(Quand la précipitation, l’excès de zèle et l’incompétence plombent les dossiers sensibles). Disons-le d’emblée : l’affaire de la suspension du maire de Cotonou débutée tambour battant et exécutée au pas de charge, avec un amateurisme des plus affligeants, risque , si on n’y prend garde, de tourner court.Comme avant elle, les affaires de tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat sous le régime du changement. Comme aujourd’hui sous la Rupture, l’affaire des 18 kg de cocaïne pure retrouvés dans un des containers de la société Cajaf common de l’homme d’affaire devenu acteur politique, Sébastien Ajavon, sans oublier l’affaire des 54kg de cocaïne imputée aux commerçants Indiens.
Qu’on se souvienne de l’épisode Houndégnon/Gbènamèto, par lequel le peuple a été informé d’une tentative d’empoisonnement. Les images de cette ténébreuse affaire que le juge Angelo Houssou a relatée dans un ouvrage aujourd’hui introuvable, ont fait le tour du monde. On a exposé au grand jour les médicaments censés être administrés à l’ex-président. Les spécialistes ont parlé de certains des produits comme des traitements épileptiques. Les conférenciers avaient parlé de produits radioactifs,(ô suprême idiotie), et de drones.
La réputation de notre pays en avait pris un coup. Partout dans le monde on riait à gorge déployée de ce pays où l’on tente encore, en plein 21ème siècle, d’empoisonner un chef de l’Etat en fonction. Puis survint l’affaire dite de tentative de coup d’Etat impliquant le commandant Zomahoun et l’expert-comptable Dagnon ; tous aux commandes aujourd’hui. Ces deux affaires traitées avec professionnalisme auraient produit d’autres résultats, n’eurent été les pitreries et maladresses de Boni Yayi et de ses sbires. Heureusement, il y a aujourd’hui le livre témoignage du juge Angelo Houssou qui rétablit la vérité des faits.
Sous le régime de la rupture la méthode commando continue tristement. Il en est ainsi de l’affaire des 18kg cocaïne conduites tambour battant par le commandant Tchilao et les services de renseignements du palais. Tchilao , on s’en souvient avait déclaré, sans aucune expertise que le produit était de la cocaïne pure et en avait même donné le coût.
Le principal accusé avait beau clamer que les plombs du container dans lequel le produit avait été trouvé ont été changés… aucune enquête professionnelle n’a été diligentée à ce jour pour le confondre sur ce fait capital qui aurait pu ouvrir la piste des trafiquants qui écument le port. Et même les 10 jours de garde à vue n’ont pas permis au procureur de prouver que le célèbre prévenu était coupable du crime dont on l’accusait.
Aujourd’hui, c’est avec le même amateurisme, le même excès de zèle et la même incompétence qu’est géré le dossier du Maire Léhady Soglo. Excès de zèle de la part d’un préfet en mal de pouvoir et qui se croit aux heures sombres de l’inquisition ou des procès staliniens de triste mémoire. Il convoque au pied levé un maire élu à l’audition d’une instance disciplinaire sans aucune précaution administrative élémentaire. Et dans un scénario digne des célèbres « films Z »et« l’Aveu », il soumet au maire un questionnaire auquel il est tenu de répondre séance tenante, toutes affaires cessantes.
La réunion à peine terminée il débarque chez son ministre de tutelle qui prend aussitôt un arrêté de suspension immédiatement diffusé sur les réseaux sociaux. Le soir de ce même jour, une horde de policiers armés jusqu’aux dents encercle le domicile de l’édile de Cotonou sous prétexte de perquisition. Devant l’opposition catégorique de l’épouse du maire aidée d’avocats et de quelques hommes politiques venus sur les lieux, les agents battent en retraite, avant de revenir à la charge en nombre impressionnant le lendemain.
Il ne faisait l’ombre d’aucun doute que la perquisition se solderait par une mesure de garde à vue, à en croire les déclarations du ministre Djogbénou… Sans le dire expressément, le ministre des droits de l’homme soupçonnait le Maire d’un délit de fuite, suite à une commission de délit économique, qu’aucun document ne corrobore. Moralité : il fallait l’empêcher de se soustraire à la justice. Pourtant, l’on se souvient du cas du Maire de Porto-Novo aujourd’hui poursuivi sans mandat après paiement d’une caution. Aucune mesure de suspension n’a été prise contre lui par le ministre Dassigli pour un cas aussi grave.
Au demeurant, les leçons de morale du préfet zélé adressées au Maire suspendu et ses fortes recommandations à l’intérimaire aux fins d’exercice d’un pouvoir plénier, balaient toutes les récriminations des autorités dont les relais serviles ont été l’inspecteur général Hounnonkpè, le préfet Toboula lui-même, les ministres Dassigli et Djogbénou, tout le weekend dernier. Personne au Bénin ne cautionnera l’impunité ou la mauvaise gouvernance.
Mais dans le même temps, qu’on ne nous fasse pas avaler la couleuvre du règlement de comptes, l’usage de la force et de la brutalité dont se rendent responsables des agents incompétents, serviles et zélés.
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