Très présente et active sous le régime Yayi, la société civile semble avoir perdu de sa verve depuis l’avènement au pouvoir du gouvernement de la rupture.Tout est parti de la note de service du Chef de l’Etat, adressée au ministre des Finances, dans laquelle le président de la république instruisait l’argentier national, aux fins de mettre un terme aux marchés de gré à gré qui sont devenus la « norme » dans les ministères.
L’information s’est répandue dans l’opinion, telle un feu de brousse. Les commentaires vont bon train dans les chaumières, les « maquis » buvettes et autres lieux de rassemblement. La question trouve écho favorable dans les médias. Les débats sont organisés sur les plateaux de télévision et dans les studios de radio. La presse écrite à sa manière relaye les faits relatifs à ce cancer de l’administration, en rapportant des témoignages saisissants des analystes et autres opérateurs économiques. Les réseaux sociaux en ont fait le sujet phare de toutes les conversations, en proposant au quotidien des réflexions sur la question.
Malgré la grande effervescence et la passion que soulève le sujet, la société civile à travers ses animateurs de premier plan, a réussi à rester en marge de tous ces investissements intellectuels. Pas un mot de la part des ténors de la société civile depuis. Que ce soit Martin Assogba, Gustave Assah ou encore Jean-Baptiste Elias, voire Julien Hounsou, c’est le silence. Un silence étonnant quand on n’est pas amnésique et donc capable de se rappeler de la réactivité admirable de ces gens de la société civile sous le régime défunt. Pour des faits similaires sous Yayi, Martin Assogba aurait déjà tenu une conférence de presse pour revenir en détail sur la question, avec parfois des illustrations pertinentes. Ses propos auraient contraint le gouvernement à créer une commission spéciale pour connaitre du problème en profondeur.
Gustave Assah serait lui aussi déjà monté au créneau pour dire combien le saucissonnage des marchés à appel d’offres pour obéir aux critères du marché de gré à gré, constitue un désastre pour la gestion des finances publiques. Il aurait présenté cette pratique comme étant la preuve de la distraction des fonds publics. Dans les mêmes circonstances, sous l’ancien régime, Jean Baptiste Elias aurait lui aussi déjà organisé une partie de show médiatique, au cours de laquelle des cas de marchés à appel d’offres saucissonnés auraient été présentés aux professionnels des médias. Julien Hounsou se serait livré lui à ces mêmes dénonciations. Mais voici que sous le régime du nouveau départ, ces acteurs de la société civile qui excellaient dans la veille citoyenne sous le pouvoir Yayi, ont curieusement perdu leur langue. Sur une question aussi préoccupante que celle de la prolifération des marchés de gré à gré, le silence de ces leaders d’opinion étonne et en devient assourdissant.
Tout se passe comme si la veille citoyenne de la société civile n’a connu sa période de gloire que sous le régime de Yayi Boni, et que l’avènement du nouveau départ aurait coupé autant de langues que d’ailes de la société civile, qui plonge sans un silence coupable. Une attitude bien étrange quand on se souvient que c’est le président de la république lui-même qui en a fait le constat. Loin de proclamer que le rôle de la société civile se réduit à dénoncer, il reste tout de même qu’à travers ses actions de veille citoyenne, elle peut contribuer à aider le gouvernement à déceler les maux de l’administration, à identifier les causes et à débusquer les auteurs, non sans suggérer des solutions. En gardant donc le silence, la société civile créé du tort au peule qui ne bénéficie plus de son aide, dans ce combat de longue haleine, vis-à-vis du pouvoir
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