Exploitations de biens culturels : la France présentée en parasite du Bénin et autres anciennes colonies

Dans la foulée du débat suscité par la demande de rapatriement des trésors culturels du Bénin détenus par la France, il apparaît que l’ancienne puissance coloniale exploite aussi les biens culturels de ses anciennes colonies dont le Bénin.

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Invité à Artisttik Africa samedi dernier, pour la deuxième partie de l’acte 2 de la Rencontre mensuelle de la culture portant sur la demande formulée par le Bénin, Happy Goudou, gestionnaire de patrimoine béninois a fait des déclarations qui font croire que Paris est un parasite en exploitation de biens de ses anciennes colonies.

Paris capitale des arts et de la culture. L’idée fait beaucoup de recette à l’économie française qui tire une bonne partie de sa substance de la culture. Mais cela ne semble pas être le fruit d’un heureux hasard. Au moment où le Bénin réclame ses biens culturels à lui pris pendant la période coloniale, on se rend compte que l’ancienne puissance coloniale se fait beaucoup d’argent à partir des trésors de ses anciennes colonies. « On doit comprendre qu’en réalité la richesse culturelle qui nourrit le tourisme français est surtout alimentée par la culture africaine. Eux, ils ont des monuments et autres, mais en matière d’autres  civilisations qu’ils vendent à travers les musées, les galeries, on sent que la culture africaine est à 90% présente à travers des objets » apprend Happy Goudou, gestionnaire de patrimoine béninois invité  au dernier numéro de La Rencontre mensuelle de la culture au centre Artisttik Africa à Cotonou.

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A sa déclaration s’ajoute celle du journaliste Serge Michel faisant savoir que  « 90% des pièces majeures d’art africain classiques sont hors d’Afrique » sans préciser qu’ils sont en France comme Happy Goudou. Alors que certains comme le professeur Victor Tokpanou estime que le retour des biens culturels coûteraient les yeux de la tête au Bénin en terme de dédommagement à verser à la France pour avoir entretenu pendant des siècles ces objets, le gestionnaire de patrimoine béninois relève une nuance qui remet cela en cause. « Si ces biens étaient conservés sans exploitation, on comprendrait. Mais ces biens sont conservés dans une logique de consommation et de vente qui fait apporter de ressource à l’économie française ». Il apparaît que si la culture est un poids lourd de l’économie française comme l’a relevée l’étude « Panorama de l’économie de la culture et de la création en France » réalisée par le cabinet EY et France créative, le patrimoine culturel africain en France en  a pour quelque chose.

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Le Bénin hautement pillé

En ce qui concerne le Bénin, Happy Goudou estime que cette « ancienne colonie a plus de biens en France que d’autres pays ». A ce sujet fait-il savoir, «  Les biens que les gens exposent, n’atteignent pas 13% des biens du Bénin détenus par la France. Il y en a dans les réserves qu’on n’a pas touché ». Seulement, il ne sera pas facile au gouvernement béninois d’obtenir tout ce qui lui revient comme trésors culturels en France.

« Malheureusement la question de l’inventaire se pose. Le Bénin n’a pas une liste exhaustive de ses biens. Les biens sont partis à un moment où on ne connaissait pas cette histoire d’inventaire où, les rois, les aïeux  avaient leur manière d’identification des objets dont ils connaissent par cœur les significations » explique le gestionnaire de patrimoine béninois.

Mais, toujours est-il qu’il y a une possibilité de reconnaissance de l’origine béninoise de ces biens. « Mais nous nous reconnaissons à travers ces biens. Ce qui nous lie à ces biens et qui nous donne le droit de propriété aujourd’hui, c’est d’abord leurs attributs immatériels » a-t-il dit.  Ceci ne pourra avoir lieu dans les conditions des conventions internationales dont la Convention  Unidroit que le Bénin doit d’abord ratifier.

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