Jean-Baptiste Elias: « La deuxième mandature de l’Alnc est placée sous le signe de l’efficacité et de l’action »

Après sa prestation de serment devant la Cour suprême, suite à son élection par ses pairs à la tête de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc) à Porto-Novo, Jean-Baptiste Elias, président de ladite institution, nous a accordé une interview hier lundi 06 mars 2017 dans les locaux du Fonac à Cotonou.

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Occasion  qu’il  a saisie pour annoncer les actions qui seront entreprises par les membres de la 2ème mandature de l’Alnc dans le but de faire sensiblement reculer la corruption au Bénin.

Lnt : Vous avez été plébiscité  le vendredi dernier par vos pairs au poste de président de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc). Avez-vous été le seul candidat ? Et comment les élections se sont-elles déroulées ?

Jean-Baptiste Elias : Conformément aux dispositions de la loi 2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin, il est prévu un organe national de lutte contre la corruption qu’on appelle « Autorité nationale de lutte contre la Corruption » (Anlc). La loi a prévu qu’il faudrait des membres venant de différentes structures, élus par leurs pairs ou nommé par l’exécutif. Au total, nous devons avoir 13 membres. Un (01) provient de la société civile, en la personne d’Elias Jean-Baptiste qui a été élu par ses pairs en Avril 2016. La liste de tous ceux qui sont nommés ou élus par leurs structures, est envoyée au gouvernement qui a pris le décret 2017-048 du 27 janvier 2017, portant nomination des membres de l’Alnc.

Après cette étape, il a fallu conformément la loi 2011-20 du 12 octobre 2011, faire la prestation de serment devant la Cour suprême. Et c’est  ce qui a été fait devant le 03 mars 2017. Ce n’est qu’après cela que conformément au règlement de l’Alnc, les membres de cette autorité vont se réunir sous la direction du bureau d’âge composé  du plus âgé qui sera le président, et des deux plus jeunes qui assurent le rôle de premier et de deuxième secrétaire. C’est ce qui s’est passé dans les locaux de la Cour suprême à Porto-Novo le vendredi 03 mars 2017.

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C’est à l’issue de cette assemblée générale de tous les membres, que les collègues ont fait confiance à la modeste personne d’Elias Jean-Baptiste pour l’élire au poste de président de l’institution. La liste des candidatures est ouverte, et au poste de président, j’ai été le seul à être candidat. Plus aucun autre membre n’a présenté sa candidature et n’a proposé aucun autre candidat. J’étais donc le seul candidat  sur la liste. Les collègues ont élu le président que je suis à 100 pourcent des voix.

Quelles sont les actions concrètes que vous comptez mener à la tête de cette institution pour lutter efficacement contre la corruption ?

La lutte contre la corruption est un travail d’équipe. Ce n’est pas l’affaire d’une seule personne. Tous les membres de l’Alnc deuxième mandature ont pris l’engagement de travailler ensemble pour que nous puissions réussir notre partition dans le domaine de la lutte contre la corruption. Nous allons nous occuper de la prévention, de la formation, de l’information et de l’éducation de la population. Depuis quelques années, l’Organisation internationale Transparency essaie de faire chaque année le rapport de l’indice de perception de la corruption à travers  le monde.

Pour 2016, le rapport a été présenté le 25 janvier 2017, le Bénin est classé 95ème sur les 176 Etats. On me dira que ça fait à peu près la moitié derrière nous. Si on a pu classer des Etats au 1er rang, 2ème rang et 3ème rang, le Bénin peut aussi occuper ces premiers rangs. Nous devons faire en sorte que le respect des textes, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, le respect du bien public puissent constituer les éléments phares de notre politique, pour que nous puissions obtenir des rangs meilleurs à ce que nous avons pour le moment.

Nous allons appeler toute la population pour que chacun puisse jouer sa partition. Et une fois que la chaîne sera rompue nous pourrons faire reculer sensiblement la corruption au Bénin.

Quels sont les défis à relever ?

Les défis à relever sont nombreux. Regardez un peu comment les choses se passent dans les marchés publics. C’est un gros nid de corruption. Il va falloir faire quelque chose pour que les procédures et les textes soient respectés, que le meilleur gagne. Et que l’on cesse de rançonner sur les voies et dans les marchés publics. Nous devons chacun en ce qui le concerne relever ce défi et faire en sorte que la bonne gouvernance soit notre priorité.

Avez-vous les moyens de faire mieux que votre prédécesseur ?

Nous sommes dans un Etat dynamique et dans une structure où tout évolue et tout doit évoluer positivement. Les responsables de l’Anlc première mandature ont fait ce qu’ils ont pu faire. Nous, la deuxième mandature allons tisser notre corde au bout de l’ancienne, pour aller de l’avant. Nous allons bâtir sur ce qui a déjà été fait et continuer l’œuvre entamée. Nous allons capitaliser ce qui a été fait et qui est bien. Et nous allons faire en sorte qu’après, nous les responsables qui viendront dans la 3ème mandature puissent également faire autant pour faire grandir le pays afin que nous puissions aller de l’avant.

Pourquoi sur les 13 membres prévus, il n’y a eu que 9 membres qui ont été officiellement installés ?

D’abord, le décret 2017-048 du 27 janvier 2017 a pris 10 personnalités. Et ce sont ces 10 personnalités qui devraient normalement prêter serment le 03 mars 2017 à la Cour suprême. Il s’est fait que la représentante du corps des magistrats est absente du territoire national. Et donc, elle n’a pas pu se présenter pour prêter serment. C’est ce qui explique l’effectif des 9 personnes qui ont finalement prêté serment.

Pour revenir à votre question, il vous suffit de faire référence à la loi 2011-20 du 12 octobre 2011, portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes au République du Bénin. Il est prévu dans cette loi qu’avant de nommer les intéressés, il faudrait faire une enquête de moralité. Cette enquête de moralité doit être nécessairement favorable à chaque individu avant qu’il ne soit nommé. Selon les informations que nous avons sur les membres qui avaient été pressentis à la 2ème mandature de l’Anlc, il y aurait une personnalité à qui l’enquête de moralité ne serait pas favorable. Deuxième élément, cette loi a prévu un poste pour l’Inspection général d’Etat (Ige). Or l’Ige a été supprimée. Le président de la République et son gouvernement décideront en son temps par qui sera remplacée cette personnalité.

Enfin, le dernier élément qui devrait pouvoir être sur la liste et qui n’y a pas été. C’est le représentant de la douane. En la matière, la loi est claire. Le représentant de la douane, des marchés publics, des impôts, de la police et de la gendarmerie, est nommé par l’exécutif. Le Chef de l’exécutif étant le président de la République, il appartient à lui et à lui seul de dire pourquoi il n’a pas nommé le représentant de la douane. J’espère que ça ne saurait tarder. Donc un décret additif sera pris pour que ceux qui manquent à l’appel aujourd’hui puissent rejoindre les rangs une fois que tout sera mis en ordre pour continuer la lutte avec nous dans le sillage normal de ce que la loi a prévu.

Sous quel signe placez-vous la 2ème mandature de l’Alnc ?

La deuxième mandature de l’Alnc est placée sous le signe de l’efficacité et de l’action. Les membres qui ont prêté serment le 03 mars 2017 ont pris l’engagement d’être proactif, d’aller un peu plus loin que ce qui s’est passé au niveau de la première mandature. Il est à espérer que nous puissions aller de l’avant pour mériter la confiance que le peuple béninois a placée en nous.

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