Désignation de l’imam de Sèmèrè: la médiation de l’Union islamique

A Sèmèrè, dans la commune Ouakè dans le département de la Donga, la crise de sucession à la tête de la mosquée centrale de l’arrondissement a tourné en un affrontement entre fidèles musulmans et forces de l’ordre causant la mort de six (06) personnes et faisant plusieurs blessés.

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Mais avant cette situation dramatique et déplorable, l’Union islamique du Bénin (UIB) a dépêché une délégation dans la commune pour tenter de rapprocher les deux protagonistes. Voici, ci-dessous publié, le point de la médiation de l’UIB.

PROCES-VERBAL DE LA SEANCE DE CONCERTATION ENTRE LES FRERES MUSULMANS ANTAGONISTES DE SEMERE POUR LA RECHERCHE DE PAIX ET DE COHESION SOCIALES

L’Union Islamique du Benin (UIB) , ayant été saisie, plusieurs fois, par des plaintes de diverses sortes et correspondance écrite, relatant la situation d’antagonisme et de climat d’émeute sociale éventuelle, qui planent entre les frères musulmans de SEMERE, commune de OUAKE, a décidé d’envoyer une délégation sur le terrain, pour s’enquérir de la réalité des faits afin de savoir quelle solution appropriée proposée aux frères antagonistes de la religion musulmane de SEMERE.

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En effet, la délégation de l’Union Islamique du Benin (UIB),composée de l’Imam Moutawakilou BOUKARI MALIK, Chef de délégation et de El-Hadj YEKINI Abou, rapporteur, s’est rendue à OUAKE, dans les locaux de la Mairie de la commune, le mercredi 12 Octobre 2016, après tous les contacts préalables avec toutes les autorités, tant au niveau départemental de la DONGA que de la commune de OUAKE.

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Après de longues heures d’attente des partis concernés, la séance n’a véritablement démarré qu’à 11h 10mn et le présidium, composé du 2ème Adjoint au Maire, du secrétaire Général de la Mairie, de l’Imam Moutawakilou et du rapporteur El-Hadj YEKINI Abou.

A l’entame, une prière d’ouverture a été dite par l’Imam Moutawakilou et complétée par l’Imam central de OUAKE, afin de mettre l’assise sous la protection d’ALLAH et contre tout débordement ou tout dérapage pouvant nous conduire à l’impasse et pouvant nous faciliter une solution heureuse de sortie de crise.

Après cette étape d’invocation d’ALLAH, le président de séance, le 2ème Adjoint au Maire, a rappelé aux uns et aux autres que l’assise de ce jour qui se tient dans les locaux de la Mairie n’est pas l’occasion offerte aux violences verbales ni aux attaques de personnes. Nous nous sommes rassemblés sous la houlette de l’Union Islamique du Benin pour rechercher une solution consensuelle pour le problème de mésentente qui n’a que trop longtemps perdurer afin de penser aux réelles questions de développement de notre commune,  a-t-il précisé.

La religion ne doit pas être une pomme de discorde sociale, de dispersion d’énergie mais plutôt une corde d’Union, d’Amour et de Fraternité pour la construction de notre cité, a-t-il conclu avant de laisser la parole au chef de la délégation de l’UIB.

En prenant la parole, l’Imam Moutawakilou a d’abord salué les représentants des deux groupes antagonistes, les forces de l’ordre et de sécurité publique et les différentes autorités départementales et communales qui ont rendu effective l’assise de ce jour avec l’assurance que représente la présence des forces de sécurité publique. Il a enfin situé correctement le cadre du débat. 
Il s’est d’abord appesanti sur les enseignements coraniques pour rappeler à tout le monde:

1- Ceux qui créent des problèmes au sein d’une communauté ne seront pas les seuls à subir les conséquences en retour mais des innocents aussi en souffriront.

2- Nous devons à tout prix éviter des mensonges destructeurs, l’hypocrisie et cesser de faire de la religion musulmane, un commerce.

3- Eviter à tout instant de mélanger la politique politicienne à la religion musulmane si nous ne voulons pas subir la colère d’ALLAH; car il nous recommande simplement de respecter nos autorités que nous avons choisies nous-mêmes et de suivre les décisions qu’elles prennent pour la bonne marche de la société. On ne peut les désobéir qu’à une seule condition où elles nous demandent de quitter la voie d’ALLAH.

4- Quand vous ne trouvez pas les solutions à vos problèmes en votre propre sein, ni avec vos autorités, alors retournez au coran et aux hadiths du Prophète MOHAMED (SAW).

    Une fois ces balises posées, l’Imam Moutawakilou demande aux représentants des deux groupes antagonistes d’être honnêtes, justes et véridiques dans leurs déclarations afin de situer les responsabilités entre MOUBARACK et HAROUN qui sont les deux prétendants à I’Imam central de SEMERE et qui pourtant proviennent de la même lignée familiale WATAWATA.

Le rapporteur prend ensuite la parole pour aussi rappeler les conditions d’Imâmat et faire comprendre que lorsqu’un Imam est choisi, il l’est à vie sauf motif grave ou fautes abominables de sa part. El- Hadj YEKINI a donc demandé que les passions se calment afin qu’on trouve une bonne porte de sortie de crise en rassurant les uns et les autres que l’Union Islamique du Benin (UIB) n’est pas arrivée à OUAKE pour leur imposer un Imam, mais plutôt rechercher avec eux, une solution consensuelle afin que SEMERE vive en paix. Avant d’ouvrir la liste des intervenants, le président de séance, le 2ème Adjoint au Maire, a fait une mise au point par rapport au temps et a demandé que chaque intervenant dispose au plus de 5 min de parole dans la brièveté  et la concision. C’est à la suite de ses recommandations qu’un fidèle du groupe ‘ de Moubarack , s’est manifesté pour une motion d’éclaircissement ; il a voulu simplement savoir la raison de la présence massive des forces de l’ordre et de sécurité à  la présente séance d’échanges.

Cette présence, selon le président,  répond au souci  de maintien de l’ordre afin que tout débordement  pouvant amener aux interactions soit évité.

Ainsi, après audition et épuisement de la première liste d’intervenants, le présidium a souhaité que chaque camp aille se concerter pour apporter une proposition concrète de sortie de crise. À ce sujet, il y a eu une interruption des travaux sur 10 minutes environs puis la reprisse à 13h 30min. Au résultat, chaque groupe est resté campé sur sa position de départ à savoir:

– Le camp de Moubarack soutient mordicus que c’est par vote avec le principe d’alignement de ceux qui veulent Moubarack derrière lui ou un texte pour départager les deux candidats en lice, selon le camp de HAROUN.

Face à cette ambigüité, le présidium a demandé à nouveau que les deux camps aillent encore se concerter pour nous ramener un mode opératoire plus simple , qui satisfasse tout le monde.

A leur second retour en salle, ils se sont entendus sur les points suivants:

1- Il y a quatre familles à SEMERE qui proposent tour à tour l’Imam central de la grande mosquée.

2- La famille LIMAM WATAWATA de Baparape, la famille LIMAM KADJIRITI de Ouramare, la famille LIMAM ISSAKOU de Gao et la famille LIMAM SENI de Baparape.

C’est le tour de la famille LIMAM WATAWATA de proposer un candidat, mais elle propose deux; on procèdera alors à un test pour les départager ou alors la famille LIMAM WATAWATA propose un autre candidat neutre en dehors des deux premiers pour être turbanisé.

3- En cas d’échec aux deux premières conditions, on demandera à la famille LIMAM ISSAKOU de Gao qui est au prochain tour après la famille LIMAM WATAWATA de proposer son candidat à la turbanisation.

C’est donc sur ces trois propositions que le président de séance leur a donné 5 jours pour aller réfléchir et revenir rendre compte’ à la Mairie le lundi 17 Octobre 2016 à 18h au plus tard. La séance est donc levée à 15h 10min et tous les participants se sont mis d’accord pour aller visiter l’état de la mosquée centrale fermée par les autorités depuis 3ans 6 mois selon leur dire et les autres mosquées où se déroulent les prières de vendredi.

Au sortir de la salle de réunion, un groupe d’hommes déambulait dans la cour de la Mairie de Ouaké professant des menaces de tout genre avec des téléphones portables qui leur transmettent des instructions de toutes parts et qu’ils doivent respecter.

Face à ce grand bruit, la délégation s’est mise en route pour SEMERE. Avant notre arrivée là-bas, toute la population presque était déjà sortie, debout comme un seul homme pour nous affronter. Mais la police et la gendarmerie ont assuré notre sécurité et après cette brève visite de toutes les mosquées, nous avons reboursé chemin pour Ouaké où nous nous sommes séparés d’avec les forces de l’ordre vers 17h 30.

La délégation de l’UIB est retournée à DJOUGOU pour ensuite reprendre le chemin de retour vers Cotonou, le jeudi 13 Octobre 2016 dans la matinée.

 

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