Loi sur les collaborateurs extérieurs: « C’est une dérèglementation du marché du travail » selon Anselme Amoussou

La loi sur les collaborateurs extérieurs fait beaucoup de remous dans l’opinion nationale. Invité de l’émission « Actu Matin » sur la chaine de télévision privée Canal 3 Bénin, le Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin), a expliqué que cette loi n’est pas explicite et risque de plonger l’administration béninoise dans une situation sans précédent. C’était hier lundi 20 mars 2017.

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Dans le souci de rendre l’administration béninoise plus compétente, les députés ont adopté la loi relative aux collaborateurs extérieurs. A travers cette loi, l’Etat va faire recours à de la compétence extérieure, pour rendre l’administration publique plus dynamique. Cette vision de la classe politique n’est pas partagée par les confédérations et centrales syndicales, notamment la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin). Après la manifestation de la Fesyntra-Finance et de la Cstb jeudi dernier pour s’insurger contre cette loi, c’est au tour du Secrétaire général, Anselme Amoussou, d’exprimer son amertume. Cadre choisi pour le faire : la télévision Canal 3 Bénin sur l’émission « Actu Matin », hier lundi 20 mars 2017.

Selon le Sg de la Csa-Bénin, cette loi vient légiférer sur une situation conjoncturelle. De plus, elle vient dans un contexte où il existe déjà un texte (décret) en la matière.

« Un décret qui régit un peu les conditions d’utilisation des collaborateurs extérieurs de l’Etat, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas Agents permanents de l’Etat », a laissé entendre Anselme Amoussou.

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Il estime qu’il n’y a aucune avancée tendant à améliorer les dispositions qui existent, dans  la loi qu’ont votée les parlementaires. Celle-ci, précise-t-il, vient plutôt dérèglementer le marché du travail. Pour étayer sa thèse, Anselme Amoussou a indiqué que la loi sur les collaborateurs extérieurs ne précise, non seulement pas les emplois dans lesquels le recours sera fait à cette catégorie de personnel, mais aussi les conditions dans lesquelles on leur fera appel.

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« Cette précision doit pouvoir être faite pour rassurer les uns et les autres » a-t-il déclaré.

Les risques de cette loi

Selon lui, ces personnes cooptées viendront dans des situations totalement en déphasage avec le contexte de la fonction publique. Ce faisant, le pays court des risques a fait savoir le Sg.

Primo, à travers cette solution de long terme trouvée pour une situation conjoncturelle, l’Etat ne sera plus dans la dynamique d’améliorer les conditions d’employabilité des nationaux.

Deusio, les travailleurs et les demandeurs d’emplois seront laissés en rade, parce que l’Etat continuera de faire recours aux collaborateurs extérieurs.

Tertio, l’on ne se souciera plus à recruter et former le personnel administratif au quotidien, et à faire des reformes dans le système éducatif, pour que nous nous passions de ce genre de recours. Aux dires d’Anselme Amoussou, cette situation n’honore guère notre administration et par ricochet le Bénin.

Une administration béninoise laissée en rade

« Comment analysez-vous la posture d’un pouvoir qui vient à la tête d’un pays, et qui pense qu’il n’y a absolument aucune compétence dans la fonction publique ? », s’est-il interrogé pour exprimer sa désolation. Pour preuve, il a expliqué que pour présenter le Programme d’actions du gouvernement (Pag), l’Etat a recouru à un cabinet de marketing étranger. Il pense que cet Etat est plutôt prêt à faire appel à des gens de l’extérieur, et les payer au prix fort au lieu de penser à améliorer les conditions d’existence des gens en interne.

Ne niant pas les tares au niveau de l’administration publique béninoise, le Sg rappelle à l’Etat que sa mission première en l’espèce, est de faire en sorte que les réformes puissent permettre de changer la situation actuelle. Etant donné que cette loi n’est pas encore promulguée, Anselme Amoussou espère que leur rencontre avec le président Patrice Talon, le vendredi prochain, va permettre de retarder l’échéance ou tout ou moins, de demander une seconde relecture.

« Si cela n’est pas fait, nous avons d’autres recours. Nous allons saisir la Cour suprême ou la Cour constitutionnelle » a-t-il conclu

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