Réflexion sur nos fêtes religieuses

La Tabasky, c’est fini. Beaucoup de viande de mouton pour rendre grâce. Mais plus sûrement, chez certains, pour flatter le palais, pour charger le ventre. Les poches auront beaucoup souffert. Mais dirons-nous, comme pour nous dédouaner, rien n’est trop cher, rien n’est trop grand pour honorer Dieu.Noël, ce n’est plus très loin. Des jouets par milliers vont pleuvoir sur les tout petits. C’est la condition pour être tenu pour un parent aimant, remplissant toutes ses obligations de parent. Les poches vont en souffrir. Le temps des poupées de chiffon est bien révolu. Les tout petits ne rêvent et ne pensent qu’aux jouets de dernière génération.

De l’électronique de pointe. Les marchands de jouets se frottent déjà les mains, aidés par un marketing agressif. La moisson s’annonce bonne.

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Voilà comment va notre monde. Le profane bouscule le sacré.  Les commerçants font main basse sur le spirituel. Les marchands du temple dictent leur loi, imposent leurs articles de foi. L’argent-roi monte sur ses ergots. C’est Lucifer en ses œuvres, dans sa prétention de tout régenter dans le monde.

Dans cette course effrénée à la viande de mouton combien sommes-nous à saisir la force du symbole au cœur de l’événement ? Le sacrifice d’Abraham est fort et dense de sens et de signification. Il transcende la religion musulmane, sous le rapport de l’obéissance due à Dieu par un être humain. En courant après le mouton, nous sommes-nous arrêtés un seul instant pour nous désaltérer en grâce et en bénédiction à la source intarissable de ce symbole ? Remettons nos vrais problèmes de vie au centre. Comme on le fait d’un ballon de football avant qu’on ne commence ou qu’on ne reprenne un match. Une bouchée de viande, aussi délicieuse soit-elle, ne doit pas nous faire oublier Dieu.

Cette même réflexion est à conduire sur la fête de Noël, institutionnalisée depuis fête des enfants. Nous n’avons rien contre. La naissance de l’enfant Jésus peut être vue et comprise comme telle. L’enfance, c’est la célébration de l’avenir qu’André Malraux dit être « le plus beau présent que le passé nous fait ». C’est en cela qu’on a raison de dire que « L’enfant est le père de l’homme ». Nos enfants sont nos héritiers. Des héritiers en valeurs avant d’être des êtres à combler de jouets. Et Dieu sait qu’on ne joue pas avec les valeurs.

C’est le lieu de nous interroger sur les jouets de Noël qui transforment nos pays, l’espace d’une fête, en terre de colonisation culturelle. Dans le silence de nos autorités. Dans l’indifférence de nos intellectuels. Dans l’ignorance de nos populations. Nous mangeons et gobons tout et notre appétit est sans limite. C’est à se demander si nous ne sommes pas des cobayes sur lesquels les autres font leurs expériences et testent leurs produits.

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Les jouets ont des vertus socioéducatives certaines. Nous devons en faire des supports didactiques, des outils pédagogiques. A la condition expresse de les concevoir en adéquation avec les réalités culturelles d’un milieu donné. Sonne ainsi l’heure des jouets « made in Bénin » « made in Africa ». Mobilisons nos intelligences. La mondialisation ne doit pas nous bousculer au point de nous faire perdre le sens de notre marche en avant. A orienter dans trois directions au moins.

  1. Libérer le sacré et le spirituel des assauts du profane. Rien ne doit nous masquer Dieu. Ni la viande de la Tabasky, ni les jouets de Noël. Qui sait se mettre en situation d’avoir constamment faim de Dieu, peut faire une juste place dans la vie et dans sa vie à la viande de Tabasky et aux jouets de Noël.
  2. Libérer nos religions de l’action insidieuse et dévastatrice de l’argent. La viande du mouton a un coût. Les jouets de Noël aussi. L’accès à ces biens reproduit nos inégalités sociales. Nos religions doivent s’en démarquer. Elles doivent,   autant que possible, aider à les atténuer à défaut de les éradiquer. La solidarité est le maître-mot contre ces inégalités.
  3. Ancrer nos religions dans la vivante et féconde dialectique du singulier et du pluriel. Dieu est un. Pourtant, il nous a   créés différents. Ce n’est pas par hasard. L’universalité de Dieu n’est que l’harmonieuse conjugaison de nos différences, la diversité structurant et confortant l’unité. Nous sommes tous frères et sœurs en Dieu. Que dire de plus ?

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