Emission des passeports au Bénin : Le gouvernement aux trousses de Geb Afrique

(L’imprimerie de France dans un mauvais rôle) Après l’affaire Sécuriport à l’aéroport de Cotonou, le gouvernement cuisine une opération « commando » similaire. Cette fois –ci c’est sur la Direction de l’Emigration et de l’Immigration (Dei) qu’il a jeté son dévolu.

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Le mode opératoire est presque le même. On manigance pour finir par confier le marché de production des passeports ordinaires à l’imprimerie nationale de France en l’arrachant à Geb Afrique Sarl avec lequel l’Etat a contracté en Bot. (Build ,operate and transfer)

La Direction de l’Emigration et de l’Immigration(Déi) a connu hier mercredi 21 décembre une ambiance de travail peu habituelle. Après une réunion de travail qui a connu la présence de plusieurs responsables de la Dei, du Ministère de l’intérieur et de la société Geb Afrique, réunion au cours de laquelle des menaces verbales auraient été proférées à l’endroit des responsables de la société Geb Afrique, deux français officiant pour l’imprimerie nationale de France se sont introduits dans plusieurs bureaux où sont installés des matériels informatiques et ont instamment demandé à prendre le contrôle des données sensibles. Ils auraient, selon des sources policières, demandé à avoir des mots de passe, avoir accès à des données et même au serveur. L’avocat de Geb Afrique Me Michel Ahoumènou, informé de la situation et dépêché sur les lieux, a expliqué à certaines autorités que cette façon de faire était illégale puisque cela viole les clauses du contrat qui lie l’Etat à cette société. Il a commis un huissier pour faire le constat de la situation.  

De quoi s’agit-il ?

Geb Afrique, une société de droit béninois a signé en 2001 un contrat en Bot avec le gouvernement pour la fourniture et l’impression des passeports ordinaires et des visas. Le 07 février 2014, l’avenant de ce contrat précise en son article 10, alinéa3 que « le concessionnaire s’engage à laisser tout le matériel en place et en l’état après avoir atteint une quantité de 7.00.000 passeports et 1.500.000 visas ».

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Mais actuellement, Geb Afrique n’a pas encore produit 200.000 passeports et le nombre de visas émis est en dessous des 155.000, pourtant le gouvernement de la rupture multiplie les stratagèmes pour arracher à Geb Afrique ce contrat et le confier à l’imprimerie nationale de France officiellement chargée de l’impression des passeports diplomatiques et de service. On ne comprend  pas alors l’acharnement du gouvernement à voir l’imprimerie de France gérer ce marché. Les manigances pour arracher ledit marché à Geb Afrique ne datent pas d’hier seulement. Le 1er juin 2016, lors de son conseil des ministres, le gouvernement avait pris des décisions concernant le dossier des passeports au Bénin. Habillement, on sentait une volonté du gouvernement de changer de concessionnaire. Entre autres, il avait été décidé, suite à la communication N°111/16, de la création d’un Service national de gestion du CSCA directement rattaché à la présidence de la république et ensuite demandé au Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, de « transférer la Public Key Infrastructure(PKI) et le Country Signing Certificate Authority(CSCA) ou clé racine ainsi que toutes les spécifications techniques d’utilisation par la Direction de l’Emigration-Immigration, dans le cadre de l’émission des passeports biométriques ordinaires, au Service de gestion desdits CSCA et PKI, rattaché à la Présidence de la République». Depuis, les manœuvres n’ont pas cessé. L’immixtion des deux français Nicolas Hussherr et Lionel Chircop dans l’environnement professionnel de Geb Afrique donne la preuve de la volonté du gouvernement de piétiner ce contrat. Cette affaire qui risque d’engendrer un gros feuilleton juridique pour le gouvernement montre avec le dossier Morpho Dys, c’est la même volonté du gouvernement de mettre la main sur tous les grands marchés, le même mode opératoire « commando » fait au mépris des contrats signés avec des opérateurs économiques.  

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