Noël Chadaré: Le gouvernement paie le prix de son entêtement

Noel Chadaré: « Par rapport à la loi sur les collaborateurs extérieurs, le gouvernement a été très mal inspiré »Au lendemain du vote des lois sur l’embauche et sur le recrutement des collaborateurs extérieurs de l’Etat, les centrales et confédérations ont crié haro. Ils ont fustigé des lois « scélérates », qui ne tiennent pas compte des aspirations des travailleurs. Le secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales du Bénin (Cosi-Bénin), Noël Chadaré parle dans cette interview de ces lois et du sort qu’elles ont connu auprès de la cour constitutionnelle.

LNT : Des voix se sont levées  au sein des centrales et confédérations syndicales pour dénoncer la loi sur le recrutement des collaborateurs extérieurs et la loi sur l’embauche.  Quels griefs portez-vous contre ces lois ?

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Noël Chadaré : Ce sont des lois qu’on a qualifiées de scélérates. Ce sont des lois sociales qui ont été inspirées par le pouvoir en place. Et il aurait quand-même pu en discuter avec les travailleurs. Ça n’a pas été fait. La procédure d’embauche,  il y a déjà le code du travail, qui parle de cela. C’est vrai, le gouvernement a trouvé que le marché du travail n’est pas flexible parce que les dispositions contenues dans le code du travail empêchent les investisseurs de venir  investir et créer  des emplois. Et donc il faut contribuer à la flexibilité du marché du travail.

C’est au nom de la flexibilité du marché du travail que le gouvernement a fait cette proposition. Mais on n’en a pas discuté avec les travailleurs. On constate dans la loi portant procédure d’embauche, qu’on a fait de l’employeur un tout puissant et l’employé est  un être taillable et corvéable à merci. On peut à tout moment résilier le contrat. On a plafonné les réparations.

Auparavant, quand l’employé se sent lésé, victime d’abus ou de violation du droit de travail, il peut porter plainte au tribunal et il y a des réparations. Dans ce texte, on a fait la part belle aux employeurs en plafonnant les réparations de 3 à 9 mois au maximum. Ce qui n’est pas normal. L’autre chose, une des dispositions de cette loi dit que le contrat à durée déterminée peut être renouvelé indéfiniment. C’est grave ! Dans le code du travail qui est en vigueur, on renouvèle cela deux fois au plus et après on passe au contrat à durée indéterminée.

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Mais si l’employeur peut résilier le contrat quand il veut et que le contrat à durée déterminée peut être renouvelé indéfiniment, c’est un véritable recul. Et les représentants des travailleurs que nous sommes, ne peuvent  pas apprécier cela.

Par rapport à la loi sur les collaborateurs extérieurs, le gouvernement a été très mal inspiré. Il n’y a pas dans notre pays, dans la fonction publique, un désert de compétences.  S’il y a des emplois ou des postes de responsabilité où on trouve qu’il y a problème, il faut recruter. Si cette loi passait, c’est la privatisation de la fonction publique. On a l’impression que ce sont des gens qu’on veut récompenser pour avoir œuvré à l’arrivée du chef de l’Etat au pouvoir.

Et que proposent les centrales et confédérations syndicales ?

Les 6 confédérations avaient demandé au chef de l’Etat lors d’une rencontre le 24 mars dernier, de mettre ces deux lois en veilleuse. Le chef de l’Etat avait même reconnu les différents aspects de la loi sur la procédure d’embauche que j’ai évoqués supra. Mais il a dit que dans la sous-région, et  dans le monde, c’est vers ça qu’on va.Certes, mais il faut discuter avec les travailleurs.

On est d’accord qu’il faut rendre le marché de l’emploi flexible mais il faut en discuter. On ne peut pas accepter une flexibilité du marché du travail à n’importe quel prix au détriment des travailleurs. La proposition qui avait été faite au niveau des confédérations, c’était de mettre en veilleuse. Avant que la cour n’ait scellé définitivement le sort de ces deux textes, nous avions suggéré qu’ils soient mis en veilleuse et que le chef de l’Etat mette sur pied un comité de relecture du code de travail actuel.

D’ailleurs,la relecture de ce code  a même déjà  commencé. Il est passé au conseil national du travail et doit passer aussi par le conseil économique et social. Maintenant, s’il y a des nouveautés, le chef de l’État met sur pied une commission avec les partenaires sociaux, les ministres et nous voyons dans quelle mesure, nous pouvons intégrer certains aspects desdites lois. Ce qui n’a pas été respecté.

La décision de la cour constitutionnelle qui a déclaré ces lois inconstitutionnelles, est donc pour vous un motif de satisfaction ?

Je décerne un satisfecit à la cour qui a joué son rôle. Je suis content que la cour nous ait évité deux lois scélérates.  Ce sont des lois taillées sur mesure et votées par les députés en procédure d’urgence.Comme le président n’a pas tenu compte de nos propositions, la cour constitutionnelle a fait son travail et nous l’en félicitons. Nous nous réjouissons de ce qu’il y a une cour constitutionnelle qui dit le droit et qui adresse de temps en temps des rappels à l’ordre.

C’est un cinglant désaveu pour ceux qui sont autour du chef de l’État. Certains devraient démissionner avec autant de revers essuyés par le gouvernement en 12 mois. Les conseillers du chef de l’État doivent tirer toutes les conséquences de ces revers successifs ?

7 réponses

  1. Avatar de FRANCK M MAKON [ EMMANUEL MACRON ]
    FRANCK M MAKON [ EMMANUEL MACRON ]

    Noël Chadaré: Le gouvernement paie le prix de son entêtement
    Read more at https://lanouvelletribune.info/2017/04/noel-chadare-le-gouvernement-paie-le-prix-de-son-entetement/
    BIEN DIT MAIS PATIENCE .

  2. Avatar de GbetoMagnon
    GbetoMagnon

    oups !! Fausses manip…

  3. Avatar de GbetoMagnon
    GbetoMagnon

    On ne touche pas à une loi du travail, sans d’abord ouvrir des discussions avec les partenaires sociaux et professionnels.

    Jeux de dupes, où les Lois tombent sur la tête des partenaires sociaux informés par la presse et où on grève préventivement…

    La façon de faire, est la version abâtardie des usages français; contraires à ceux d’Europe du Nord.

  4. Avatar de GbetoMagnon
    GbetoMagnon

    Test

  5. Avatar de GbetoMagnon
    GbetoMagnon

    Le gouvernement doit apprendre plus vite. On ne touche pas à une Loi du Travail, concernant les entreprises, sans D’ABORD ouvrir des discussions avec les partenaires sociaux et professionnels.

    La façon de faire qu’on observe est une version abâtardie des usages français; très différents de ceux d’Europe du Nord.

    Jeux de dupes, où les Lois tombent sur la tête des partenaires sociaux informés par la presse et où on grève préventivement…

  6. Avatar de GbetoMagnon
    GbetoMagnon

    Quoiqu’on pense de cette loi et des intentions d’un gouvernement plus que suspect.

    Ce gouvernement doit apprendre plus vite. On ne touche pas à une Loi du travail, concernant les entreprises, sans D’ABORD ouvrir des discussions avec les partenaires sociaux et professionnels.

    On trouve un accord et ensuite on passe à une loi. La façon de faire qu’on observe est une version abâtardie des usages français; contraires à ceux d’Europe du Nord.

    Jeux de dupes, où les Lois tombent sur la tête des partenaires sociaux informés par la presse et où on grève préventivement…

  7. Avatar de GbetoMagnon
    GbetoMagnon

    Ce gouvernement doit apprendre plus vite. On ne touche pas à une Loi du travail, concernant les entreprises, sans D’ABORD ouvrir des discussions avec les partenaires sociaux et professionnels.

    On trouve un accord et ensuite on passe à une loi. La façon de faire qu’on observe est une version abâtardie des usages français; contraires à ceux d’Europe du Nord.

    Jeux de dupes, où les Lois tombent sur la tête des partenaires sociaux informés par la presse et où on grève préventivement…

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