Encore une affaire de délivrance frauduleuse de diplôme qui va faire grand-bruit dans le milieu universitaire. A l’Ecole normale supérieure(Ens) de Porto Novo, la délivrance du Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement secondaire (Capes) à la 15è promotion a été entachée de tricherie. Certains étudiants ont réussi à se faire délivrer le parchemin alors qu’ils ne le méritent pas.
C’est un gros pavé dans la mare du ministre de l’enseignement secondaire. Alors qu’elle s’échine depuis sa nomination à ramener l’éthique, la rigueur et la transparence dans l’enseignement supérieur, voilà sa « maison » éclaboussée par une affaire fétide de diplômes frauduleusement délivrés. A l’Ecole normale supérieure de Porto Novo, une entité de l’université chargée de former, entre autres, des étudiants pour les diplômes de l’enseignement comme le Capes, plusieurs étudiants ont réussi à se faire délivrer ce diplôme alors qu’ils ne le méritent pas.
Le pot aux roses a été découvert avec la publication des listes des candidats pour le prochain concours organisé par le gouvernement pour pourvoir au recrutement d’enseignants. Sur les listes affichées, des étudiants ont été estomaqués de voir certains candidats retenus pour concourir au titre du Capes alors qu’ils n’ont pas fini totalement leur formation pour se faire délivrer ce diplôme.
En effet, ces étudiants n’ont pas, selon des sources concordantes, éliminé les Unités de valeur(Uv) ou les Unités d’enseignement (Ue) nécessaires pour obtenir le diplôme. Ces étudiants fraudeurs devraient attendre la session de rattrapage pour reprendre les Uv dans lesquelles ils n’ont pas eu la moyenne requise. Mais cette session n’a jamais eu lieu. En tout cas, pas jusqu’hier mais curieusement les attestations leur ont été délivrées.
Selon nos enquêtes, une maldonne perdure depuis des mois dans cette école au sujet de la délivrance des attestations. La collégialité qui devrait exister entre le Directeur de l’école M. Germain Gonzalo et son adjoint Ibrahim Yèkini a disparu. Selon la procédure établie, c’est normalement ce dernier qui devrait certifier la liste des personnes habilitées à recevoir le diplôme une fois que le Chef service scolarité émet les notes. C’est après ces deux étapes que le Directeur signe les attestations de réussite aux étudiants.
Mais subtilement, précisent les mêmes sources, le Directeur adjoint a été écarté de la chaîne de délivrance des diplômes. C’est seulement le Directeur M. Gonzalo qui a donc, vraisemblablement et de façon unilatérale, délivré ces parchemins querellés. Malheureusement, nous n’avons pas pu avoir sa version des choses. Nos multiples appels et nos sms sont restés sans réponse.
Seul le Directeur adjoint a accepté de se prononcer sur le sujet. Joint depuis Parakou, il a confirmé la délivrance frauduleuse de Capes à certains étudiants. « C’est vrai ce que vous dites. Personne ne peut prendre le risque de nier cette information qui est d’ailleurs sur les réseaux sociaux. J’ai eu également le directeur au téléphone tout à l’heure qui me l’a confirmée. Ils sont quatre », a-t-il laissé entendre.
Quant à savoir si sa responsabilité est engagée dans cette affaire, il s’en est lavé les mains : « je suis blanc comme neige dans cette affaire. Je ne suis pas impliqué dans la délivrance des diplômes. Il y a longtemps que je suis écarté. Mes nombreux rappels à l’ordre au Codir(comité de direction) n’ont pu changer grand chose. Si je vous parle c’est juste parce que c’est mon école, sinon je ne suis pas dedans. Je ne peux vous dire à quel niveau ça n’a pas marché mais c’est inquiétant ». Les étudiants en cause sont quatre. Le samedi, ils pourront passer les concours organisés par l’Etat pour recruter des enseignants si rien n’est fait. Comme eux, peut être, plusieurs autres étudiants ont eu le même diplôme de la même manière. Qui sait. Ce concours a sûrement révélé une filière. Vivement que cette affaire soit tirée au clair