Le politologue béninois Mathias Hounkpè était l’invité de l’émission hebdomadaire « sans langue de bois » de la station de radio soleil fm. Il s’est prononcé sur la gouvernance du président Talon, les sujets brûlants de l’actualité béninoise.Il émet surtout de sérieuses réserves sur la sincérité du gouvernement dans la lutte contre la corruption. Il évoque aussi bien d’autres aspects. Mathias Nkpè a abordé au total dix points au cours des 90 mn des échanges avec les présentateurs de l’émission Donklam Abalo et Virgile Ahouansè.
Son regard sur l’avènement des hommes d’affaires au pouvoir
Sur cet aspect son point de vue n’a pas varié. Il continue de soutenir que l’avènement des hommes d’affaires aux affaires n’ a jamais amélioré le monde des affaires : «C’est plutôt lorsque les hommes d’affaires prennent conscience de leur puissance et décident avec les dirigeants pour mieux organiser le monde des affaires». C’est peut être cela qui entraine la question du conflit d’intérêt.
A propos du conflit d’intérêt
Mathias Npkè affirme que dans l’esprit de la Cédeao : «la déclaration des biens concerne aussi bien le Chef de l’Etat que les membres de sa famille. Puisqu’il peut ne pas faire fortune, mais enrichir les membres de sa famille». Il soutient aussi que le président de la république déclare au peuple le statut de son ami Olivier Boko qui l’a remplacé comme Pca à la tête de ses entreprises. Que le Chef de l’Etat explique en quelle qualité, ce dernier voyage avec lui par l’argent du contribuable. Il a fustigé aussi le fait que le Chef de l’Etat voyage aussi avec son fils. Il a illustré avec le cas De Manuel Valls qui a été contraint de rembourser de l’argent qui a financé le déplacement de son fils qui était à ces côtés lors d’un voyage officiel. Mathias Nkpè a aussi décrié le fait que le Chef de l’Etat ait acheté une propriété de l’Etat malgré l’aval de la Cour constitutionnelle. Il craint que ses successeurs n’en fassent autant. Il éprouve la même déception sur les marchés de gré à gré.
Des marchés de gré à gré
L’invité a son idée claire sur la question : «les marchés de gré à gré se déroulent dans les ministères. Il s’agit de saucissonner les marchés qui doivent faire objet d’appel d’offre pour devenir redimensionner aux marchés de gré à gré. Je trouve que c’est un combat entre les collaborateurs du Chef de l’Etat et c’est un des camps qui a gagné». Son scepticisme est plus prononcé pour ce qui concerne la lutte contre la corruption.
De la lutte contre la corruption
L’invité trouve que les indices prouvant de la sincérité de la lutte contre la corruption par le gouvernement sont difficiles à percevoir. Le cas des audits est très frappant : «si le gouvernement veut auditer la gestion de Yayi Boni, autant auditer ses 10 ans de gestion plutôt que choisir certaines périodes et certaines structures seulement. Seulement donne l’impression des audits et structures ciblés».
Au sujet de la poursuite des personnalités, il estime que ceux qu ont bien géré les affaires ne devraient rien avoir à se reprocher. Il cite le cas de Komi Koutché, qui déclare avoir géré avec diligence les structures qu’il a gérées.
Sur des réformes institutionnelles et politiques
Mathias Hounkpè estiment que l’on peut procéder à la réforme du système partisan sans nécessairement opérer la révision de la constitution. Surtout que : « le président de l’Assemblée nationale et le président de la république en ont chacun parlé lors de leurs discours d’investiture».
A propos de la Haute Cour de justice : « il suffit seulement de modifier sa loi organique donc pas besoin également ici de réviser forcément la constitution»
A propos du «j’aviserai du président Patrice Talon»
Mathias Hounkpè trouve que le président devrait respecté sa parole qu’il a donnée lors de son investiture. Celle de ne faire qu’un seul mandat : « je reste convaincu que le président de la république ne changera pas de parole cela risquera de se retourner contre lui le moment venu».
De la révocation du maire et de la décentralisation
Le politologue estime que tel que les choses se sont passées dans l’empressement et la précipitation, on peut penser qu’il y avait une réelle envie de se débarrasser du maire de Cotonou. Au sujet de la décentralisation, il trouve que : « on n’a pas réussi à amener le peuple à comprendre que c’est lui qui doit à la base s’approprier du contrôle de la gestion des collectivités.
Concernant la rupture Talon – Ajavon
Mathias Hounkpè affirme que le président Talon avait commis une erreur stratégique. Il ne devrait pas se brouiller avec la 3è force politique après la présidentielle de 2016 : « Si Ajavon était toujours lié à Talon, le vote sur la prise en considération du projet de révision de la constitution se serait certainement passé autrement».
De l’appréciation de la gestion du régime du nouveau départ
L’invité de Sans Langue de Bois ressort trois types de réalisations :
1) Les réalisations qui suscitent de l’admiration
«C’est par exemple la désignation des chefs-lieux de département suivie de la nomination des préfets. On peut aussi citer l’annulation des concours dits frauduleux
2) Les actions qui sont matières à débat
«On peut citer ici le projet de révision de la constitution qui a connu un dénouement que tout le monde connait. Il est question pour Patrice Talon de revoir les parties à modifier et à relancer
3) Les actions sur lesquels le gouvernement entretient le mutisme
Mathias Hounkpè trouve que le chef de l’Etat devrait expliquer au peuple pourquoi le budget 2017 doit revenir à 1300 milliards et non plus 2010 tel qu’adopté par le parlement.
Des projections sur les législatives à venir
L’invité de Sans Langues de Bois estime que les législatives de 2019 seront difficiles parce que tout dépendra des stratégies développées par les différents acteurs. On ne peut pas encore prévoir la razzia de Yayi Boni au nord, un peu comme ca ne sera pas facile au sud ni pour Ajavon encore moins pour le Prd, l’Un, la Rb et autres. « En ce moment la situation politique est morose, les acteurs politiques sont taciturnes, personne ne veut prendre le risque de parler», a-t-il laissé entendre
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