La Direction générale des médias a organisé du 21 au 22 juillet 2016 à Grand-Popo, une formation à l’intention des hommes des médias. Ceci dans le cadre du projet «les médias luttent contre la vindicte populaire» afin que les populations soient sensibilisées pour un changement de comportement.
A travers cinq communications suivies toutes de débat, les journalistes ont été armés pour mener le combat de réduction de la vindicte populaire au Bénin. La vie humaine étant sacrée, il fallait agir face à la recrudescence de la vindicte populaire. Alors, afin d’accompagner les professionnels des médias à engager des débats publics en vue de la réduction de ce phénomène, la Direction générale des médias (Dgm) les a conviés à un atelier de deux jours qui a pris fin vendredi dernier à Grand-Popo.
Sous la supervision donc de Expédit Ologou, Directeur général des médias, cet atelier de formation s’est déroulé avec une rigueur dans la gestion du temps et des participants sérieux et engagés à renforcer leur capacité pour une lutte efficace. C’est le professeur Dodji Amouzouvi, socio-anthropologue, qui a ouvert le bal des communications.
A travers le thème «Dimensions socio-anthropologiques de la vindicte populaire au Bénin», le docteur explique que ce phénomène est une manière pour les populations d’exprimer une contestation et des frustrations sociales. Elle est un phénomène social que les discours moraux et les décrets ne peuvent gommer. Si elle sape les bases du vivre ensemble et remet en cause la démocratie, elle nous révèle l’image d’une société hors norme. Selon le professeur, le phénomène de la vindicte populaire n’est pas l’apanage du Bénin. Mais, il faut retrouver ses causes, entre autres, dans les croyances et représentations collectives plus ou moins partagées sur la sorcellerie, le commerce et le sacrifice des organes humains, la fragilisation des valeurs, la rupture du capital ‘’confiance’’ en soi-même et en l’autre et le dysfonctionnement des institutions républicaines.
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C’est pourquoi on note une sorte de règlement de compte à travers une justice expéditive. Alors, il urge de réagir. Ainsi, maître Charles Badou, avocat au Barreau du Bénin, a instruit les participants sur les dispositions pénales en vigueur au Bénin en la matière. Il a rappelé que seul l’Etat peut rendre justice. La vindicte populaire met à mal le principe de la proportionnalité de la peine. On retient que ceux qui participent activement, en spectateurs joyeux ou non sont tous en infractions et peuvent être poursuivis en justice.
La responsabilité du journaliste
Dans cette lutte contre la vindicte populaire, il s’est avéré que les médias, qualifiés de premier pouvoir par Wilfried Codjia, Directeur de cabinet du Ministre de l’Economie numérique et de la Communication, ont un rôle primordial à jouer. C’est alors que la question de la responsabilité du journaliste a été soulevée. L’ancien Directeur de la radio nationale Christian de Souza, dans sa communication sur le traitement journalistique de l’information sensible, a expliqué que, dans sa fonction d’éducateur, le journaliste ne doit pas faire l’apologie du crime. Rappelant que le phénomène est parti, de la sous-région, du Nigéria dans les années 1970, il a insisté sur son caractère sensible. Alors, son traitement mérite une certaine retenue et beaucoup d’attention. René Talon, Rédacteur en chef de la radio nationale a, pour sa part, indiqué les genres journalistiques adaptés au traitement et à la diffusion des informations sur la vindicte populaire. La dernière communication présentée par Gérard Guèdègbé, consultant médias, a traité des nouveaux médias et le traitement journalistique de la vindicte populaire.
Les échanges qui ont suivi chaque communication ont permis aux participants de lever leurs inquiétudes et leurs incompréhensions sur les différents contours du traitement de l’information sur ce phénomène. Chaque journaliste est reparti de Grand-Popo satisfait et avec l’engagement d’œuvrer pour l’éradication de la vindicte populaire au Bénin