2016 : Le Bénin, du pire au salutaire au plan social

De l’échec massif lors des examens de fin d’année à l’alternance démocratique et sans anicroche à la tête de deux grandes confédérations syndicales, le Bénin sur le plan social aura tout connu au cours des douze mois de l’année 2016 qui s’achève.

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Quelques heures encore et l’année 2016 rentrera dans l’histoire. Pendant les trois cent soixante cinq jours (365) de cette année qui s’achève, la vie sociale au Bénin a été marquée par différents événements, les uns malheureux et d’autres salutaires.

Résultats scolaires cauchemardesques

L’éducation étant le socle de tout développement, l’un des faits marquants de l’année 2016 au Bénin sur le plan social est, à n’en point douter, les résultats catastrophiques enregistrés lors des différents examens de fin d’année. Les mauvaises nouvelles dans le secteur de l’éducation ont débuté avec la proclamation des résultats du Certificat d’études primaires (Cep) le 5 juillet 2016. Selon la proclamation faite par le directeur des examens et concours du ministère des enseignements maternel et primaire, Bio Soumanou Chabi Gado, plus de six (06) sur dix (10) apprenants candidats à l’obtention de ce premier diplôme scolaire n’ont pu remplir les conditions pour être déclarés admissibles. Plus de six cents (600) établissements publics d’enseignement primaire ont vu tous leurs apprenants recalés. Ce taux considérablement en baisse par rapport à celui de l’année 2015 (89,1%), on se rappelle, avait suscité l’étonnement au sein de l’opinion publique. Nombreux étaient ces parents d’élèves qui n’ont pu s’expliquer cette baisse drastique du taux de réussite en l’espace d’une année, et ce, d’autant que l’année scolaire n’a pas été perturbée par des mouvements de grève. Pendant que ces derniers cherchaient à comprendre les résultats du Cep qui, à en croire le Dec, reflète le niveau réel de nos apprenants, sont intervenus les résultats du Brevet d’études du premier cycle (Bepc), une vraie hécatombe.  Sur dix (10) candidats officiellement inscrits, au moins huit (08) ont été recalés. Le taux de réussite au plan national était seulement de 16% avec beaucoup de disparités au niveau des départements. Ces résultats catastrophiques avaient même donné lieu à des polémiques au sujet des coefficients appliqués au niveau des langues vivantes 1 et 2 pour les candidats de la série ‘’Moderne long’’.

Le seul réconfort au niveau des résultats scolaires est venu de la proclamation du baccalauréat où un taux d’admissibilité de 30,14% a été obtenu

De la farine de blé avariée et des morts à Tori

Ce réconfort apporté à la population par le résultat du baccalauréat sera de courte durée. Car seulement trois semaines après la proclamation des résultats du Bac, un drame est survenu à Avamè dans la commune de Tori. Des personnes allées à la recherche de farine de blé avariée sur le site d’incinération des produits avariés de l’Africaine des manutentions et assainissement (Ama-Sarl) ont été brulées par de la farine chaude et des flammes  s’élevant du contact de la braise et de sacs de farine aspergés d’un mélange d’essence et de pétrole. Au total, une centaine de victimes avait été dénombrée parmi lesquelles une vingtaine de morts.

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Ce drame national a suscité l’émoi dans la commune et tout le pays

18 kg de cocaïne au port et des emplois entre parenthèses

L’autre fait qui ne peut être passé sous silence au moment du bilan de l’année 2016 est la découverte au Port de Cotonou dans un conteneur destiné à la société Cajaf-Comon de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon de dix-huit (18) kilogrammes de « cocaïne pure ». Cette affaire judiciaire qui a vite pris l’allure d’un dossier politique et pour laquelle le président du patronat béninois a été gardé à vue huit (08) jours durant avant d’être libéré par le tribunal au bénéfice du doute n’a pas manqué de vicier le climat socio politique. En plus de la tension palpable dans le pays au moment de cette affaire, plusieurs personnes ont perdu leurs emplois suite à ce dossier. La Société de courtage de transit et de consignation (Socotrac) du richissime homme d’affaires béninois, s’est vue retirer par la Douane son agrément provisoire de commissionnaire en douane, juste au lendemain de cette  ténébreuse affaire. Mais avant cela, c’est le terminal à conteneurs de ladite société qui avait été suspendu. Les employés de la société sont, en attendant, donc à la rue. Ce qui n’a manqué de faire  sortir les centrales et confédérations syndicales de leurs gonds pour dénoncer ce qu’elles ont qualifié de « précarité de l’emploi ». « Le Président Talon depuis son arrivée n’a pas créé des emplois pour en supprimer », s’étaient -elles écriées lors d’un meeting à la Bourse du travail. Dans la foulée, les portes de certaines radios et télévisions de la place ont été mises sous scellé suite à une décision conservatoire prise par le président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac).  Cette décision fait également planer l’épée de Damoclès sur l’emploi des employés des radios et télévisions concernées

Lokossou et Todjinou quittent la scène syndicale

A côté des évènements cauchemardesques et dramatiques, deux évènements heureux qui confortent la vitalité de la démocratie syndicale : l’alternance démocratique sans anicroche à la tête de deux grandes confédérations syndicales. Le 19 décembre dernier, à l’ouverture du 6ème congrès ordinaire de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin),  Dieudonné Lokossou, après deux mandats de cinq ans, a décidé de se retirer et de prendre sa retraite syndicale. Quelques jours plus tard, précisément, le 22 décembre, c’est  au tour du Secrétaire général de  la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb), Pascal Todjinou de lui emboiter le pas. Dans son allocution à l’ouverture du 3ème congrès ordinaire de la Cgtb, le Sg après vingt trois ans de rêne, s’est résolu à passer la main à quelqu’un d’autre pour la poursuite de la lutte syndicale. Ces départs de secrétaires généraux Lokossou et Todjinou  de la tête de leur confédération respective ont été salués par tous.

La ministre du travail, de la fonction publique et des affaires, Adidjatou Mathys, on s’en souvient, avait salué ces actes qui grandissent la démocratie béninoise et qui témoignent de la vitalité de la vie syndicale au Bénin

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