Frères et sœurs jumeaux de Tori Bossito

Il est encore dans toutes les mémoires. Le drame de Tori-Bossito a mis à nu notre manque de rigueur, notre sens prononcé de l’improvisation. Nous sommes vaccinés contre la prévention et l’anticipation. Regardons autour de nous.

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Que d’espaces sensibles qui méritent d’êtres protégés. Que d’actes dangereux qui doivent être strictement encadrés. Que de situations grosses de danger, mais aucun souci pour prévenir, pour prémunir. Comme si nous avions confié nos vies aux sapeurs-pompiers, aux forces de sécurité de la onzième heure.

Le chef de l’Etat affirme la volonté de situer les responsabilités. Prenons garde de faire de Torri Bossito l’arbre qui nous cache la forêt de nos négligences coupables. Au cas où on l’ignorerait, l’espace national est semé d’anomalies sans nombre. Ce sont autant de Torri Bossito potentiels. En voici quelques spécimens. Histoire de nous éviter la ritournelle bien connue des « on ne savait pas », « on ne voyait pas venir ».

Des tonnes de médicaments, chaque année, sont périmées et tenues pour impropres à la consommation. Idem pour des tonnes de produits alimentaires. Qu’avons-nous officiellement prévu pour sortir ces médicaments et ces produits du circuit commercial ? Si nous optons pour les détruire, dans quel cadre règlementaire, dans quelles conditions techniques et pratiques conduisons-nous une telle action ? Qui sont ceux qui en sont responsables ? Y-a-t-il un rapport annuel qui en rend compte ? Les déchets médicaux de nos hôpitaux et centres de santé, les diverses drogues saisies doivent faire l’objet des mêmes interrogations.

L’écrivain sénégalais Birago Diop nous en a convaincu : en Afrique, les morts ne sont pas morts, les morts ne sont jamais partis. Est-ce pour cette raison qu’au Bénin nous continuons d’enterrer nos morts dans nos maisons ? Cette tradition ne peut être maintenue qu’au prix d’une règlementation stricte. Sinon, stop ! Il y a de gros risques pour le cadre de vie à continuer d’enterrer dans des conditions non encadrées, dans les zones inondables où la nappe phréatique est à fleur du sol.

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Promenez-vous dans Cotonou. Vous êtes sous la menace d’une ribambelle de constructions à l’abandon. Il s’agit d’ouvrages inachevés en pleine agglomération urbaine qui menacent ruine. Tout autour ou tout en bas, on vaque à ses occupations. Pour les populations, dans l’ignorance totale du danger qu’elles courent. Pour les autorités compétentes, dans une irresponsabilité qui les dédouane de tout. Pour tous, dans une indifférence que seul peut inspirer une inconscience sans nom. Voilà comment nous nous préparons des lendemains funestes. Voilà comment nous nous faisons complices de nos malheurs.

Nous faisons rentrer dans notre pays des tonnes de produits. Nos besoins le commandent. L’activité commerciale le recommande. Tous ces produits devraient être soumis, à au moins trois contrôles. Ceci pour la bonne santé de nos populations. Elles sont à protéger à tout prix et si possible contre elles-mêmes.

Le premier contrôle est à l’entrée. C’est un contrôle de qualité. Ce n’est pas parce que nous sommes pauvres et sous-développés que nous devons nous autoriser d’être ou de devenir la poubelle des autres.

Le deuxième contrôle est au niveau des conditions de stockage de ces produits dans nos entrepôts et magasins. Ces lieux sont à soumettre à des inspections régulières.

Le troisième contrôle est à exercer sur les lieux de vente. Que de produits de consommation exposés au soleil, à la poussière, aux intempéries. Surveillons leur date de péremption.

Enfin, les casernes de l’armée implantées ou situées dans les agglomérations urbaines sont potentiellement dangereuses. Du fait des produits que ces casernes abritent et concentrent, nous incubons, à l’image d’une poule couvant ses œufs, de véritables poudrières. C’est vrai que Dieu aime le Bénin. Mais pas au point d’encourager les Béninois à jouer d’imprudence et de négligence. Dieu est ordre et discipline. Il n’aide pas qui sème le vent à récolter la brise, qui met en terre des semences pourries à faire une belle moisson.

Nous sommes environnés de frères et de sœurs jumeaux de Tori Bossito. S’il est établi que les mêmes causes produisent, dans les mêmes conditions, les mêmes effets, nous n’avons plus le droit de dormir. Le danger est à nos portes. Il est partout. Il est permanent. Réveillons-nous !

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