La mise aux arrêts du capitaine Patrice Trèkpo, au-delà de son caractère disciplinaire d’apparence, recèle des dessous brumeux.
Le capitaine Patrice Trèkpo, secrétaire général du syndicat national des eaux, forêts et chasse, Syna-Efc, est depuis la nuit de mardi 5 septembre 2017, arrêté et placé en arrêt de rigueur pour 45 jours.
Cette sanction fait suite à son passage sur l’émission «Ma part de vérité», sur Golfe télévision. De passage sur cette émission, le capitaine et Sg du Syna-Efc, a fait des déclarations relatives aux conditions de travail de sa corporation. Il a ensuite évoqué la délégation de gestion du parc W et de la Pendjari, à l’Ong African Park Network (Pan). Le crime du capitaine qui lui a valu ce qui se présente comme une sanction disciplinaire, est d’avoir fait connaître à l’opinion publique les misères des agents des eaux et forêts dont il a la charge de défendre les intérêts, en sa qualité de secrétaire général de leur syndicat, le Syna-Efc. Les motifs officiels de son incarcération et de sa mise aux arrêts de rigueur, ne sont pas communiqués jusqu’ici. Même ses camarades syndicalistes que nous avons tenté de joindre, disent ignorer les faits qui lui sont reprochés. Mais les arguments avancés par des autorités en de pareille circonstance sont connus.
Pour le cas du capitaine Trèkpo, il n’est pas de doute que les faits qui sont reprochés tiennent à ce que cet officier supérieur des eaux, des forêts et de la chasse, vu son rang dans ce corps paramilitaire, est astreint à l’obligation de réserve. Et que par conséquent, il lui faut recueillir l’autorisation expresse de la hiérarchie avant de faire toute déclaration à la presse, ou de s’exprimer sur un plateau de télévision. Dès lors, aller se prêter aux questions de journalistes comme ça a été le cas dimanche dernier, en mettant sur la place publique les dossiers sensibles du corps, constitue selon la discipline militaire une faute grave qui expose le contrevenant à une sanction disciplinaire, comme c’est le cas avec l’arrêt de rigueur de 45 jours. Ces arguments avancés, les autorités concluront alors que sa sanction n’est rien d’autre qu’une application rationnelle de la discipline interne.
Ces explications traditionnelles seront loin de convaincre toute personne qui aurait suivi avec attention les évènements qui ont précédé son incarcération. En épluchant ses déclarations sur la chaîne Golfe Tv, on se rend vite compte que le capitaine et Sg du syndicat a fait des révélations troublantes. Rappelons-nous quelques extraits : «… le dossier du parc national Pendjari…, c’est un scandale qui a commencé par l’application sans promulgation de la loi sur le partenariat public-privé, où un marché de gré à gré a été accordé à une Ong internationale Apn ». Cet extrait évoque un marché de gré à gré et un contrat de concession avec un particulier, avant la promulgation de la loi sur le partenariat public-privé. Il reste à chacun de se faire son idée sur la sincérité du gouvernement à supprimer les marchés de gré à gré. Ces propos nous renseignent aussi sur la disposition du gouvernement à se conformer aux textes en passant de tels marchés, avant la promulgation de la loi sur le partenariat public-privé.
«Il (le ministre du cadre de vie Ndlr) … a pris une note pour demander au Dg Cegagref et à notre Dg (Efc), de mettre à disposition tout ce personnel à l’Ong international Apn. Une Ong qui a raclé un milliard deux cent mille francs Cfa de notre budget. Mais l’Ong prend cet argent, dit que c’est aux forestiers d’assurer la sécurisation des parcs, et ne paie rien du tout. On demande à notre direction de rechercher les financements pour ça… ». Voilà exposé un aspect des conditions de travail et des importantes sommes qui circulent toujours en milliard. Le capitaine ne s’est-il pas compliqué la vie en mettant à nue une affaire de milliards. Nous vous faisons grâce des autres déclarations qui portent sur l’enfermement du ministre dans son bureau, le privilège accordé à l’Ong Apn dans les parcs, etc. La question de fond que pose cette sanction, est liée à la marge de manœuvre dont dispose un syndicaliste soumis aux règles de la discipline militaire.
Le capitaine Trèkpo devra donc savoir que même de sa plus grande souffrance, il faut s’interdire de rendre public des sujets frappés du secret d’Etat
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