur l’usage abusif que l’ancien chef de l’Etat en avait fait. Pendant ce temps, son entretien, la carburation et le paiement du pilote et du mécanicien revenaient à la Sobeh. Cette société qui n’a aucune compétence en gestion d’une flotte a tout géré dans l’amateurisme. Des pilotes et mécaniciens surexploités, des difficultés pour faire des check up à cause de l’absence d’un contrat de maintenance, l’absence d’un permis d’exploitation aérienne pour cet engin qui, en dépit de son crash va continuer à alimenter des polémiques, comme nos lecteurs le découvriront dans nos prochaines parutions.

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