Certains ont relevé des contres vérités dans les propos du ministre, et appellent tous les acteurs culturels à se mobiliser pour défendre leurs droits. Bénin – Ils sont nombreux, les artistes et promoteurs culturels, à réagir par différents canaux après la sortie médiatique mardi soir, du ministre du tourisme et de la culture Ange N’Koué, au sujet des réformes et projets au niveau de son département ministériel (lire ici).
C’est le cas de Pascal Wanou, le Président de la Plate forme des confédérations et fédérations d’artistes et d’acteurs culturels du Bénin. Il est aussi Vice président de la Confédération des artistes et acteurs culturels du Bénin (Cbaac). Nous vous proposons ci-dessous, un extrait de sa réaction.
« Quant à cette sortie que je qualifierais, sans aucune exagération, de piteuse, de pitoyable, […] et de dégueulasse, elle nous invite tout simplement à resserrer véritablement nos rangs pour faire barrage à l’asphyxie, à l’étranglement, et à la désintégration du secteur. C’est ni plus ni moins, ce à quoi se résument les soi-disant réformes du ministre N’koué. Je me demande s’il connaît vraiment le sens du mot réforme et sa finalité. Est-ce que c’est vraiment de réformes qu’il parle, ou de programmes ? Une réforme est censée apporter une amélioration au fonctionnement d’une institution. Elle n’est pas censée en détruire les fondamentaux. Remarquez que le ministre a tout de même été confondu à reconnaître que les attributions du Fac –Fonds des arts et de la culture ndlr- ne changent pas. Mais alors, comment peut-il déclarer par la suite que « c’est fini, le financement des festivals privés » ? C’est la preuve que monsieur le ministre se contredit, et qu’il ne maîtrise rien du financement de la culture, qu’il ne maîtrise même pas la loi portant charte culturelle qu’il a pourtant citée. Car, s’il connaissait vraiment ce texte, ainsi que les autres textes, y compris la Constitution béninoise, il comprendrait certainement que l’accès à la culture est un droit fondamental, et que le financement de (ou l’appui à) la culture est une obligation de l’État. Ce sont des principes à valeur constitutionnelle qu’aucune réforme ne doit remettre en cause. Il ne s’agit donc nullement d’un quelconque assistanat. Pire, Le ministre N’koué veut supprimer le métier, la profession d’artiste. Il veut remettre en cause l’existence même de l’artiste en tant que créateur d’œuvre de l’esprit. Puisque sa « réforme » ne reconnaît désormais que l’entrepreneur culturel. Et remarquez que dans cette logique, il n’a même pas évoqué, dans son monologue, le décret portant statut de l’artiste. Il n’en connaît peut-être pas l’existence, et donc encore moins le contenu. Sinon, il aurait compris que l’artiste est différent de l’entrepreneur culturel, et que les deux ne sont pas placés sous le même régime.
Quelle aberration !
Chers amis artistes et acteurs culturels, il est temps que chacun comprenne que l’actuel ministre en charge de la culture est un véritable danger pour notre secteur, une vraie menace pour notre existence et pour notre statut. Le moment est venu de prendre notre destin en mains et de défendre notre statut. Les récriminations du ministre pour justifier son forfait ne sont que du vent. Sans pour autant réfuter la thèse selon laquelle il y avait mauvaise gouvernance dans le fonctionnement du Fac, tout le monde sait que le ministre aussi n’est pas blanc comme neige. S’il est vrai qu’il a déclaré à son arrivée, qu’il ne voulait plus entendre parler des Idm –instruction direct du ministre ndlr-, il est aussi vrai et prouvé qu’à sa prise de fonction, les Idm étaient consommées à 60% et que trois mois plus tard, elles l’ont été à 106%. Qui a donc autorisé le décaissement des 46% complémentaires et comment a-t-on pu aller au delà de 100% ? Quel ministre a autorisé tout ça si ce n’est pas lui ? Trêve de bavardages, de contre vérités ! Halte maintenant au dilatoire ! Réveillons-nous avant qu’il ne soit trop tard ! La loi portant charte culturelle en République du Bénin et le décret portant statut de l’artiste au Bénin, nous confèrent des droits non négociables. Levons-nous et agissons pour protéger nos droits. C’est ici ma première réaction face à ce que j’ai suivi et entendu de la bouche de la première autorité de mon secteur d’activités. De grâce, que les défenseurs aveuglés de l’ignominie m’épargnent leurs injures. L’heure n’est pas à cela. Je vous reviens bientôt ! »
Pascal Wanou
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