Criminalité faunique au Bénin : 11 arrêtés en 6 mois, seulement 5 condamnés

La croisade du gouvernement contre la criminalité faunique a permis de stopper de janvier à juin 2017, 11 trafiquants voulant commercialiser des produits interdits de vente. Face à la justice sensée réprimer, seulement 5 trafiquants ont été condamnés. Trois dossiers relatifs aux criminels de faune enregistrés courant le 1er semestre de l’année 2017 sont vidés par la justice. Ils concernent 11 (onze) trafiquants pris en fragrant délit à Dassa-Zoumè, Parakou et Cotonou, grâce au quadrillage de terrain du gouvernement et la collaboration technique du programme d’Appui à l’Application des lois sur la faune et la flore (Aalf-Bénin).

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Seulement, les décisions que les tribunaux ont rendues, suscitent plusieurs interrogations. Celle qui continue de faire couler de salive a été rendue par le Tpi d’Abomey le jeudi 15 juin 2017. Bien que le pangolin tricuspide soit une espèce intégralement protégée au Bénin, deux des trois trafiquants arrêtés n’ont eu qu’une condamnation assortie de sursis, 20.000 FCFA d’amende chacun, et doivent solidairement payer 50.000 F CFA à titre de dommages-intérêts.

Plus d’un pensent que cette condamnation est loin d’être dissuasive, et ne saurait faire prendre conscience à ces trafiquants et leurs complices. Or, l’article 154 de la loi n°2002-16 du 18 octobre 2004 portant régime de la faune en République du Bénin et son texte d’application, prévoit au moins 6 mois d’emprisonnement et des amendes que le trafiquant dont la culpabilité est prouvée doit payer.

Par contre, la décision du tribunal de première instance de Parakou dans l’affaire des 6 trafiquants d’ivoire arrêtés à Parakou dans la dernière semaine du mois de mars 2017 avec 14,5 kg d’ivoire, est applaudie. 4 de ces 6 trafiquants ont été condamnés à 12 mois de prison fermes, et 15,5 millions de dommages-intérêts. Ce verdict du Tpi de Parakou va certainement faire prendre conscience à ces trafiquants et servir dans le même temps de leçon aux autres criminels de la faune.

L’autre décision et pas des moindres, est celle qu’a rendu le tribunal de première instance de Cotonou le mardi 21 février 2017 dans le dossier d’un trafiquant de carapaces de tortues marines. Il a été condamné à trois mois d’emprisonnement ferme, à 200.000FCFA d’amende, puis à 1.000.000FCFA de dommages-intérêts. Cette décision dissuasive obligera tous ceux qui le long des 125 kilomètres de côtes béninoises massacrent les tortues marines, à se rendre compte que cette espèce est à protéger. Ce qui fait dire à M. Homèfa DOVI Z, Coordonnateur Adjoint du programme AALF-Bénin que « les décisions de justice de cette année comparativement à certaines des années antérieures deviennent de plus en plus dissuasives et accompagnent la lutte effrénée que le gouvernement béninois mène contre les criminels, surtout de la faune, qui ne veulent pas lâcher prise».

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La justice peut toujours mieux faire, car au regard de ces décisions, on se rend compte que seulement (5) cinq trafiquants sur les 11 (onze) arrêtés de janvier à juin 2017 ont eu effectivement des peines privatives de liberté avec des amendes à payer. Ils sont (2) deux à avoir des condamnations assorties de sursis et 4 (quatre) ont été relaxés. Il faut rappeler que l’article 166 de la loi citée supra punit les complices comme les auteurs principaux.

C’est fort de cela que le Coordonnateur Adjoint de Aalf-Bénin «invite les juges à une prise de conscience réelle pour sévèrement sanctionner ces individus décidés à faire disparaitre les espèces animales. Chacune de ces espèces joue un rôle dans l’écosystème qui subit un dommage inestimable et irréparable, et dont la modification fait subir ses affres à toute l’humanité »

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