Après plus d’un an d’accalmie sur le terrain de la contestation politique, place désormais à la grogne. Par un communiqué à l’allure d’un réquisitoire, le Groupe d’étude et de recherche sur la démocratie et le développement économique et social en Afrique (Gerddes-Afrique), a sonné la fin de l’Etat de grâce pour le pouvoir Talon. Il vient ainsi de montrer la voie à la société civile, pendant que la classe politique tétanisée et engluée dans les querelles intestines reste impuissante face aux dérives du pouvoir.
« C’est un acte de bravoure et d’audace dont notre pays a besoin », se réjouit un citoyen. Vingt quatre heures après sa publication, le communiqué de Gerddes-Afrique sonne comme la fausse note dans un concert où tout le monde chante à l’unisson les bonnes œuvres de la rupture. Depuis le 06 avril 2016 où il a pris le pouvoir, Talon a bénéficié d’une relative accalmie médiatique sur le front de la contestation et de la désapprobation. En dehors du Parti pour la libération du peuple (Plp) dont le jeune président Léonce Houngbadji a fait de la critique tous azimuts de la gouvernance Talon, sa tasse de thé quotidien, on n’a pas vu grand-chose bouger.
Quelques escarmouches venant de la ressuscitée coalition Fcbe et de la Convention des forces patriotiques de gauche (Cfpg), ont perturbé de temps à autre la quiétude du locataire de la Marina, sans réussir à trop l’ébranler. Mais face à l’accumulation des frustrations, il était de bon ton qu’une voix s’élève pour dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas sans oser parler. Et c’est dans ce rôle que s’est retrouvé le Gerddes-Afrique, une organisation non gouvernementale connue pour son rôle dans la sauvegarde de la démocratie. Dans ce communiqué, l’organisation a soulevé des dossiers sensibles et sa triple accusation met à nue les dérives du gouvernement. Elle accuse le gouvernement de liquider la gouvernance locale à travers la destitution et révocation de maires insoumis, de confisquer à son profit personnel l’économie nationale, et enfin de liquider les acquis démocratiques du Bénin en instrumentalisant la justice. « Le Venezuela n’est pas la seule dictature qui affame son peuple. La dictature du ‘’nouveau départ’’ du Bénin est pire que celle du Venezuela », s’indigne le Gerddes-Afrique. On comprend donc que l’Ong a décidé de frapper fort en disant les choses sans porter de gant. En publiant ce communiqué, le Gerddes-Afrique comble un vide, celui entretenu par le silence de toutes les autres organisations de la société civile devenues muettes depuis l’avènement du nouveau départ. En effet, depuis qu’il a pris le pouvoir, plusieurs acteurs de la société civile, du moins les plus en vue et les plus diserts d’antan, ont été nommés. C’est le cas des Martin Assogba, Fatouma Batako Zossou …
Classe politique aux abonnés absents
Sur le plan politique, la situation est plus catastrophique. Le régime Talon bénéficie d’une situation extrêmement apaisée. Très peu de partis politiques ont accepté de faire de l’opposition. Le Prd qui devrait logiquement s’y retrouver pour avoir perdu les élections avec son candidat Lionel Zinsou, a refusé d’en faire partie. Idem pour la Rb. Seulement qu’ici, la branche majoritaire née du bicéphalisme reste acquise au Chef de l’Etat. Il ne reste que la Cpfg et les Fcbe qui tentent vaille que vaille d’animer une opposition sans trop de conviction. Mais là aussi, les critiques et les déclarations se font rares sur les sujets d’intérêt national, et ne reflètent pas souvent la gravité de la situation. Et c’est sur ce terrain que le Gerddes a innové : oser dire les choses telles qu’elles se présentent
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