Le phénomène de destitution des maires avait été perçu comme l’expression de la volonté des conseillers municipaux, de changer rationnellement des dirigeants indélicats à la tête des exécutifs communaux. La suite des événements avec le temps a permis de réaliser que derrière cette opération tapageuse, se cachait un agenda politique du nouveau départ. En observant avec recul les mouvements de changement des maires au sein des exécutifs communaux opérés dans plusieurs communes du pays, on est amené à constater que cette opération poursuivait un agenda politique inavoué.
Celui de débarrasser les grandes villes du pays des dirigeants qui ne regardent pas dans la même direction que le gouvernement du Nouveau départ. C’est ce qui est arrivé à Parakou, à Allada, à Ouidah, et plus récemment encore à Cotonou. Les maires sont ainsi éjectés sous des prétextes divers : gestion solitaire, dilapidation des fonds, faute lourdes etc. Des récriminations qui sont mises dans la bouche des conseillers municipaux pour justifier une orchestration politique latente. La suite, tout le monde la connait avec des rencontres de conciliation de formalité entre le maire incriminé et ses conseillers, sous le regard complice des « chargés des missions ». Et comme une lettre à la poste, la session extraordinaire du conseil municipal de vote de défiance est convoquée avec à la clé, l’éviction du maire.
C’était le cas à Parakou et à Allada. Lorsque l’opération ne réussit pas comme à Ouidah, on prend le temps nécessaire pour acheter la conscience des conseillers qui témoignent encore de leur loyauté au maire. Et lorsque l’assurance de la majorité du vote de défiance est garantie, la procédure de destitution est reprise avec plus d’écho encore. Puis sans, d’un seul coup, le maire est éjecté. On s’assure donc qu’à la tête des ces exécutifs communaux notamment : Parakou, Allada comme à Ouidah, les nouveaux commandants de bord sont disposés à entonner le chant du nouveau départ et de mettre son contenu en application. A Cotonou où le maire semblait jouir d’une majorité confortable de conseillers qui lui sont fidèles, le motus operandis change. C’est par une audition de façade du maire par la commission départementale de concertation et coordination (Cdcc) que la décision de suspension est prise par un seul membre puis entérinée par l’arrêté du ministre de la décentralisation.
La révocation dudit maire par décret du Conseil des ministres, vient seulement démontrer l’aboutissement d’un scénario savamment pensé et minutieusement articulé. Les autres grandes villes où les maires sont encore en fonction, ont pour la plupart à leur tête des dirigeants qui ont déclaré leur soutien à l’idéologie de la rupture, ainsi qu’à sa méthode de gestion du pouvoir si mitigée. De tous ces changements d’exécutifs communaux, c’est celui opéré à la mairie de Cotonou qui constitue le plus grand trophée de guerre. Puisqu’avec l’éviction tonitruante du maire Léhady, un message semble avoir été envoyé à l’endroit des autres maires réfractaires et indécis, vis-à-vis du régime. Cette éviction sonne comme une interpellation des autres maires à en tirer leçons pour rapidement rallier les rangs de leurs collègues, qui par la soumission au nouveau départ s’assurent de rester aux affaires jusqu’à la fin de leur mandat
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