Le gouvernement ne tarit pas d’inspiration pour trouver des concepts qui expriment la cession pure et simple du patrimoine de l’Etat aux privés. Cette obstination du gouvernement à confier aux privés la gestion des entreprises d’Etat est vraiment préoccupante. A cette allure, on peut se demander si l’on ne tend pas résolument vers la privation de toutes les structures de l’administration publique.
Tout avait commencé par la mise en affermage des hôpitaux publics nouvellement construits et dotés d’un matériel d’appoint et de haute technologie. Raisons avancées à l’occasion par le ministre de la santé: la difficulté d’y affecter un personnel qui restera en poste sans désir de revenir à la capitale économique Cotonou, ou dans d’autres villes plus attractives. Il avait aussi évoqué le fait que les fonctionnaires n’ont pas toujours conscience d’utiliser avec précaution de telles infrastructures et s’emploient plutôt souvent à les détériorer, et donc à enterrer en peu de temps le patrimoine issu des investissements lourds de l’Etat. Pour pallier ces inconvénients, le ministre de la santé sur approbation du gouvernement a jugé utile de confier la gestion de ces établissements hospitaliers aux privés, avec qui l’Etat a signé des accords pour que la prise en charge des patients ne soit pas très onéreuse.
Cette passation de la gestion des hôpitaux publics aux privés, a été appelée : Mise en affermage. Mais cette solution gouvernementale de confier la gestion des hôpitaux publics aux privés semble très cavalière. Elle présente des allures de défaitisme comme pour dire que le gouvernement est incapable de trouver des moyens pour sédentariser les agents de l’Etat. En plus qu’il ne peut non plus discipliner ces agents de manière à les amener à utiliser avec précaution des infrastructures mises à leur disposition. Cette solution dévoile la démission du gouvernement à rendre l’administration publique efficace et efficiente. C’est aussi ce qui transparait dans le dossier de la mise en concession du CNHU. Il est reproché à cet hôpital de référence d’être peu rentable et d’avoir un mode de gestion défavorable au bon fonctionnement de cette institution hospitalière. Mais cela ne justifie en rien la cession de la gestion de cet hôpital à un privé. Une solution qui semble aussi hâtive qu’inappropriée.
D’autres options à la privatisation
Veut-on nous laisser croire que tous les fonctionnaires formés en gestion des hôpitaux ont été incapables de gérer efficacement ces hôpitaux ? Assurément non, puisque le critère de compétence que le président avait retenu pour la nomination des responsables des différents structures de l’Etat ne semble plus avoir été respecté. C’est ce que l’on peut aussi dire de la décision du gouvernement de placer sous gestion déléguée la Sbee, société béninoise d’énergie électrique. Le gouvernement a signé cette convention avec une entreprise privée qui a accepté d’invertir près de 125 milliards de Fcfa dans la construction et le fonctionnement du site de la centrale de Maria Gléta. Un investissement censé améliorer et augmenter la production énergétique de la Sbee, et conduire le Bénin sur la voie de l’indépendance énergétique. Mais l’option de la gestion déléguée n’était pas la seule, l’Etat pouvait aussi lancer un emprunt obligataire ou négocier auprès d’une institution financière un prêt, permettant de réaliser cet investissement. Mais c’est le choix de la cession temporaire de la gestion de la Sbee au privé que le gouvernement a jugé pertinent. C’est également l’option de cession à un privé qui a été retenue dans le cas du Port Autonome de Cotonou, ce qui semble même inconséquent au plan sécuritaire, puisque le port constitue la plus grande voie d’entrée dans notre pays. Si on ajoute à ces décisions de mise en concession des entreprises de l’Etat, la liquidation de la Sonapra, de l’Ons et de l’Onasa, les Béninois peuvent légitimement s’interroger sur les réelles motivations du gouvernement. A cette allure, on peut s’attendre à ce que l’ensemble de l’administration publique béninoise soit cédée aux privés avant la fin du quinquennat
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