Un Béninois de la diaspora, le Dr Kabirou Bouraïma, expert en ingénierie des sols, propose pour en finir définitivement avec les problèmes d’inondations la création urgente d’une nouvelle ville qu’il appelle le Nouveau Cotonou.Cette nouvelle ville à l’image de ses sœurs d’Afrique et du monde, Abuja, Brasilia , le nouveau Luanda sera située juste au-dessus du lac Nokoué à égale distance entre Porto novo ,Ouidah, Allada et Abomey Calavi. Il conclut son argumentaire sur un ton comminatoire : la décision de création de cette nouvelle ville doit être prise hic et nunc, ici et maintenant. Lire l’opinion ci-dessous.
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A force de nous taire, on finira par se noyer ou jeter tous les milliards de la république dans l’eau de Cotonou. A travers les projets et programmes de lutte contre l’inondation à Cotonou actifs depuis 15 ans que voici, aucune visibilité de résultats ne se pointe à l’horizon.
Je veux citer l’opération 3CI, le PUGEMU financé par la banque mondiale (prêt à rembourser par nous et nos enfants) …. Pourquoi nous n’y arriverons jamais à terme à vaincre l’inondation à Cotonou ? Plusieurs facteurs naturels et humains condamnent Cotonou dans les inondations. Ils sont de plusieurs ordres : la position géographique de Cotonou, le climat, le relief et la topographie, l’occupation du sol, le choix et le dimensionnement des ouvrages de drainage, le ramassage des déchets solides, l’incivisme, etc.
Cotonou porte le lac Nokoué comme une bassine d’eau sur la tête
Cotonou de par sa position géographique est située dans le golfe de Guinée au même titre que les villes de Douala au Cameroun, de Lagos au Nigeria, de Lomé au Togo, ou encore d’Accra au Ghana. Depuis les années 2000 un rapport d’expert de l’ONU de l’IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change, IPCC 2000) sur le changement climatique climat alertait déjà de ce que le golfe de guinée connaitrait une montée des eaux de 500 mm d’ici à 2100. Savez-vous que 72% de la surface de la terre est recouverte d’océans, donc par l’eau ? Avec l’avènement du changement climatique, le niveau des eaux de ces océans augmenteront incessamment de volume, tant que nous aurons plus de voitures, plus de motos, plus d’usines et d’industries qui réchauffent l’atmosphère et qui font fondre la glace des régions polaires. L’autre facteur géographique défavorable à Cotonou, c’est le lac Nokoué. Cotonou porte le lac Nokoué comme une bassine d’eau sur la tête. Dès que cette bassine se remplit de par les eaux pluviales, celle-ci déverse son surplus sur Cotonou et la mouille, étant donné que l’eau coule toujours vers la mer (direction de la pente). Je n’ai d’ailleurs jamais compris comment en est-on arrivé à coincer la capitale Cotonou dans une bande de 5 Km entre le lac et la mer, alors que le Benin s’étend sur 735 Km de long.
Parlant de climat, Cotonou est caractérisée par deux saisons pluvieuses (Avril à début Août et Octobre à Novembre). Elle est donc naturellement disposée à recevoir beaucoup plus d’eau du ciel, estimée à 1300 mm par an. Cotonou est aussi caractérisée par sa façade à la mer et le changement climatique faisant, il y a plus d’évaporation des eaux de mer ce qui change le phénomène naturel du cycle de l’eau, des fréquences et de l’amplitude des pluies. On enregistre en peu de jours de grands volumes de pluies qu’il en faut naturellement sans qu’il n’y ait de place pour les contenir au sol car le relief ne s’y prête pas. Cotonou a un sol sableux qui a une capacité de rétention en eau très faible.
Cotonou de par son relief et sa topographie est une plaine caractérisé par une surface plane, avec des pentes relativement faibles. Etant donné que la ville est adjacente à la mer, nombre de quartiers de Cotonou sont à de niveaux zéro, même niveau que la mer, ou même inférieur comme la zone de Fifadji ou Agla. Le lit de l’eau est donc à portée de main (1 à 2m), on peut donc puiser l’eau à la main ou encore on peut constater les fausses sceptiques qui sont toujours remplies à Cotonou. Le relief fait de plaines à Cotonou induit qu’après une grosse pluie, l’eau ne peut ruisseler ou s’infiltrer dans le sol déjà gorgé, saturé d’eau. Elle ne peut couler car pas de pente. Aussi, le trafic élevé de véhicules, compacte la surface du sol pour la rendre imperméable. Conséquences l’eau est stagnante et donc les flaques d’eau dans toutes les rues (il faut dépenser cher pour rouler haut en 4×4, réservée à une minorité).
En résumé partiel nous constatons que notre capitale économique siège de nos institutions est menacée de tous les cotés, en haut et en bas, au nord et au sud, par les grosses pluies groupées, le relief de plaine, le lac Nokoué et la mer. Ceux sont des phénomènes naturels, qui paraissent peu maitrisables par nous, le Bénin et donc pas de solutions durables.
Facteurs anthropologiques
En ce qui concerne les facteurs anthropologiques nous citerons l’occupation du sol, le choix et le dimensionnement des ouvrages de drainage, le ramassage des déchets solides, inexistence de verdures et d’arbres pour freiner l’intensité des pluies, absorber de volumes d’eau et aider à l’évapotranspiration.
L’occupation du sol à Cotonou ne milite pas en faveur de la lutte contre l’inondation. De par sa position de capitale économique et siège des institutions du Bénin, Cotonou est aussi la capitale la plus proche de la ville la plus peuplée d’Afrique Lagos, 25 millions d’habitants située à 120 Km à l’est. Cotonou sert de ville de transit notamment pour les pays de l’hinterland (Mali, Burkina, Niger, Tchad et même le nord du Nigeria). Elle dispose d’un système éducatif solide et d’un grand marché Dantokpaqui attirent les habitants des pays de l’Afrique centrale (Centrafrique, Cameroun, Congo). Ainsi,nombre de populations béninoises et d’étrangers veulent y résider. Il faut donc les loger d’où la pression foncière sur Cotonou avec des installations anarchiques et des constructions sans modérations même sur les exutoires et les bas-fonds sur le territoire. L’intense remblayage à coup de millions de bas-fonds (pour construction de bâtiments) ne fait que déplacer l’eau. L’eau est une ressource naturelle dont on ne bloque pas la route, elle se fraye toujours un autre passage et autres habitats, On comprend alors pourquoi la cour des maisons et les rues sont inondées après de grosses pluies. On ne peut résoudre le problème de l’inondation sans délocaliser réellement les populations qui se sont anarchiquement installées.
Des ouvrages de drainage, oui il en faut mais il faut qu’on prête attention sur le choix et le dimensionnement. Une bonne étude devra préciser les rares nivellements de Cotonou car elle est bâtie sur une plaine. On devra faire attention que l’eau coule toujours vers la mer. Des ouvrages orientés vers le lac ne paraîtront pas comme solutions car le lac en lui-même cherche à verser son surplus d’eau dans la mer. Après ce choix, le dimensionnement doit être bien fait. Les ouvrages doivent à défaut être surdimensionnés et bien pouvoir consommer la quantité d’eaux de ruissellement qui y coulent. Un caniveau de faible profondeur ou sous dimensionné se verra lui-même englouti dans l’eau après de grosses pluies.
Le ramassage des déchets solides ménagers et l’incivisme sont de facteurs aussi importants qui impactent le phénomène de l’inondation. De par sa population et ses activités, Cotonou produit d’importantes quantités de déchets solides ménagers (720 tonnes par jour, environ 20 camions Titan) dont elle doit assurer la bonne évacuation de ses territoires. L’incivisme vient du fait que volontairement des populations jettent leurs déchets ménagers dans les caniveaux bloquant ainsi le passage de l’eau. Les caniveaux doivent être aussi évacués de déchets et être périodiquement curés et désensablés.
Nous venons de décrire les facteurs naturels et humains qui se présentent pas favorable à l’épanouissement de Cotonou et de ses habitants et donc de notre capitale et de tout le Bénin. De la pression des populations de Cotonou sur les dirigeants dépendront leur quiétude et réflexions pour le travail de développement qui doit impacter tout le territoire national.
Un nouveau Cotonou juste au-dessus du lac Nokoué Que faire ?
Il nous faudra techniquement délocaliser et reloger les quartiers à risques. Une bonne stratégie devra être mise en place pour que les institutions commençant par le gouvernement, les administrations, le camp militaire, ou encore les économies et écoles qui occupent nombre d’employés soient délocalisés et relogés sur un nouvel espace pas loin de l’actuel Cotonou.
Parmi les solutions explorées nous recommandons une relocalisation des activités non nécessaires à la ville de Cotonou à un autre pôle. Le bénin est long sur 735 Km, se faire coincer dans la plaine et être victime de l’inondation sera un choix. Porto-Novo et Calavi sont déjà sur le plateau, il faut parfois creuser jusqu’à 20 m et plus pour trouver l’eau. Redonner à Porto-Novo son contenu de capitale pourrait paraître comme alternative au désengorgement de Cotonou. Déjà depuis la période d’avant indépendance les colons avaient bien fait de fuir Cotonou de par ses défauts. Un demi-siècle après, nous nous plaisons à porter ses tares. Porto-Novo connait le siège de notre assemblée nationale et une minorité d’administrations étatiques. Malheureusement, vu que le siège du gouvernement et des institutions està Cotonou nombre de députés ne résident pas Porto-Novo. Pire, ils fuient les aléas de Cotonou pour résider à Calavi au nord de Cotonou comme d’ailleurs la majorité des travailleurs de Cotonou en commençant par les autorités membres des institutions. On serait donc tenté de proposer Calavi car il faut rapprocher les travailleurs de leursen lieux de travail pour réduire le stress, le gaspillage d’énergie, les maladies, la pollution ou en encore augmenter la performance et l’épargne financière et réduire la petite corruption. Quel est le budget en temps et en argent d’un fonctionnaire de Cotonou ? Quelle proportion ceci représente dans son salaire ? Que diraient les habitants de Sème de Porto- Novo ou de Pahou qui ont leurs lieux de travail à Cotonou ?Si Calavi comme nouvelle capitale administrative comme le proposaient les japonais en 1995,on pourra faire disposer pour une fois au Benin, d’une belle ville assainie, ou les habitats sont bien construits aux normes internationales, routes bien tracées et plusieurs, qui traversent la ville pour mettre fin à jamais aux congestions de véhicules « GO-SLOW », faire faire des économies aux travailleurs, moins de stress, moins de pollutions et de maladies (Palu, tuberculose, diarrhée…), reconstruire le tissu social (Mari, femme et enfants vivant réellement ensemble). Ce plan permettra de disposer de logements sociaux en hauteur à des prix abordables, augmenter l’espérance de vie des travailleurs, disposer d’espaces pour accueillir les étrangers, faire la marche et le sport, centres de divertissement et de loisirs, … Ce que nous proposons c’est un Nouveau Cotonou pas trop loin, juste au-dessus du lac Nokoué, évitant ainsi le phénomène de la ‘‘bassine qui mouille’’. On devra partir d’un espace vide dans l’un de ses villages de Mississitin ou Gbodje ou encore un espace dans la vallée, riche et qui présente un potentiel immense, et de paysages romantiques. Ces espaces ont une équidistance sur Googlemap, d’avec les villes de Cotonou, Abomey-Calavi, Sèmè, Porto-Novo, Allada ou Ouidah. Les villes comme Abuja, Brazilia, le nouveau Luanda, nombre de villes chinoises et américaines…sont parties de territoires vides inhabités évitant de très forts dédommagements et favorisant la mise en place d’un bon plan architectural. Cete nouvelleville sera une bonne aubaine et bien accueillie car à égale distance de Porto Novo, Abomey-Calavi, Akpro-Missrete ou Allada dont les habitants viennent quotidiennement travailler à Cotonou. La nouvelle Cotonou aura ainsi plusieurs entrées et sorties pas comme celle d’aujourd’hui, une entrée unique (échangeur Godomey) une sortie unique (Belier AKpakpa) qui parait grave pour une capitale. Avec La nouvelle ville Cotonou, on pourra y faire relier par une autoroute Calavi à Porto novo en dessus du lac Nokoué en 20 minutes en passant par So-Ava et les Aguégués, ouvrir ainsi une porte pour le tourisme. Un projet « route de la vallée » peut naitre à l’image du projet « route de pèche ». On rattachera facilement Ekpe et Ouidah à cette autoroute que pratiqueront les routiers en partance pour Lomé et accra ou Lagos. Pas besoin de développer le projet de pont sur le lac Nokoué, les ressources peuvent servir à autre chose. L’installation de la nouvelle capitale administrative consommera une grande quantité de mains d’œuvre et fera accroitre le professionnalisme des béninois dans la région. Rendre fluide la traversée du Bénin aux étrangers, contrôler mieux la sécurité. Ainsi donc Cotonou sera vidé de son contenu d’aujourd’hui : les institutions, l’administration, les camps militaires, les économies, l’éducation (les écoles, universités)….On laissera l’actuelle Cotonou aux activités portuaires et maritimes.
La décision pour cette nouvelle ville doit être prise aujourd’hui, attendre demain sera un désastre. Aucune solution ne sera assez efficace contre l’inondation quels que soient le gouvernement et les autorités de la mairie, je peux me tromper mais l’évidence est là, depuis 15 ans, on ne bouge pas et on fait du surplace. A la clef des inondations qui se font de plus en plus sévères.
L’urgence avec laquelle j’ai écrit ne m’a pas permis de faire passer l’article au scanner des experts en communication ou aux littéraires.
C’est ma modeste contribution d’Ingénieur, aux politiques d’en décider
Dr. Ir. Kabirou Bouraima.
Ingénierie des Sols et Eaux Agricoles.
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