La sentence de non-lieu prononcée dans le dossier PPEAII n’en finit pas de susciter des réactions. Nombreux sont ceux qui sont restés sur leur soif au regard de l’issue quelque peu décevante qu’a connue l’affaire la semaine écoulée. Pour le secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), Paul Essè Iko, cette décision est incompréhensible et ne doit pas être prise en compte pour enterrer l’affaire. Dans cette interview, il appelle le peuple à exiger l’emprisonnement des protagonistes.
LNT : Quel est votre avis sur le non-lieu rendu dans l’affaire PPEAII ?
Paul Essè Iko : C’est un scandale ! Un jugement tient compte aussi de l’opinion publique, du désir du peuple et de la réalité du terrain. Les donateurs ont protesté et dit qu’ils n’ont de manifestation matérielle de l’argent qu’ils ont donné au Bénin. Je pense que le délit est déjà constitué. C’est un crime, un scandale que de parler de non-lieu. Un non-lieu veut dire que l’argent du PPEAII est parti en fumée. Nous avons eu une aide pour apporter de l’eau aux populations. Mais l’aide n’a pas été matérialisée sur le terrain. Comment une juridiction peut prononcer un non-lieu dans une affaire du genre ? C’est incompréhensible. On ne peut pas accepter ça !
Ce verdict est-il alors une prime à l’impunité ?
C’est un verdict qui conforte l’impunité. Or l’impunité est une gangrène. C’est l’élément fondamental qu’utilisent les parias dans notre pays. Nous pensons que c’est un jugement « non-lieu » en lui-même. C’est un verdict à ne pas prendre en compte. Le président Patrice Talon devrait d’abord aider à investiguer et mettre la main sur les gens concernés, afin qu’ils ne dissimulent pas les preuves. Cela n’a pas été fait et tout est laissé à vau-l’eau. C’est un crime contre le peuple. Et c’est pour ça que je dis que le peuple jugera ceux qui ont mal jugé. Le peuple jugera ceux qui ont fauté. Tôt ou tard, le verdict du peuple sera imparable.
Quel lien avec le soutien du député Barthélémy Kassa au président Talon ?
Justement, il y a anguille sous roche. Kassa a repris ses anciens discours de fidélité à Yayi Boni. Aujourd’hui, Yayi Boni est parti et il fait un revirement à 360°. Il injurie et condamne même Yayi Boni. Il utilise le parapluie de Patrice Talon pour se cacher et commettre encore des bêtises. C’est de l’opportunisme et de la criminalité.
Pensez-vous comme d’autres qu’il faut rouvrir ce dossier ?
Il faut arrêter les pilleurs et les punir au lieu de les promouvoir. Ça a été ainsi dans les régimes successifs. L’Etat devrait se saisir du dossier parce qu’un crime de ce genre n’a pas besoin de plainte. Le peuple doit se lever et exiger la mise sous verrous de Kassa. Il doit aller en prison, de même que ses complices. Même s’ils ont couru faire quelques forages pour dissimuler les preuves, les pilleurs doivent être pris à partie. Parce que si ceux-là ne sont pas punis, on n’aura jamais rien fait contre l’impunité dans ce pays. Même si on parle de réorientation, c’est du pareil au même. Une réorientation est un détournement. Quoiqu’il en soit, il y a eu crime puisque l’argent est destiné au forage de puits. Si on en fait autre chose, c’est qu’on l’a détourné. Et il faut justement que les auteurs soient punis. Dans tous les cas, il faut que la culpabilité de Kassa soit établie, et que le peuple s’en sorte moralement satisfait.
Laisser un commentaire