Après un an d’exercice de pouvoir, le président de la république Patrice TALON se livre à l’exercice d’un bilan face à Prévert NOUTEHOU, André DOSSA et Rachidi ODJO.Face à trois journalistes, Patrice TALON s’est prononcé sur les réformes et actions ayant marqué ses 12 premiers mois à la tête du Bénin. Parmi les sujets abordés, figurent : le rejet de la prise en considération du projet de révision de la constitution, la libération des espaces publics, l’interdiction de la vente de faux médicaments, le coton, la présumée interférence d’ Olivier BOKO dans la gestion de l’Etat, le PVI et bien d’autres.
Après un an d’exercice de pouvoir, le président de la république Patrice TALON se livre à l’exercice d’un bilan face à Prévert NOUTEHOU de l’ORTB, André DOSSA de Canal3 Bénin et Rachidi ODJO de Golf Télévision. Cet exercice a été pleinement assumé contrairement à certaines indiscrétions qui affirmaient, il y a encore peu, l’incapacité du Président à dresser son bilan jugé négatif. D’entrée, le Président de la république fait remarquer sa tristesse à propos du blocage de son projet de révision de la constitution par le parlement et avoue d’ailleurs, en être surpris. Selon Patrice TALON, ce rejet, plutôt que d’être l’émanation de l’opinion du peuple, est un « choix de principe politique ». En ce qui concerne l’opportunité de cette révision surtout par ces temps où le peuple se plaint pour son ventre, le Président trouve qu’il en a d’ailleurs consacré assez de temps pour son introduction à l’Assemblée Nationale, histoire d’approfondir toutes les réflexions y afférentes.
Déguerpissement, la solution la plus impopulaire, mais qui s’impose
L’autre mesure, ayant fait tâche d’huile pendant les 12 mois écoulés, est celui du déguerpissement.
« Il faut instaurer l’ordre avant de construire », affirme Patrice TALON.
Pour conférer au Bénin sa marque de pays assaini, il fallait faire l’option de la « solution la plus impopulaire ». Conscient du problème de chômage accru, de manque d’eau, de la situation de l’électricité non encore résolue définitivement, de la sclérose de la filière des véhicules d’occasion liée à la chute du Naira, en bref, d’une économie malade, le Président de la République juge nécessaire d’entreprendre cette démarche afin de préparer le pays à recevoir les projets s’inscrivant dans le cadre de l’aménagement du territoire. Comme projets, il annonce entre autres, la modernisation des marchés secondaires de Cotonou.
Quant-à la question liée à l’interdiction de la vente illicite des faux médicaments décriée par nombre de béninois, Patrice TALON s’interroge si le rôle d’un gouvernant est de laisser prospérer une activité jugée « dangereuse et mauvaise » pour les citoyens au motif que celle-ci nourrit une frange de la population. Il se justifie en ces termes : « Nos populations prennent leurs maigres ressources pour acheter des drogues, des médicaments qui les tuent ».
Bilan coton, un record historique
« La campagne cotonnière 2016-2017 est en train d’enregistrer un taux d’égrenage d’environ 4OO mille tonnes. Il reste encore dans les champs environ 50mille tonnes. D’ici la fin, ce serait un record historique jamais égalé. Depuis mon arrivée au pouvoir, mon gouvernement n’a injecté aucun centime dans la filière coton », apprécie Patrice TALON.
Choses qu’il entend d’ailleurs améliorer au grand bonheur des béninois. Pour se justifier, il fait une rétrospection pour dénoncer le régime défunt. Il relève que son prédécesseur a gaspillé 150 milliards dans le coton sans aucun retour. « Cette somme aurait pu servir à construire des écoles, des hôpitaux, des routes,… ». Nonobstant ces réussites dont se félicite le chef de l’Etat, les populations restent très inquiètes, lui fait savoir André DOSSA de Canal3. Notamment, le rapprochement entre Olivier BOKO, son ami ou partenaire d’affaire et lui, porte à penser à des conflits d’intérêts, au clientélisme ou encore à l’affairisme au sommet de l’Etat. Patrice TALON affirme que sa fonction de Président de la république n’exige pas de lui un éloignement vis-à-vis de son « compagnon de fortune » comme il le nomme si bien.
Le PVI de retour, mais avec un nouveau visage
Dans la foulée des sujets à crainte, il y a également le retour du PVI. Là encore, le Président de la république rassure. Il affirme : « Restez tranquille ! Tout se fera dans les règles de l’art et dans l’intérêt général. Le PVI a été réhabilité. Je n’ai pas à donner des avantages à Bénin Control plus qu’il en a droit, comme par le passé. Au contraire, ces derniers jours, le gouvernement a obtenu de Bénin Control la refonte des tarifs ».
La réinstauration du PVI, en tant qu’outil de contrôle, est impérieuse pour faire barrage à la complicité qui lie souvent les douaniers aux importateurs. D’autres questions non moins importantes ont été abordées. Il s’agit surtout de celles relatives aux libertés individuelles et publiques. Le président rassure ne prendre aucune décision à l’encontre de ces libertés chèrement acquises. Le cas échéant, il dit que certains décrets pris s’insurgent contre les abus faits de ces libertés.
Pour preuve, le décret interdisant les manifestations des associations estudiantines dans l’enceinte du campus et invalidé plus tard par la Cour Constitutionnelle, vise à limiter les actes de vandalisme à caractère parfois « terroriste » qu’orchestrent certains étudiants.
Communiquer plus pour informer la masse populaire
S’il y a une chose qui a indéfiniment fait défaut au gouvernement de Patrice TALON en un an d’exercice, c’est bien la communication autour de ces actions. Il le comprend et promet corriger le tir. Patrice TALON met aussi l’accent sur certaines réformes qui se révèlent tardives. Il s’engage sur la restructuration du tissu commercial et industriel.
La production locale est désormais de mise avec pour conséquence, la variation des sources de revenus. Toutes ces actions visent ainsi, à insuffler l’économie. Plusieurs études en cours ou en voie d’achèvement permettront d’aboutir à la réalisation de beaucoup de projets de développement à l’instar de celui de la mise en valeur de la vallée de l’Ouémé. Toutefois, il faudra de la patience pour atteindre le bout du tunnel. Et dernier point abordé, en prenant acte du rejet de son projet par le parlement, il déclare : « le projet de révision de la constitution sous le mandant de Patrice TALON, c’est terminé ».
La plus grande surprise de cet entretien, le Président de la république renonce solennellement à son ferme engagement de faire un mandat unique en ces mots: « Pourquoi voulez-vous qu’à titre personnel, je continue de dire que, ce qui n’est pas passé en règle générale reste pour moi ce que je proclame haut et fort ? …….. 2021 est encore loin. J’en aviserai en fonction de mon ressenti ».
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