La chute est inévitable. Vous voilà par terre. Ne regardez pas là où vous êtes tombé, mais là où vous avez trébuché. Une recommandation de sagesse. En tout et pour tout, nous devons prioritairement nous appliquer à chercher et à trouver les causes de nos malheurs. Cela vaut diagnostic.
Tout le reste est dérobade et faux-fuyant. La cause, c’est ce par quoi un événement arrive, une action humaine s’accomplit. Par la cause et grâce à la cause, nous situons mieux les responsabilités.
Notre pays ploie encore sous la charge d’une grande douleur suite à l’absurde et grave accident de Torri Bossito. Une entreprise de la place y était allée faire incinérer, dans une décharge publique, de la farine avariée. Une fois le feu allumé, les agents commis à cette tâche se retirèrent, laissant le champ libre aux populations accourues de toutes parts. Il fallait sauver du feu, croyaient-elles, ce qui pouvait encore l’être. Soudain, une terrible explosion. Des morts. Des blessés graves. Le drame. Le deuil.
Qui est responsable de quoi ? L’incinération a-t-elle été couverte par une autorisation préalable ? Si c’était le cas, qui a signé cette autorisation ? Quelles dispositions a-t-on expressément exigé et quelles garanties a-t-on formellement requis pour que cette opération fût conduite dans des conditions optimales de sécurité ? A moins qu’il soit établi que le site en question ne relève de la compétence d’aucune autorité béninoise. En tout cas, même si les populations avaient été tenues loin du théâtre du drame, rien que la fumée, rien que les émanations de cette incinération n’auraient pas été sans danger pour les êtres et pour les choses.
Les Ecureuils, notre équipe nationale de football, viennent d’être sortis des phases qualificatives de la CAN 2017. Mémorable raclée que celle que les Aigles du Mali nous ont administrée. Le 5 à 2 qui a sanctionné la partie a vu fondre comme beurre au soleil nos ambitions. Qui est responsable de ce naufrage aux allures d’un drame national ?
Les causes de cette débâcle viennent de loin. Des disputes de clocher entre responsables. De nos laxismes joyeux qui nous empêchent de construire, par la réflexion, le travail intelligent et persévérant, l’honnêteté et la probité un football digne de ce nom. Partir des fondations et progresser vers les étages supérieurs. Voilà l’ordre de marche naturel. Une toute autre approche relèverait de la magie. On ne construirait qu’un château de cartes, vaine édification sur du sable mouvant. Nos jeunes qui ont fait le voyage de Bamako, tels des bœufs convoyés vers l’abattoir, ont dû payer cher et cash toutes nos factures en souffrance.
L’Université d’Abomey-Calavi est secouée par une crise dure et qui dure. Des comportements de voyous ont été observés. La répression policière a dépassé les limites du tolérable. Des sanctions d’une gravité extrême ont été prises. Un système d’enseignement, qui est loin de faire l’unanimité, sollicite nos intelligences et notre volonté de réforme.
Qui est donc responsable de quoi ? Toutes les parties prenantes à la crise sont appelées à se pencher sur les maux qui rongent l’institution universitaire. Des maux qui ne sont pas nés avec la crise présente. Des maux anciens, récurrents, permanents. La crise actuelle n’a agi que comme un révélateur. Face à quoi, le silence est coupable, l’indifférence est blâmable. Quand la nature demande des comptes, personne n’a le droit de se cacher derrière ses raisons. Tout le monde a le devoir de se sentir aux ordres de la raison. Aussi sommes-nous expressément invités à nous asseoir pour discuter, à nous donner la main pour construire des compromis dynamiques. Déjà une ouverture. Belle éclaircie dans un ciel chargé. La Fédération nationale des étudiants du Bénin met fin aux hostilités. Elle s’engage à négocier. C’est un acte de grand courage. C’est une belle leçon pour le pays tout entier. La main tendue est à prendre. Le meilleur est à tirer de cette ouverture.
Braquage sanglant par-ci, corruption généralisée par-là, comportements déviants partout. La cité bruit de voix étranges La terreur dicte sa loi. La peur s’installe. Qui est responsable de ce désordre qui met notre société sens dessus dessous ? Répondons par une autre question. Qui a banalisé, chez nous, le sacré ? Nous avons tous, autant que nous sommes, oublié ou jeté aux orties le plus grand des préceptes. « Gbê do su » !
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