Le mercredi 6 septembre dernier, les autorités sénégalaises ont expulsé le franco-béninois Kemi Seba de leur territoire vers la France, à la surprise de tous. La présence du défenseur de la suppression du franc Cfa, constituerait un trouble à l’ordre public pour l’Etat sénégalais. Depuis cette annonce, on observe toujours le silence de la diplomatie béninoise. Ce mutisme est préoccupant lorsqu’on sait que l’activiste est d’origine béninoise.
Avant d’embarquer pour la France, Kemi Seba a été retrouvé porteur de deux passeports : l’un béninois en état d’expiration et l’autre français, encore en état de validité. Les autorités sénégalaises ont choisi de le reconduire en France au lieu du Bénin, parce que pour ces dernières, il était question « de le retourner à son pays d’origine ». Pourtant, ces mêmes autorités auraient pu le renvoyer au Bénin étant donné qu’il avait avec lui le passeport béninois, même expiré. Cependant, le silence de la diplomatie béninoise étonne à plus d’un titre lorsqu’on s’attarde un peu sur la forme de cette affaire.
A y voir de près en effet, un citoyen de nationalité béninoise qui réside au Sénégal ne devrait pas connaitre une expulsion parce que le droit communautaire fait de lui un citoyen de l’espace Cedeao. On peut donc voir cet acte comme une atteinte aux lois communautaires qui garantissent à tous les citoyens de l’espace, une liberté de circulation et même de résidence. Dès lors, même si les autorités sénégalaises estiment que Kemi Seba représente un cas de trouble à l’ordre public, la manière par laquelle il a été expulsé de ce pays reste sujette à caution. Personne ne sait jusqu’ici s’il a été accordé au citoyen Kemi Seba le choix de retourner en France ou d’aller dans un autre pays d’Afrique de l’Ouest. Vraisemblablement, c’est comme si sa destination lui a été imposée. Et c’est à ce niveau que son pays d’origine le Bénin devrait entrer en scène, pour, tout au moins, connaitre de la situation ou se prononcer même après sur ce qui lui est arrivé.
L’indifférence de la chancellerie béninoise
Nul besoin de revenir ni d’apprécier les actes qui ont poussé les autorités sénégalaises à prendre cette décision. Il y a seulement à regretter que même si le citoyen Kemi était devenu indésirable au Sénégal, pour dit-on avoir été désobligeant à l’endroit du président Macky Sall, ce pays aurait quand même pu contacter les autorités béninoises pour s’accorder avec elles sur la démarche. Est-ce parce que la diplomatie béninoise entend s’orienter vers l’économie que la défense des citoyens de la diaspora est reléguée au second plan ? Ce silence sonne comme une alerte aux béninois vivant à l’extérieur. Ils devraient désormais compter sur eux-mêmes quand ils sont en difficulté dans leurs pays d’accueil.
Pour rappel, c’est le 19 août 2017 que Kemi Seba a brûlé un billet de 5000f CFA, lors d’une manifestation publique à Dakar. Arrêté à son domicile le 25 août par la division des investigations criminelles, suite à une plainte de la BCEAO, il a été jugé par le tribunal de flagrants délits de Dakar le 29 août 2017. Procès qui s’est soldé par sa relaxe. Mais le parquet de Dakar interjette appel le 5 septembre passé. Cependant, avant la tenue de ce procès, le ministre de l’intérieur du Sénégal prend un arrêté dans la soirée, qui ordonne l’expulsion du franco-béninois du territoire sénégalais, non pas en direction du Bénin, mais vers la France. Son épouse et ses enfants seront contraints de le suivre le lendemain
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