An 1 de gouvernance Talon au Bénin : L’analyse de Dr Albert Hounou

La révision de la constitution s’est terminée à queue de poisson. Je l’avais jugée opportune avec des propositions appelant à une concertation nationale…(Retour du Pvi, démission de Candide Azannai…) Médecin en France, le président de l’Amicale Sanitaire franco-béninoise, Dr Albert Hounou s’est aussi prononcé sur les 12 mois de gestion du président Patrice Talon. L’homme a profité de l’occasion pour aborder quelques sujets brulants de l’actualité nationale tels que le rejet du projet de révision constitutionnelle par les députés, la dernière sortie du président du patronat et candidat malheureux de la présidentielle 2016 Sébastien Ajavon, l’affaire des 18 kg de Cocaïne, le retour du Pvi, la diplomatie béninoise etc. Lisez plutôt.

Déjà un (01) an de gestion du pouvoir par le président Talon ! C’est peu pour faire le bilan d’un gouvernement, mais c’est largement suffisant pour jauger l’état d’esprit et les tendances d’un pouvoir politique. Aussi vais-je faire un tour d’horizon rapide de ces douze premiers mois de pouvoir de Talon.

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L’iconoclaste philosophe allemand Arthur Schopenhauer disait que se marier revenait à perdre la moitié de ses droits quand vos devoirs se multiplient par deux. Ceci est encore plus vrai en politique où tu risques de n’avoir que des devoirs. Candide Azannaï vient d’en faire l’expérience, il est parti du gouvernement. Sur un coup de tête ou après mûre réflexion ? Il est sorti de ce pouvoir et sûrement pour de sérieux désaccords.

Qu’on le déteste ou qu’on l’aime, force est de reconnaître que cet homme ne laisse personne indifférent. Son courage est tout simplement rare dans notre pays. Avec cinq hommes de sa trempe, aucune ligne ne resterait négativement figée dans notre pays. Mais de quel désaccord il s’agit ? Révision constitutionnelle ? Equipements militaires ? PVI (programme de vérification des importations) ? Les interrogations sont multiples. L’avenir nous dira davantage sur cette séparation prématurée entre Candide Azannaï et Patrice Talon.

Retour PVI au port

Concernant le retour du Programme de vérification des importations, nouvelle génération (Pvi-ng) qui a repris ses activités au Port autonome de Cotonou le 1er avril dernier, il y a manifestement un problème de conflit d’intérêt. Notre Président ne peut être de près ou de loin lié au capital privé de ce fleuron économique du pays comme l’indique l’article de la constitution à ce sujet : « Les fonctions de Président de la République sont incompatibles avec l’exercice de tout autre mandat électif, de tout emploi public, civil ou militaire, et de toute autre activité professionnelle. »

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Affaire cocaïne

Cette affaire dont les gens en ont fait les gorges chaudes reste un mystère distrayant le peuple qui a d’autres soucis notamment alimentaire au quotidien. Quant à Monsieur Sébastien Ajavon, je pense qu’il peut réclamer un  (01) franc CFA symbolique pour le bien et la paix sociale dans le pays. Je ne sais pas trop à quoi correspondent les 250 milliards CFA réclamés. S’il veut s’engager en politique il a intérêt à le faire maintenant avec toute l’énergie et le courage que cela requiert. La démocratie ne peut qu’en être renforcée. Nous avons besoin d’un pouvoir et d’une opposition claire et nette avec des jeux politiques constructifs.

Rejet de la recevabilité du projet de révision de la constitution

La révision de la constitution s’est terminée à queue de poisson. Je l’avais jugée opportune avec des propositions appelant à une concertation nationale qui prendrait au moins six mois ! Je reviens ici sur quelques-unes de mes propositions. Le mode d’élection des maires : une élection calquée sur le mode présidentiel, et qu’on la couple avec les élections législatives afin de gagner du temps et de l’argent ; la question du mandat unique : je suis favorable à un mandat unique de six (06) ans car lorsqu’un gouvernement est dépouillé de la perspective d’un deuxième mandat, il n’a pas la tentation de manœuvres politiques à dessein électoral. A priori, il se concentre plus sur les questions vitales de développement. En depit de tout cela notre Parlement en a décidé autrement.L’assemblée souveraine l’a rejetée le mardi 04 avril dernier (60 députés pour, 22 contre et 01 abstention) car trop précipitée, semble-t-il. Au gouvernement du président Patrice Talon de voir ce qu’il peut faire par la suite.

Diplomatie

Je rejoins ceux qui s’inquiètent des relations diplomatiques avec l’Arabie Saoudite. Les explications de notre ministre des affaires étrangères Monsieur Aurélien Agbénonci ne me convainquent pas du tout. Les riches pays arabes producteurs de pétrole se soucient comme d’une guigne du sort des pays d’Afrique noire. L’histoire des chocs pétroliers de 1973 et 1979 l’attestent. A l’instar de certains pays du Sahel un lien économique étroit avec des pays pétroliers arabes peut devenir un miroir aux alouettes masquant l’avènement du Wahhabisme. A la place des milliards attendus pour oxygéner notre très cher PAG, nous aurons droit à de jolies mosquées. Qui connait l’histoire du Qatar avec la France, peut bien être inquiet. Je souhaiterais en débattre avec le chef de notre diplomatie. Je préfèrerais un rééquilibrage des relations diplomatiques avec Israël. Les droits des palestiniens que je défends n’y changent rien !

Quant au Rwanda, son modèle politique me fait très peur. Notre ministre (Aurélien Agénonci, Ndlr) qui a vanté son modèle de développement social n’en a pas mentionné un mot, diplomatie oblige sans doute.

Je pense que le curseur est au juste milieu entre l’espoir et la déception du peuple béninois. Après deux ans de pouvoir, si le PAG ne démarre pas sérieusement, les libertés préservées, le plein emploi au rendez-vous alors nous regretterons d’avoir choisi Monsieur Talon comme Président de notre République❒

Docteur Albert Hounou
( Président de l’Amicale Sanitaire franco-béninoise )

2 réponses

  1. Avatar de Septime Potan DAUDET
    Septime Potan DAUDET

    – LE PVI: UNE UNE GRENADE A DEGOUPILLER – ET DE JOUR EN JOUR ON COMPREND MIEUX LE SOUCI AVERE DE REECRITURE DE LA CONSTITUITION AUX FORCEPS -.
     »Concernant le PVI-NG, il y a manifestement un problème de conflit d’intérêt. Notre Président ne peut être de près ou de loin lié au capital privé de ce fleuron économique du pays comme l’indique l’article de la constitution à ce sujet »: « Les fonctions de Président de la République sont incompatibles avec l’exercice de tout autre mandat électif, de tout emploi public, civil ou militaire, et de toute autre activité professionnelle. » Dixit:Albert Hounou.
    CE QUI VEUT DIRE CONCRETEMENT QU’IL SUFFIT QU’UN CITOYEN LAMBDA SAISISSE LA HAUTE COUR DANS CE SENS QUE LE PVI EST ANNULE[ENCORE UN PROJET MORT-NEE]! COMME DANS L’AFFAIRE DJOBGNENOU. DE JOUR EN JOUR ON COMPREND MIEUX LE SOUCI AVERE DE REECRITURE DE LA CONSTITUITION AUX FORCEPS. SPD

  2. Avatar de GbetoMagnon
    GbetoMagnon

    Et la santé au Bénin svp ?

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