Les vacances sont souvent une période de distraction pour les jeunes. Dans les quartiers, claquettes, jeux de cartes, de billes, de dames, Ludo et football deviennent leurs principales occupations. Pour la population, les désagréments commencent.
L’année académique est terminée pour certains. Les résultats des divers examens sont proclamés faisant des malheureux qui doivent à présent trouver la force de se relever et de continuer. Pour les heureux et ceux qui n’ont pas eu à passer d’examen, place aux divertissements. Ici et là, des groupes se forment et des équipes de football naissent. Dans pratiquement toutes les ruelles, des jeunes jouent au football. Le football est une passion pour moi. Quand je joue, je me sens à l’aise et détendue et c’est une grande fierté de marquer des buts et de remporter la victoire, explique Charles, étudiant en première année. Et puis après l’effort, c’est le réconfort. Cette passion cause néanmoins de grands ennuis aux populations dont la tranquillité et les activités sont souvent menacées.
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La population souffre
A travers tout le Bénin, c’est le même spectacle et les craintes sont semblables. « Je travaille la nuit donc dans la journée je dois me reposer mais c’est difficile avec tout le bruit qu’ils font quand ils jouent » se lamente George, un gardien. La sieste de certains travailleurs est perturbée, ils ont du mal à garer leurs voitures, rentrer chez eux et dormir. « Quand je me couche, mon esprit n’est pas apaisé, j’ai constamment peur que leur ballon endommage ma voiture et quand je commence à somnoler, le ballon vient heurter le portail ou la fenêtre, c’est très embêtant » gémit un fonctionnaire.
Les bonnes dames n’échappent pas à cette situation. Pour elles, c’est d’autant plus frustrant que leur étalage n’est pas en sûreté. Elles comprennent qu’il faut que les enfants s’amusent mais déplorent que dans leur excitation, ils oublient le monde qui les entoure et ne tiennent pas compte du confort des autres. « Une fois, ils ont cassé une de mes lampes, regrette Noëlie, revendeuse de divers. Quand ils viennent, je les chasse, ils devraient aller jouer sur un terrain, ce serait plus approprié« . Le pays dispose de plusieurs petits terrains capables d’accueillir ces jeux mais il n’est pas toujours aisé de les utiliser.
Il est trop difficile de jouer sur un terrain
Les jeunes adeptes du football préfèrent jouer dans les rues. Les raisons de cette préférence sont entre autres que les esplanades sont trop éloignés des quartiers ou, que dans la même zone, il y a plusieurs équipes qui veulent jouer au même moment. Quand nous allons sur le terrain qui est à côté, il est déjà occupé nous n’avons pas d’autre choix que de nous retourner. Bientôt, les cours de vacances vont commencer et il faudra se remettre au travail, nous avons besoin de nous changer les idées, explique Ronel, élève en cours moyen première année (CM1). Et puis, il faut bien maîtriser le football pour pouvoir le jouer au terrain, jouer dans la rue c’est le meilleur moyen d’apprendre, renchérit Oscar. Pour eux, il n’y a que deux options : le football ou la télévision.
Une nouvelle génération de jeunes a vu le jour. Ils passent leur journée enfermée chez eux devant la télévision. Les conséquences néfastes de cette attitude à long terme sont catastrophiques selon les experts. La génération qui s’amuse dans la rue existe encore mais elle cause de nombreux dégâts. Pour les décourager, certaines personnes leur disent que Patrice Talon, le président béninois, a interdit la pratique du football dans les quartiers de ville mais la manœuvre ne semble pas fonctionner. Quand j’aurai la confirmation de source sure de cette nouvelle loi, je penserai à une autre solution, répond Ronel. Une rumeur non confirmée jusque-là
Les habitants de ces quartiers retrouverons bientôt la paix… jusqu’aux prochaines vacances si rien n’est fait. La question que l’on se pose est de savoir s’il faut laisser les enfants s’amuser dans la rue ou les enfermer avec pour seul compagnie la technologie. La population qui se plaint sait que l’avenir de ses enfants est en jeu et l’unique solution qu’elle a trouvée est de s’asseoir avec les jeunes pour discuter. Ce qu’il leur faut, c’est de l’organisation. Ils formeront des équipes permanentes et chaque équipe aura un temps dans la journée pour utiliser le terrain. Pendant ce temps, les autres s’adonneront à d’autres jeux. Nous espérons que cela marchera, souhaite George.
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