Apprendre à apprendre

Apprendre. Voilà un bien joli mot. Un mot gorgé de sens, de suc et de sève. Apprendre, c’est acquérir un ensemble de connaissances par un travail intellectuel ou par l’expérience. Apprendre, c’est gagner la capacité de faire, de réaliser quelque chose. Et il se trouve que nous sommes programmés pour apprendre toute notre vie, de la naissance à la mort. De ce point de vue, vivre, c’est apprendre à apprendre, du berceau à la tombe. Par souci de méthode, mais sans aucun ordre de priorité, observons cinq étapes sur le chemin ainsi indiqué.

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Premièrement : j’apprends. C’est la phase initiale. On s’ouvre à la vie en s’ouvrant au savoir, à la connaissance. C’est une aventure de découverte. De découverte de soi, de l’autre. D’approche critique des habitudes, des visions, des valeurs d’une communauté humaine. On apprend à nommer et à relier les choses. On s’applique à déchiffrer l’alphabet de la vie. On s’exerce à situer les êtres et les choses dans le temps et dans l’espace. Chaque chose à sa place. Chaque chose en son temps. Voilà qui fait de l’école une institution universelle aussi vielle que l’humanité. Tous les groupes humains y ont recours pour socialiser leurs membres.

Deuxièmement : j’apprends un métier. La diversité des activités humaines traduit la diversité des processus d’apprentissage dans lesquels chacun s’engage. On part du plus simple au plus complexe, du général au particulier. Après la   découverte de soi et du monde autour de soi, on en arrive à   prendre possession de soi et du monde. Ainsi, au pouvoir de savoir s’ajoute le pouvoir de savoir faire. C’est la raison pour laquelle, on ne tiendra jamais pour un mécanicien accompli celui qui sait tout du moteur d’un véhicule. Mais pour le réparer, que nenni !

Troisièmement : j’apprends à servir les autres. Une fois qu’on a appris un métier, reste à l’exercer. L’apprentissage initial se prolonge en un apprentissage continu. En termes plus précis, on laisse derrière soi l’aire d’échauffement pour entrer dans l’arène de la vie. On est appelé à s’illustrer dans le cadre d’une activité socioprofessionnelle. On s’invite à prendre une place ou sa place sur le front du travail. Et le travail ce n’est pas ce que l’on bricole chaque jour pour mériter de gagner son pain, de gravir des échelons, de glaner des galons. Le travail pour nous, c’est le service, le service que l’on rend aux autres. Avant l’argent ou tous autres gains et avantages. De ce point de vue, le travail établit une nette démarcation entre deux types de personnes. Celles qui courent après un gain et rien de plus. Celles qui subordonnent ce qu’elles gagnent à la qualité des services qu’elles rendent. C’est clair : le montant d’un salaire attendu ne vaudra jamais la qualité d’un service rendu.

Quatrièmement : j’apprends à donner un sens à ma vie. Il n’est point de vent favorable pour qui ne sait où il va. Il faut avoir un but dans la vie. Il faut s’obliger à donner une direction à sa vie. Il faut se convaincre des raisons d’un engagement. Oui, engagement. Le mot est lâché. Car s’engager, c’est donner un sens à son existence. C’est miser sa responsabilité, faisant d’un enjeu sa vie, l’offrande de sa vie. Car il s’agit de faire dépendre son sort des choix que l’on fait. Car il s’agit de s’inscrire dans une action anticipatrice. L’échec est refusé à l’avance parce qu’on s’est donné pour seul et unique allié l’espoir que l’on dit être la matière première du succès.

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Cinquièmement : j’apprends à partager avec d’autres mes valeurs et le sens que je donne à ma vie. « Vae sole », « malheur à l’homme seul », avertissaient déjà les Latins.  Nous ne sommes pas faits pour nous recroqueviller sur nous-mêmes. Ensemble, nous sommes toujours plus forts. Dans le droit fil du titre de l’ouvrage récent de Thomas Boya et de Jérôme Carlos : « La richesse, c’est moi, c’est toi et moi ». Nos valeurs ne croissent en valeur que partagées. Elles sont à semer dans l’arène politique. A répandre dans notre espace professionnel. A faire partager avec les membres de notre famille, de notre communauté. A défendre et à illustrer partout où besoin sera. Comme on le voit, l’apprentissage couvre une vie entière faisant de nous des apprentis permanents, éternels. Il est au commencement et à la fin. Nous apprenons la vie. Nous apprenons de la vie. Toute notre vie

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