Non fréquentation des hôpitaux au Bénin : Ils se soignent chez eux et espèrent…

La plupart des béninois ne vont à l’hôpital que sur le tard. Ils se soignent chez eux, ou chez des tradipraticiens et vont dans des centres de santé uniquement si la situation devient désespérée. Coût élevé des soins, laxisme des agents de santé, rapprochement de la médecine traditionnelle, les raisons qui les poussent à ne recourir aux hôpitaux qu’en cas d’absolue nécessité sont nombreuses. Bien souvent, ce manque d’empressement aggrave la maladie.

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La majorité de la population béninoise a tendance à vouloir se soigner elle-même. Lorsqu’elle tombe malade elle se traite chez elle. Elle achète des médicaments au marché ou use de la médecine traditionnelle. Elle utilise les connaissances qu’elle a de certains médicaments pour éviter d’aller dans les centres de santé. Plusieurs raisons expliquent cette attitude.

Les centres de santé ? C’est du luxe

Les hôpitaux sont un luxe que certains béninois ne peuvent pas s’offrir. Le coût des soins est généralement très élevé.

« Je ne me sentais pas bien, j’ai fait le traitement que je fais habituellement mais le mal n’est pas parti alors je suis allé à l’hôpital ; un médecin m’a ausculté et demandé de faire des analyses. Des analyses de soixante dix mille francs (70000Fcfa), » s’exclame Anna.

La population se plaint du manque de professionnalisme de certains agents de santé. « Lorsque je suis retourné à l’hôpital avec les sous, je suis tombé sur un autre docteur et à ma grande surprise, il me prescrit de nouveaux médicaments sous prétexte que le précédent docteur m’a prescrit des médicaments qui ne me conviennent pas. Il a ensuite demandé à ce que je fasse les examens exigés par son collègue. Quand j’ai suivi le traitement du premier médecin et que je me suis senti mieux, je ne voulais pas retourner à l’hôpital mais mes enfants m’ont convaincu, c’était une mauvaise idée », ajoute Anna.

Une partie du peuple ne va pas à l’hôpital parce que les médecins n’arrivent pas à déterminer au premier coup le mal dont ils souffrent. « Ils nous font dépenser une fortune en médicaments et en soins. Parfois, ils vous demandent d’acheter tel médicaments et quand tu les prends, la maladie s’aggrave et ils changent encore l’ordonnance. C’est ce qui m’est arrivé », fustige Jeanne. Mais pour d’autres habitants du pays, les motifs n’ont aucun rapport avec la qualité du service auquel on a droit dans un hôpital.

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Une grande partie de la population béninoise se soigne chez elle par habitude. « Mon père ne m’a jamais amené dans un centre hospitalier pour que je me fasse soigner. Les plantes et les tisanes, voilà comment il m’a soigné et il m’a transmis sa connaissance des plantes donc je préfère utiliser sa technique. En plus même si on ne connaît pas les vertus des plantes, il suffit d’aller voir les bonnes dames au marché et de leur expliquer les symptômes, elles nous vendent ce dont on a besoin », explique Marius. Il arrive parfois que le fait de ne pas aller à l’hôpital assez tôt soit fatal.

La vie n’a pas de prix…

Le peuple béninois attend le plus souvent que la maladie soit à un stade très avancé avant de se rendre à l’hôpital. De temps à autre, la maladie atteint un stade tellement avancé qu’il est impossible de sauver le patient. « Mon oncle a eu un accident de circulation, quand il est rentré à la maison, on a tous cru  que les soins habituels pourront endiguer le mal. Quand on a compris qu’il nous fallait voir un spécialiste, il était trop tard, il a fallu lui amputer la jambe pour éviter que l’infection ne se propage. Si on était allé voir un médecin plus tôt, il aurait pu garder sa jambe » déplore Pauline. Certaines personnes n’ont pas autant de chance. « Mon mari n’avait pas l’habitude des médicaments de la rue mais la dernière fois qu’il est tombé malade, j’ai pensé que ma réserve pourrait l’aider, il est mort quelques heures plus tard. Le médecin nous a expliqué qu’il n’aurait pas dû prendre ces médicaments, son organisme a fait une réaction allergique et cela l’a tué en moins de deux heures, il est mort par ma faute » regrette Brunelle.

Au Bénin, la plupart des familles traitent leurs maladies de façon traditionnelle ou avec des médicaments vendus dans la rue. Depuis de nombreuses années, le ministère de la santé et l’ordre des pharmaciens appellent la population à se rendre dans des centres de santé et des pharmacies pour éviter d’aggraver leurs soucis de santé. Malgré ces messages, les habitudes des béninois n’ont pas changé. Ils ignorent que leurs actes ont des conséquences gravissimes sur leur santé. Il est cependant vrai que si le coût des soins devient moins élevé et si les médecins évitent de se contredire entre eux, le pourcentage de la population béninoise qui se rendra à l’hôpital en temps et en heure ira croissant. Une autre alternative pour les béninois est une mutuelle de santé ou encore le Régime d’Assurances Maladies Universelles (RAMU).

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