A chaque fois que le gouvernement rend publics des noms de quelques personnalités présentées comme auteurs des malversations financières, certains acteurs de la société s’empressent d’établir leur culpabilité en apportant des arguments pour le démontrer.Sans attendre la tenue des procès qui devront déterminer la culpabilité ou non des mis en cause dans le cadre de la lutte contre l’impunité, les acteurs de toutes sortes parmi lesquels des hommes de médias, précèdent déjà la justice en déclarant coupables les personnes citées par le gouvernement comme étant auteurs de malversations financières. Pourtant avant la tenue des procès proprement dits, chacun de ces accusés devrait bénéficier de la présomption d’innocence.
C’est alors que des qualificatifs péjoratifs et déshonorants sont utilisés, tendant à les présenter aux yeux de l’opinion comme étant des délinquants socioéconomiques qui devraient recevoir châtiment suprême. Il en a été ainsi pour des personnes citées dans le rapport d’audit sur la gestion des campagnes cotonnières de 2013 à 2016, puis du maire de Porto-Novo et ses collaborateurs. Plus récemment encore, la suspension du maire de Cotonou et l’indexation de Komi Koutché sur une autre affaire relative à la gestion du fonds national pour la micro finance. Ces actes de condamnation des mis en cause avant la tenue des procès constituent une entorse grave au sacré principe de la présomption d’innocence, prévu par le nouveau code de procédure pénale.
Cette présomption d’innocence est reconnue à tout mis en cause avant qu’un jugement dans le cadre d’un procès ne le déclare expressément coupable. Même lorsque le gouvernement rend publique une liste de personnes accablées par un rapport d’audit, il faut garder présent à l’esprit que ces personnes à cette étape de la procédure ne sont pas encore coupables de quoi que ce soit. Il convient donc que la différence soit établie entre l’accusation et la culpabilité.
Etre accusé, c’est être soupçonné ou présenté comme auteur d’un forfait, mais la culpabilité ne peut être établie qu’au cours d’un procès au terme duquel le juge déclare l’accusé coupable des faits qui lui sont reprochés. Ce ne sont donc pas les conclusions d’une commission, d’un rapport d’audit ou d’une quelconque enquête commanditée par le gouvernement qui doivent servir de fondement pour déclarer coupable un accusé sur une question donnée.
C’est aux hommes de médias qu’il revient dans leur rôle d’éveilleur de conscience à travers l’information juste, de sensibiliser les populations sur ce préalable. La présomption d’innocence n’est pas un privilège exclusif, il est plutôt universel. Certaines personnalités aux affaires aujourd’hui ont été citées hier dans des affaires comme étant auteurs des faits présentés comme très graves. Mais après procès, leur implication n’a pas pu être prouvée.
Loin de déclarer les actuels mis en cause dores et déjà innocents, nous entendons simplement rappeler qu’il leur soit reconnus la présomption d’innocence en attendant qu’un procès les déclare coupable ou non. Le faire, c’est aussi faire confiance à la justice et se réserver de prononcer des sentences à sa place
Laisser un commentaire