Plus d’attribution de marchés gré à gré au Bénin. Ainsi en a décidé le Chef de l’Etat, qui par courrier N*140 /Pr/Cab /Sp-c, a demandé au Ministre des finances d’interdire de passer des marchés gré à gré dans tous les ministères.A travers cette décision, le Chef de l’Etat voulait afficher sa volonté de recherche de transparence dans la gestion des marchés publics. Décision salutaire dirait-on donc dans la mesure où le gré à gré est toujours apparu, bien que légal, comme un moyen peu orthodoxe de gagner les marchés publics.
Mais une telle décision n’arrange pas la situation d’un président comme celui-ci, accusé depuis le 06 avril 2016 d’utiliser le pouvoir pour ses propres affaires. Car, ladite interdiction pose deux problèmes. Le premier c’est qu’elle confirme le recours abusif aux « gré à gré ». Pendant des mois, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer cela mais le Chef de l’Etat n’a jamais réagi. Ceux qui ont fait ces dénonciations ont presque tous été classés dans la catégorie des « opposants et des aigris », ne voulant pas du bien de la rupture.
Le deuxième problème est un problème de droit. En effet, le gré à gré est un moyen légal de passation de marché public. Son interdiction donne donc l’impression qu’on veut s’opposer à la loi. Ici aussi, on a décidé de marcher sur le Code des marchés publics en son article 51. Le recours au Conseil des ministres ne figurant nulle part dans le code des marchés publics. Plus grave, l’autorisation du Conseil des ministres amène à bon droit à penser à une volonté du Chef de l’Etat de contrôler tous les marchés publics et de les utiliser à des fins politiques. Qui est bête… A l’analyse, on pourrait dire que le Chef de l’Etat a pensé à interdire le gré à gré après l’avoir utilisé lui-même pour régler ses problèmes. Depuis avril 2016, en effet, les plus gros marchés ont été attribués par gré à gré et en toute opacité. « Je me suis servi une grosse part, à présent je vous tiens rigueur pour les miettes».
Quelques marchés gré à gré octroyés par Talon
- Bureau maritime international (Bmi) sélectionné gré à gré comme mandataire au Port pour la gestion du Bordereau électronique de suivi de cargaison ;
- Safrans-Is sélectionné gré à gré pour le recensement des Béninois ;
- Morpho Dys sélectionné gré à gré pour la sécurisation à l’aéroport de Cotonou ;
- Paras Energy sélectionné gré à gré pour la construction d’une centrale électrique ;
- African Parks network sélectionné gré à gré pour la gestion du parc de la Pendjari.
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