Vindictes populaires: Abimbola dénonce, le gouvernement s’explique

Le phénomène des vindictes populaires a pris depuis quelques temps, une tournure inquiétante dans les grandes villes et certaines villes secondaires du pays. Soucieux de cet état de chose, le député Jean-Michel Abimbola a interpellé le gouvernement à travers une question d’actualité.

Publicité

Le gouvernement était représenté à cet effet par les ministres Joseph Djogbénou de la justice, Candide Azannaï de la défense et Sacca Lafia de l’intérieur. Selon le signataire de la question, il est constaté la résurgence des vindictes populaires et plusieurs images choquantes de ces actes de barbarie, relayées par les médias nationaux et internationaux, en témoignent. Le député Jean-Michel Abimbola a voulu connaitre les dispositions urgentes prises par le gouvernement pour remédier à cette situation et les mesures envisagées pour mettre un terme à la vindicte populaire. Ci-dessous ces questions aux gouvernements. Le ministre de la Justice, Joseph Djogbénou et son collègue de l’Intérieur, Sacca Lafia étaient devant les députés pour apporter des réponses aux questions de l’honorable Abimbola

Questions d’actualité posées par le député Jean-Michel Abimbola

« Je voudrais demander au gouvernement de s’expliquer devant la représentation nationale sur le phénomène de la vindicte populaire qui semble se généraliser dans notre pays. En effet, depuis quelques temps, il est constaté la résurgence de la vindicte populaire. Plusieurs images choquantes de ces actes de barbarie, relayées par les médias nationaux et internationaux, en témoignent. Ce phénomène semble être la résultante de la vague de braquages et d’insécurité dans notre pays. Il est regrettable de constater que, malgré la bonne volonté du gouvernement pour y remédier, les résultats ne sont pas encore probants puisque le problème perdure. La conséquence, c’est la multiplication, voire la banalisation des actes de vindicte populaire relayés par les médias, voire accentué par les réseaux sociaux, qui entachent gravement la crédibilité et l’honorabilité de notre pays.

Conscient du fait que la personne humaine est sacrée, je voudrais rappeler que tout auteur, de quelque infraction que ce soit, a le droit d’être jugé et non livré à l’arbitraire. Nul n’a le droit de se faire justice soit même. Et de tels actes devraient être réprimés. Le Bénin notre pays représente sur l’échiquier international, un modèle de démocratie et des droits humains, doit être impérativement respecté et sauvegardé. Mais le silence assourdissant voire déconcertant du gouvernement sur le sujet jusqu’à hier, apparaissait comme un encouragement tacite aux auteurs de tels actes indignes et d’un autre âge. Pourtant, nous comprenons d’une autre façon la réaction des populations, qui excédées et se sentant abandonnées, ont décidé de s’organiser par elles-mêmes pour mettre un terme à la vague d’insécurité. Si nous pouvons dire que nous comprenons les populations, que nous ne pouvons accepter et admettre que cela perdure. A cet effet, je voudrais inviter le gouvernement à présenter à la représentation nationale :

1-les dispositions urgentes prises pour réduire l’insécurité dans notre pays ?

Publicité

2-les mesures envisagées pour mettre un terme au phénomène de la vindicte populaire en plus de ce qui a été déjà annoncé dans le premier compte rendu du conseil des ministres ?

Joseph Djogbénou: «Toute personne mise à mort dans ces conditions, est présumée innocente »

« …Dire que c’est parce que le gouvernement approuve implicitement, comme cela a transparu dans la question posée, même implicitement les actes de braquage, les actes de violence aussi exercés par ceux qui sont suspectés, mais il faut se résoudre à reconnaitre que toute personne mise à mort dans ces conditions, est présumée innocente. Les personnes qui sont mises à mort sont des innocents et de ce point de vue, nous ne pouvons pas l’admettre. L’Etat a une réponse judiciaire à faire. Même si, nous l’admettons, les moyens sont insuffisants, la réponse est aussi insuffisante, mais il n’y a pas de jour où nous ne recherchons la solution pour assurer la sécurité des biens et des personnes. Mais cela ne nous autorise pas à admettre la mise à mort publique. A partir de ce moment, les instructions les plus fortes ont été données aux différents procureurs, aux différents Officiers de police judiciaire pour agir en toute confiance et dans le respect de notre législation. Je voudrais finir par l’appel à la sensibilisation. Cette question permet aux députés et au gouvernement de s’adresser à nos concitoyens, des personnes qui sont mises à mort sont des enfants, des parents, les personnes qui sont mises à mort dont les images circulent sont certainement des personnes innocentes. N’attendons pas le jour où, nous-mêmes, ou nos enfants ou nos parents seront suspectés d’une quelconque manière avant de réagir. Il y a matière à sensibiliser fortement et cette sensibilisation en partie, revient à chacun de nous, aux députés, aux associations, au gouvernement, aux parents et il faut que nous finissions avec ce spectacle qui, nous aussi, à regarder au lieu de porter secours et assistance. Et ne pas porter secours et assistance c’est violer la loi et susceptible d’être réprimé »

Sacca Lafia : «Nous devons individuellement mieux protéger nos ressources»

« …Il est vrai que depuis un certain temps, l’insécurité a pris des proportions et se manifeste par des braquages sur les axes routiers et les grands centres commerciaux de la ville de Cotonou, Porto-Novo et parfois Parakou. Cette violence, si nous devons la diagnostiquer, on peut dire qu’elle n’est pas d’origine politique, ni religieuse, encore moins des violences tribales. Elle est l’œuvre d’individus mal famés et essentiellement à la recherche du numéraire. C’est des individus qui veulent avoir facilement de l’argent et subtilent à ceux qui en possèdent pour aller en jouir. Cette délinquance se manifeste par des cambriolages, par des braquages des banques, des boutiques, des moyens de transport…quelles sont les causes qui favorisent tour ça ? D’abord c’est qu’il y a eu des crises politico-religieuses dans la sous région qui ont permis la circulation facile des armes légères de fabrication artisanale ou de fabrication très moderne…Si nous voulons mettre un terme à cette insécurité, nous devons individuellement mieux protéger nos ressources. Si au bord des grandes routes, les cambistes accumulent des liasses de billets, ça incite au braquage. Si un commerçant a une boutique et un chiffre d’affaire quotidien de cinq millions voire de dix millions et que devant cette boutique, il n’y a même pas un agent de sécurité, c’est tentant, si un établissement qui brasse de l’argent n’a pas une caméra de surveillance, c’est tentant…Pour lutter contre ça, l’Etat doit pouvoir assurer la sécurité. Donc il y a des réponses qui sont instantanées à efficacité limitée. Dès que c’est devenu insupportable. Pour rétablir la situation, il y a un mois, nous avons déclenché l’opération Mamba qui est une opération de patrouille mixte sur les grands axes…Le 29 juin dernier, le gouvernement a reconduit l’opération pour un trimestre ; mais ces réponses du gouvernement sont éphémères. Dès qu’on va arrêter, ça reprendra. Pour que ça ne reprenne pas, c’est chacun de nous qui doit assurer sa sécurité pour lutter contre l’insécurité parce que le gouvernement ne pourra pas être en mesure de mettre un policier pour chaque citoyen… »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité