L’échec de la révision constitutionnelle n’est pas celui de Talon ni la débâcle de ceux qui l’ont soutenu. C’est plutôt la fin de l’illusion queEn s’adressant à ses compatriotes par le biais d’un entretien à bâtons rompus, le Président Patrice Talon a réussi à dédramatiser une situation fort embarrassante pour le premier anniversaire de son accession au pouvoir.
Son projet de révision de la Constitution devait sans aucun doute servir de résultat pour une année d’exercice plutôt erratique.
Le NON à ce projet a, en revanche, permis à Talon de tirer un bilan sans avoir à en dresser un.
Et l’exercice de l’entretien présidentiel a ainsi atténué l’ampleur de ce qui pourrait être vu comme un fiasco, sinon la fin des illusions pour bon nombre de nos concitoyens, du moins le début du désenchantement.
Talon, victime d’une « trumperie » ?
C’est l’immédiate question qui vient à l’esprit. Car, il est difficile de résister à la tentation de comparer ce qui vient d’arriver à l’ambitieux Président du Bénin avec les déboires du fougueux locataire de la Maison Blanche.
Mais du moment où les gens qui avaient rejeté le challenger ou le favori Zinsou, pour faute de téléguidage, on est en droit de se demander à quel moment les mêmes, qui nous ont poussé un bon nombre de nos concitoyens dans les bras de Talon, ont commencé à croire ou à comprendre qu’il y a tout de même comme un problème avec celui qui a été élu.
Pour faire le parallèle, le Président américain n’a bénéficié d’aucune empathie, mais les vices du système électif américain l’ont imposé en vainqueur.
Les mêmes qui vomissaient le « blanc » se sont aujourd’hui aperçus que les décisions de Président Talon, si elles étaient bien inscrites dans son projet de société, ce à quoi l’homme de la rupture a passé un an à faire est tout autre chose que ce à quoi ils s’attendent.
Mais, si on exagère un peu le raisonnement, c’est un plan purement réfléchi que Talon, mais il s’en défend, avait pour ses propres affaires.
Et, dans ces conditions, l’on pourrait bien se demander pendant combien de temps, n’allons surtout pas parler d’années, il a pu réfléchir sur une quelconque manière de revoir la Constitution de 1990, pour en risquer sa révision de la manière dont lui-même déplore l’issue.
Passer de l’individuel à l’universel bricolage
Quand bien même le Président Talon aurait, en temps et en heure, commencé à cogiter sur la Constitution, sur cette idée de la réviser, sur ce qui conviendrait de faire, à en juger par le résultat, sa vision des choses n’est-elle pas plus une question que se posent les gens qui le conseillent ? Et au regard de ce qui ressemble plus à l’amateurisme, un peu comme le bricolage de Trump, la précipitation dans la procédure et les soupçons de corruption, désolent mais n’étonnent pas outre mesure.
D’autant que Talon laisse entendre qu’il ne s’appliquera plus l’une de ses lubies qui a séduit les électeurs, à savoir « le mandat unique ».
L’échec de la révision constitutionnelle n’est pas celui de Talon ni la débâcle de ceux qui l’ont soutenu. C’est plutôt la fin de l’illusion que nous ont imposée les femmes et les hommes qui ont mis dans le rejet Boni Yayi les mauvaises solutions, et même, comme cela se voit aujourd’hui, les pires.
Quand est-ce qu’un homme d’affaire va prendre le temps de penser ce qui est de gérer une nation ? Le Président jure qu’il en est capable.
Si l’état actuel de la politique béninoise est à ce point déplorable, les personnes qui, depuis plus de dix ans et même onze, devraient endosser la responsabilité de ce désastre, courent toujours. Et si l’on respecte un peu cette nation, ceux qui sont à l’ origine de ce sinistre devraient être dénoncés.
Le débat d’avant les élections de 2016 a porté sur ce qui n’est pas bon pour le Benin, mais très peu sur ce qui serait bon.
Un an après toutes ces métaphores, toutes ces comparaisons avec « le nouveau cap », de ce qui ressemble de moins en moins à « la rupture », de changement de capitaine, des matelots plutôt habiles, parlant de l’équipe gouvernementale, un an après, voilà que ce navire est presque en rade.
Avec l’impossibilité de mesurer la distance parcourue, sinon celle du capitaine du bateau nommé Nouveau Départ pour se refaire.
Un capitaine dont l’unique succès est d’avoir cherché à remettre à flot pour le bien de ses affaires et ses sociétés propres, le navire Bénin.
Pour pratiquement en faire son bateau de plaisance
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