L’amour du Béninois à la loupe

Sacré Béninois ! On n’en finit pas de se poser des questions à son sujet. Aime-t-il ce qu’il fait ? Le fait-il avec amour ? Y met-il tout son cœur ? Nous avons circonscrit quelques domaines de sa vie quotidienne.

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Il n’est pas à un paradoxe près, nageant en pleine contradiction. Comme s’il aimait sans vraiment aimer. Comme s’il aimait sans jamais aller au bout de son amour.

Le Béninois aime le football. Mais il fait tout pour s’éloigner des chemins qui font gagner, qui conduisent au succès. Pour une équipe nationale de onze éléments, ce sont dix millions de Béninois qui offrent leurs services et leur expertise de coach. Chacun pense en savoir assez pour se mêler de tout et de rien. Résultat des courses, la cacophonie orchestrée autour des Ecureuils fait fuir ceux-ci de l’univers civilisé des hommes pour les profondeurs obscures des bois. Au bout du compte, nous ne parvenons pas à arracher notre football à la laideur de l’incompétence, aux turpitudes des combines maffieuses, à la tortuosité des pratiques occultes.

Le Béninois aime l’ »ago ». Il s’agit de ces fêtes grandioses qui ponctuent les temps forts de la vie : décès, mariages, baptêmes, communion, voire nomination à une haute fonction. Mais il se trouve que l’ »ago » auquel tient tant le Béninois, le ruine et l’appauvrit. Cet être de besoins, qui se trouve souvent dans les liens de la nécessité, remuera ciel et terre pour se trouver les moyens de claquer des millions de nos francs. La cigale chante à longueur de temps et dépense sans compter. La fourmi a compris que le travail est la grande loi de la vie. Le Béninois aura, à choisir, tôt ou tard, entre l’une ou l’autre.

Le Béninois aime la paix. Il y tient comme à la prunelle de ses yeux. Et nombre de gens se demandent comment le Bénin réussit-il à s’en sortir, côtoyant de si près, chaque fois et toutes les fois, le danger. Peut-être le Béninois aime-t-il à se faire peur. Comme si, pour retrouver les chemins de la paix, il lui fallait d’abord prendre le risque de tenter le diable. C’est pourtant une vérité universelle : la ligne droite est le chemin le plus court pour aller d’un point à un autre. Pourquoi le Béninois se complique-t-il la tâche, dépensant un trésor d’énergie, avant de cueillir ce qu’il tient à portée de main ?

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Le Béninois aime Dieu. C’est sa référence de tous les instants. Aussi l’invoque-t-il à temps et à contre temps. Aussi le place-t-il au cœur de toutes ses élaborations. Pas un pas sans Dieu. Pas une parole où Dieu n’a place. Comment alors comprendre que ce Béninois qui peuple sa vie de Dieu triche constamment avec Dieu ? Il se sert de Dieu comme d’un vernis. Il se sert de Dieu comme d’un alibi. Dans un cas comme dans l’autre, l’objectif reste le même : dire Dieu pour se cacher derrière Dieu, donc porter Dieu comme un masque. Un masque menteur, un masque trompeur. Peut-on comprendre autrement le processus vertigineux de désacralisation dans lequel nous sommes en train de perdre nos âmes ? On ment comme on respire. On fait des promesses qui n’engagent personne. On vend le même lopin de terrain à deux ou trois personnes à la fois. On n’a plus de parole, parce qu’on ne respecte plus la parole donnée, encore moins sa signature. Pour une poignée d’argent, on peut tuer père et mère, trahir des êtres pourtant chers. Où est-il Dieu, dans ce bazar du diable ?

Le Béninois aime son pays. Il en connaît l’hymne. Il en reconnaît le drapeau. Mais ne l’empêcher pas de croire et de soutenir que le bonheur est là-bas plutôt qu’ici, que le gazon du voisin est plus vert que le sien. Il pense, en effet, que tout va mal chez lui. Mais il ne se demande pas quelle part il prend dans le mal qu’il dénonce. Les trottoirs arrachés à leurs usagers légitimes. Des invectives et autres noms d’oiseaux échangés en pleine circulation. Des ordures partout. L’urine pour servir peut-être de peinture à certains murs défraîchis. La pollution sous toutes ses formes. Que dire de plus ? L’autre chante que l’amour finit au tombeau. Nous, nous disons que l’amour du Béninois s’arrête à lui-même. Pour l’instant.

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