Voisins et voisinage pour le meilleur

« Qui court va vite. Qui marche va loin » (Fin de citation). Cette pensée illustre aussi bien nos fuites en avant sans but ni horizon que nos avancées réfléchies, pondérées, fructueuses. La course, parce que nous ne savons pas où nous allons, ce que nous voulons ; parce que nous ne nous concentrons sur rien, liquidant tout bien fait vite fait, expédiant tout en deux temps trois mouvements. La marche par contre, parce que nous prenons le temps et nous nous donnons le temps de contrôler notre parcours, de le maîtriser de bout en bout.

Ainsi, qui court s’engage dans une aventure sans lendemain, se condamne à aller chercher loin ce qu’il a déjà en lui et avec lui. Qui marche se donne le temps qu’il faut ou donne le temps au temps pour faire ce qu’il faut.

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Quand, par exemple, nous pensons que notre salut est à chercher et à trouver du côté de l’ancienne métropole, nous ne pouvons qu’avoir le regard rivé sur des horizons lointains. Aussi, nous précipitons-nous vers les centres de pouvoir et les cercles d’argent de là-bas. C’est vrai que nous y avons transféré nos espérances et y avons planqué nos sous. Nous y allons négocier des subsides pour faire face à nos obligations de souveraineté, quémander des moyens pour consolider nos pouvoirs vacillants, solliciter asile, immunité, voire impunité.

Par rapport à quoi, la marche s’impose comme l’option gagnante, une solution de bon sens. C’est la marche qui nous signale la présence de nos voisins et qui nous fait prendre la mesure de notre voisinage. C’est la marche qui nous apprend qu’avant d’aller plaider notre cause à Paris, à Londres, à Bruxelles ou à Washington, nous avons une cause commune à défendre et à illustrer dans notre proximité. Avec le Nigéria, notre grand voisin de l’est qui condense un potentiel humain de plus 180 millions d’âmes, de plus de 180 millions de consommateurs. Avec le Niger, au nord. Ce pays enclavé respire et fait respirer le Bénin grâce à un vaste réseau de communication (routes, chemin de fer, port). Avec le Togo à l’ouest, concrétisant un véritable pacte de sang qui mêle et confond des individus, des familles, des collectivités dans une concélébration quotidienne. Avec le Burkina Faso au nord-ouest, le parc du Pendjari servant de pont pour une fraternité jamais encore démentie.

Si le voisinage nous avait vraiment préoccupés, nous parlerions tous, aujourd’hui, l’anglais au Bénin. Il aura fallu attendre 57 ans après l’accession de notre pays à l’indépendance pour que nous prenions la mesure d’un gâchis et décidions d’y mettre fin.

Si le voisinage nous avait vraiment préoccupés, nous aurions établi de solides accords de coopération et de collaboration avec les universités nigérianes. Nous aurions fait marquer de bons points à la recherche scientifique. Nous aurions donné un coup d’accélérateur à la libre circulation des personnes, des idées et des biens.

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Si le voisinage nous avait vraiment préoccupés, nous n’aurions pas connu ce vent de panique qui a soufflé sur le prix de certains produits de consommation courante, la bière notamment, suite à la récente dévaluation du naïra, la monnaie nigériane. Des basseries nigérianes et béninoise auraient eu l’intelligence de conclure des deals porteurs soit pour la production d’une bière commune, soit pour le partage intelligent d’un espace commercial et marchand commun.

Si le voisinage nous avait vraiment préoccupés, l’ananas que nous produisons au Bénin et que nous avons la fierté de présenter comme « le meilleur ananas du monde« , serait, chaque jour, grâce à un marketing conséquent, sur toutes les tables, dans tous les pays de la sous-région, voire du contient.

Si le voisinage nous avait vraiment préoccupés, nous aurions tissé d’autres types de rapports avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Une alternative au franc CFA par exemple y aurait trouvé un cadre de recherche, un laboratoire de conception et de réalisation. La Cour de Justice de l’organisation aurait été souvent sollicitée pour connaître de nos contentieux avec l’Etat.

C’est clair, l’histoire et la géographie nous imposent nos voisins. S’il en est ainsi, imposons-nous de tirer d’eux le meilleur. Il vaudra toujours mieux se concerter avec eux, ici, que d’aller quêter l’aumône chez les autres, là-bas. Pour qui douterait de savoir s’il faut être ici plutôt que là-bas, qu’il se cale donc sur la sagesse des nations : « De deux maux, il faut choisir le moindre« 

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