Bénin : les quatre vérités de Rachidi Gbadamassi à François Abiola

Consécutivement à la sortie médiatique dimanche 18 décembre dernier de l’ancien Vice-premier ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, François Abiola, sur l’émission « Zone Franche » de Canal 3 Bénin, le député Rachidi Gbadamassi a réagi.

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Dans une lettre ouverte adressée à l’ancien numéro 3 du régime du Président Boni Yayi, l’élu de la 8ème circonscription électorale est revenu sur certains points évoqués lors de l’émission et a donné sa lecture de ces évenements. Il s’est notamment prononcé sur la désignation du candidat unique de l’alliance Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) lors de la dernière élection présidentielle, l’attitude du Vice-premier ministre suite à cette désignation et son maintien au gouvernement.

Lire ci-dessous l’intégralité de la lettre ouverte.

 J’ai suivi religieusement votre passage sur « Zone franche ». Je vous félicite pour la qualité de vos arguments qui renseignent suffisamment sur votre expérience en politique. Recevez toutes mes admirations que je vous ai d’ailleurs très souvent signifiées lorsque vous étiez encore aux affaires. Cependant, j’ai quelques observations à faire quant à certaines de vos interventions surtout en ce qui concerne le choix du candidat Lionel Zinsou et votre position face à cette épreuve.

Je pense, à mon humble avis, que vous avez commis une erreur politique monumentale et historique en ne démissionnant pas à partir du moment où le Président Boni Yayi est allé chercher le candidat Lionel Zinsou et l’a imposé au mépris des recommandations faites en interne. J’en sais beaucoup de choses pour avoir participé aux travaux du comité qui s’est penché sur la question au sein des Fcbe. Ces travaux étaient déjà bouclés et des propositions faites de façon consensuelle lorsque Yayi a imposé Lionel Zinsou. C’était une insulte à l’intelligentsia des  valeureux cadres Fcbe dont vous. Je pense, et permettez moi de vous le dire fraternellement, que c’est le péché que vous avez commis. Évidemment vous n’étiez pas seul, avec vous je cite les noms de Komi Koutché ou encore de Kassa Barthélémy. Votre réaction attendue et qui n’est pas venue en temps opportun, c’était de démissionner purement et simplement pour marquer de façon nette votre désapprobation affichée à ce choix unilatéral et « anti démocratique »

Ensuite, vous aviez la possibilité de démontrer politiquement et ouvertement que Lionel Zinsou ne connaissait pas le Bénin, il était loin d’être la personne idéale. Car, pour aller à une guerre et la gagner, il faut maitriser les stratégies de guerre et avoir surtout l’information, ce que Lionel Zinsou n’avait pas. Il ne disposait pas des moyens nécessaires pour défendre le bilan du double quinquennat de Boni Yayi pour n’avoir pas été artisan de ce bilan.

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Vos arguments par rapport à votre maintien au gouvernement malgré tous ces événements ne m’ont pas convaincus non plus. Vous avez certainement votre propre conviction et vos raisons, certes, mais je vous attendais sur le terrain d’actes forts qui détermineraient et clarifieraient véritablement votre position relativement à la décision prise par votre leader. Il fallait aller jusqu’à présenter par exemple votre candidature, ça aurait changé les donnes. Et c’est justement parce que ce genre de réaction n’est pas arrivé que les Présidents Talon et Ajavon ont pris leurs responsabilités avec les résultats que vous connaissez. La conséquence elle est là, c’est la classe politique qui a échoué lamentablement et nous devons avoir le courage de la reconnaître et de nous mirer dans un miroir pour nous dire certaines vérités. La nature a horreur du vide et chaque fois que nous  n’appréhenderons pas cette réalité, nous allons toujours passer à côté de la plaque.

 Mon diagnostic

 L’élection présidentielle que nous venons de traverser il y a environs huit (8) mois a révélé de façon très évidente les forces et faiblesses de notre classe politique. Et dans la balance, les faiblesses semblent peser lourd. Les nombreuses incompréhensions et fissures au sein des groupes politiques ont réussi à fragiliser ceux-ci de sorte qu’ils sont presque incapables de jouer le rôle qui est le leur, celui de l’animation de la vie politique. Et du coup, les opérateurs économiques ont pris leurs responsabilités en occupant sérieusement le terrain politique. La démission est tellement flagrante qu’en présence de vieux regroupements politiques inactifs et amorphes, on assiste à une agitation de novices qui pensent refaire la politique. Des exemples de gens qui n’ont jamais été élus Chef quartier sont devenus subitement des responsables de creusets politiques et avec une certaine témérité sans expérience veulent jouer le rôle de connaisseurs de la chose politique. C’est la faute aux aînés politiques. Et si rien n’est fait, ça ira de mal en pire.

C’est en cela M. le ministre que j’ai accusé votre passivité suite à la désignation, que dis-je l’imposition de Lionel Zinsou. L’histoire de notre pays nous renseigne de fort belle manière que les grands hommes de ce pays se sont battus pour sauvegarder l’intérêt général. Kérékou a repoussé les mercenaires, le Roi Béhanzin a combattu les colons et les autres héros se sont sacrifiés pour des générations et des générations dont la nôtre aussi. C’est ce qui nous manque le plus aujourd’hui, l’action…

M. le ministre tout ceci est arrivé aussi parce que très tôt vous avez ignoré ou plutôt vous n’avez pas voulu mesurer certains agissements de celui qui était le leader de la famille Fcbe. En tant que stratège et visionnaire politique, j’ai vu le danger venir et j’ai très vite pris mes marques. Voici ce qui s’est passé. Tout a été mis en œuvre pour neutraliser ceux parmi  vous qui commençaient à prendre l’ascension et qui nourrissaient l’ambition légitime de briguer la magistrature suprême. Dans le Septentrion, il fallait fragiliser le ministre Kassa qui devenait beaucoup trop visible et convaincant et drainait de plus en plus du monde. L’affaire Ppea 2 est créée de toute pièce. Les infractions inventées, les procédures de traitement des personnalités telles que prévues par la Constitution du 11 décembre 90 sont biaisées avec le seul but de salir l’image de ce dernier. Ils ont ensuite fait croire qu’il avait démissionné du gouvernement. C’était à dessein. Et c’est depuis ce moment que moi j’ai commencé par prendre mes précautions. En ce qui concerne le cas Koutché, son sort a été vite scellé avec cette polémique autour de son âge. Les fameux 40 ans ont écarté le jeune ministre ambitieux de remplacer son patron qui n’en voulait pas et qui n’avait d’yeux que pour son protégé Lionel  Zinsou. De l’autre côté, le loyal François Abiola, donc vous M. le ministre, d’ailleurs désigné par le groupe de travail pour être le porte-flambeau, est taxé d’incapable. Incapable de faire face à la machine Prd  de Me. Adrien Houngbédji, des arguments tout conçus pour réduire vos chances de vous présenter. L’objectif était de déblayer le terrain pour le chouchou Lionel Zinsou et de l’imposer. Ce qui est fait finalement et sans grand bruit. Toutes les tentatives pour attirer l’attention des uns et des autres sur le danger qui guettait la candidature Fcbe n’ont servi à rien. D’où mon choix de soutenir le président Ajavon. C’était une décision très lucide que j’ai prise en pleine possession de mes capacités mentales et psychiques et après une analyse minutieuse de l’actualité sociopolitique. Cela m’a coûté cher, très cher, j’en conviens et je l’ai fait à mes risques et périls. Je remercie toutes les forces de sécurité qui ont de façon républicaine joué leur partition durant cette période assez sensible afin que mes activités et ma personne aussi s’en sortent sans anicroches.

J’ai regretté M. le ministre que vous n’ayez pas voulu partager ces réalités avec le peuple, c’était une occasion que vous avez ratée.

 Je recommande

 J’invite la classe politique à une réflexion, une sérieuse réflexion quant à ce que devient le monde politique au Bénin. Il faut qu’on en arrive et ce, dans les meilleurs délais à renforcer et valoriser le rôle des partis politiques. Cela passe forcément par la réduction du nombre pléthorique des partis politiques. Quatre (04) à cinq (05) partis politiques au plus pour animer la vie politique ferait assez de bien à notre pays. De grands regroupements politiques capables de défendre des idéologies assez pertinentes. Car, je crois en l’avenir, je crois au génie béninois. Ma disponibilité ne se marchandera pas pour redorer le blason de classe politique. C’est mon combat…c’est ma vie

Voilà ce que je pense, une fois de plus toutes mes félicitations. Considérez ces quelques remarques comme celles d’un jeune frère et observateur attentif de l’environnement politique ».

He. Rachidi Gbadamassi

Président du Parti Durr- Barka

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