Afrique : besoin de chef

Il n’est pas un pot de fleur, le chef. Un prétexte décoratif et esthétique. Il n’est pas non plus une personne destinée à faire de la figuration à la tête d’une organisation, le chef. Un leurre pour distraire et pour divertir. Le chef, c’est la tête, au sens physique du terme, comme siège des fonctions vitales de l’homme. Le chef, c’est la tête, au sens mental du terme, comme siège de la vie psychique et des facultés intellectuelles de l’homme. Le chef résume, à lui tout seul, une organisation dont il est l’âme. Le chef projette la vie, le devenir d’une organisation dont il incarne la vision et les ambitions.

Qui a ainsi compris les choses ne peut banaliser la notion de chef. Ne peut soutenir que tout le monde est chef. Ne peut dire   que tout le monde peut être chef. Or, d’une manière générale, les intérêts sordides qui entourent la désignation du chef, les calculs machiavéliques qui président à son élection ne prennent pas souvent en compte les exigences et l’esprit de ce qu’il y a lieu de tenir pour une haute fonction, une éminente responsabilité. Refuser de voir les choses ainsi, c’est dégringoler dans la banalisation et dans l’approximation.

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Le chef est un leader. Il incarne, comme tel, un leadership. Se pose alors la seule question qui vaille : quel leader, pour quel leadership ? Imposons-nous trois escales pour éclairer le mot et le concept.

Première escale. Le leader et le leadership sous le paravent de Dieu. Dieu, c’est la référence suprême. On estime dès lors que tout chef, tout leader estimé être l’émanation de Dieu est directement investi par Dieu. C’est le principe du droit divin. C’est ce qui a sous-tendu tous les régimes monarchiques à travers l’histoire. On fait fi des cabales et intrigues d’arrière cour au travers desquelles s’illustrent les divers prétendants à la charge suprême. On estime que c’est la main invisible de Dieu qui s’est manifestée à travers celui qui a triomphé du choc des intérêts contraires. Même si celui-ci est un taré fini,  un incapable notoire. Ainsi, les hommes se servent-ils souvent de Dieu pour fabriquer de toutes pièces des leaders et d’un bloc un leadership. Nombre de régimes politiques africains empruntent à cette conception du chef et du leadership. Le président élu s’agrippe au pouvoir avec l’énergie du désespoir. Mettant Dieu en avant, il se comporte comme un monarque héréditaire.

Deuxième escale. Le leader et le leadership à l’aune des intérêts des hommes. Il y a, dans toutes les sociétés humaines, des profils de vrais chefs, de vrais leaders. Mais les pesanteurs diverses de l’environnement les cachent. Les manipulations médiatiques et communicationnelles diverses étouffent leurs discours, brouillent leur image. Les contrevaleurs diverses, tel l’argent, qui travaillent négativement notre société, les relèguent à l’arrière plan. Tout est ainsi en place pour que l’on préfère à ces vrais leaders, des chefs improvisés ou imposés. Ainsi, pour beaucoup, le chef c’est l’homme ou la femme le plus lettré. Parce que parlant bien le français de France. Parce que trimbalant par monts et par vaux une cantine de diplômes. Pour d’autres, le leader c’est l’homme ou la femme le plus fortuné. Parce qu’ayant le porte-monnaie plein, mais surtout généreux. Parce qu’étant maître dans la manipulation des tiroirs-caisses et des télécommandes.

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Troisième escale. Le leader et le leadership en réalité et en vérité. Trois facteurs combinent leurs effets pour tracer le profil du bon leader à qui échoit le privilège de développer et de rayonner un bon leadership : le savoir, l’action, l’expérience.

On peut avoir de bonnes dispositions à être un leader. Cela ne dispense pas pour autant de l’impérieuse nécessité de se former au leadership. Il y a une science du leadership. Il fait l’objet d’un enseignement spécifique. Le leadership est un savoir et un savoir-faire. Il faut en connaître les ficelles, en maîtriser les tenants et aboutissants.

Par ailleurs, c’est l’action qui révèle le leader, au-delà des discours, et qui renseigne sur la qualité de son leadership, au-delà de toute profession de foi ou déclaration d’intention. Le leader c’est l’homme ou la femme qui agit et dont le leadership s’apprécie à l’aune des résultats qu’il produit ou engrange.

Aussi vrai que « c’est en forgeant que l’on devient forgeron », c’est en exerçant ses prérogatives de chef dans la durée que le leader se fortifie, se renforce sous le soleil d’un leadership pleinement assumé. Que reste-t-il à dire ? Que naissent de vrais leaders. L’Afrique en a faim. L’Afrique en a soif

Une réponse

  1. Avatar de GbetoMagnon
    GbetoMagnon

    De nouveau et encore, mon avis: l’Afrique a besoin de systèmes forts (qui contraignent et encadre, au bénéfice de l’intérêt général, les pouvoirs absolus ), pas de chefs forts

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