Joseph Djogbénou : « Nous n’avons pas vu venir les 100 premiers jours »

1- Quelle appréciation, faites vous en tant que proche collaborateur des 100 premiers jours de Talon ?
Nous n’avons pas vu venir les 100 premiers jours. Le temps ne comptait guère. Seules les solutions aux problèmes de développement de notre pays ont compté. C’est vous qui apprécierez. Mais ce sont des moments de détermination à remonter le pays à niveau duquel il n’aurait jamais dû quitter.

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2- Lors du débat contradictoire d’entre les deux tours entre Patrice Talon et son adversaire Lionel Zinsou, il a mis un point d’honneur au respect des décisions de justice mais c’est tout le contraire qu’on observe aujourd’hui.  Talon a-t-il changé d’option face à la réalité du pouvoir ?

C’est votre affirmation qui paraît en totale contradiction avec la réalité. On ne peut que le regretter. Parce qu’il ne vous a pas échappé que dans toutes les affaires qui saisissent l’attention de l’opinion, le Gouvernement n’a fait aucune obstruction à l’exécution des décisions de justice. Il en a été ainsi de la décision rendue dans le litige opposant les membres d’une église de notre pays. Il en a été ainsi de la décision relative à l’affaire de la fédération béninoise de football. Il en a été ainsi de la décision rendue dans l’affaire dite des conteneurs de cigarettes. Il est peut-être utile de rappeler que si le pouvoir exécutif assure l’exécution des lois, il n’est que le garant de celle des décisions de justice, et, faut-il le préciser, particulièrement en matière civile et commerciale. Autrement, ce sont les parties qui en assurent l’exécution et, si nécessaire, appellent la force publique à les assister. Or, dans l’affaire dite de la FBF, il ne vous a pas été exposé que les parties bénéficiaires de la décision aient saisi tel huissier ou agent d’exécution et que le Gouvernement ait accompli des actes d’obstruction ou d’interdiction. Quant à l’affaire dite des cigarettes, il ne vous a pas non plus échappé que lorsqu’on rend une décision en première instance, toute partie peut en interjeter appel même si la décision est assortie de l’exécution provisoire ou d’astreintes. Il revient à mon souvenir que même dans l’intérêt de votre journal, mon cabinet a, à plusieurs reprises interjeter appel de décisions sans que cela ne fût perçu comme un refus d’exécution.  

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3- Certains cadres nommés à des postes de responsabilité ont des démêlés avec la justice ou des « casseroles » alors que le Chef de l’Etat prône une nouvelle gouvernance avec des hommes compétents et intègres ?

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Il est tout à fait juste que notre Etat et notre Gouvernement veillent à prendre en considération les critères de compétence et d’intégrité. Je n’ai pas observé, une seule fois, que ces critères n’aient pas été recherchés dans la nomination aux hautes fonctions. Il ne faut surtout pas considérer cela suggère une absolue impossibilité de réhabilitation. Dans tous les cas, le Président de la République n’hésite pas, lorsque la situation réelle et actuelle des collaborateurs lui paraît incompatible avec les valeurs auxquelles il est attaché, de prendre les mesures administratives appropriées.

4- Depuis qu’il est au pouvoir, Patrice Talon est très rare dans les médias. Ses activités, son agenda, ses déplacements ne sont pas connus du grand public. Pourquoi ?

Qui travaille, confère-t-il tout le temps ? Il faut admettre que l’état du pays appelle une concentration absolue de sa part et la recherche résolue des solutions de sortie de toutes nos crises : politiques, économiques, sociales. Il faut aussi admettre que la mise en œuvre de son propre programme appelle autant de mobilisation de son attention, de son intelligence et de ses relations. C’est ce qu’il fait. Et vous admettrez aussi, finalement, que trop de bruit ne fait point de bien… Cependant, dès que nécessaire, il expose publiquement ses vues et, à maintes reprises, est déjà allé rencontrer les populations.

5- Il y a une forte polémique ces derniers jours –ci sur les primes perçues par les membres de la commission chargée des réformes constitutionnelle que vous avez dirigée, pouvez vous nous éclairer un peu ?

Lorsqu’il a plu au Président de la République de me confier cette mission, j’ai insisté sur les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les résultats attendus. Il a admis, et le Gouvernement avec lui, que cela était nécessaire. Contrairement à la manière dont il a été procédé, c’est un décret pris en Conseil qui a fixé la rémunération des membres de la commission. Je comprends parfaitement l’émotion générale observée. Nous sommes bien dans un Etat ou sociologiquement, et à regret, l’argent est entouré de pudeur. L’on ne publie pas ses revenus et lorsqu’on s’aperçoit ceux d’autres, cela devient un scandale. On observe aussi que la question se poserait moins s’il est fait recours aux experts occidentaux. La question se poserait à peine si ce sont des experts étrangers qui avaient été payé. Malheureusement, la compréhension circonstancielle du patriotisme conduit bien souvent à appauvrir l’entraineur des écureuils lorsqu’il est un national et à l’enrichir lorsqu’il est un étranger. Mais cette discussion n’hôte pas l’honneur que l’on a eu de présider cette commission ni l’espérance dans laquelle on se trouve de voir les résultats contribuer aux réformes essentielles de notre modèle politique.  

6- Comment le président Talon entend-t-il gérer la coalition politique qui soutient ses actions ? Va-t-il créer une alliance à l’image des Fcbe ou va-t-il se contenter de majorité conjoncturelle à l’Assemblée nationale ?

Il gère sa coalition en travaillant pour la Nation. Ce qui importe, ce n’est point le mode ni le contenant, c’est le contenu et les résultats

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