Le chef de l’Etat béninois Patrice Talon est désormais dans l’œil du cyclone. Les actes politiques de l’homme de la rupture n’inspirent plus confiance et suscitent des critiques et dénonciations. Ceci, non plus seulement dans le rang des citoyens, mais aussi des hommes politiques qui furent pourtant soit des alliés politiques du P.R, soit de bon conseil durant sa campagne électorale.
C’est un secret de polichinelle. Patrice Talon est visé par des critiques du fait de la politique de la ruse qu’il entretient depuis quelques mois au sommet de l’Etat. Les premiers actes ‘’fâcheux’’ posés au début de son mandat suscitent indignation et amertume. Les acteurs politiques n’ont pas mâché leurs mots face à une ‘’domination stratégique’’ de l’économie nationale. Très tôt, les voix se sont levées pour dénoncer le conflit d’intérêt au sommet de l’Etat. Cette dénonciation est en lien avec le rétablissement des sociétés de l’homme d’affaires devenu président de la République, les mesures d’allègement fiscal accordées à certaines structures dont Bénin contrôle, le manque de politique sociale, l’absence de dialogue avec les travailleurs, le silence et la gestion ‘’opaque’’ du pouvoir politique, l’achat du domaine privé de l’Etat.
Les casses sauvages opérées dans le cadre du déguerpissement des espaces publics complètent la liste. De même que les répressions contre les opérateurs économiques, les lois sur le PPP, la liquidation des sociétés, les licenciements, l’affermage, la gestion déléguée des sociétés, etc. L’animation de la vie politique du Bénin est dans une nouvelle dynamique. Longtemps contraints au silence pour des raisons de délai de grâce, certains politiciens commencent à donner de la voix. Dans le rang de ceux-ci, il y a certainsamis et alliés de Patrice Talon.
Du moins, ceux qui ont porté leur choix sur lui en tant que candidat à la magistrature suprême. Mais surtout pour dire non à la manière de gérer les affaires publiques et les hommes. On était loin d’imaginer la tournure catastrophique des relations entre Patrice Talon et son ami Sébastien Ajavon. Le sacrifice consenti par ce dernier pour la victoire de Patrice Talon au second tour de l’élection présidentielle est encore frais dans les mémoires. Peut-être que cette rupture d’avec Sébastien Ajavon, à qui il a promis monts et vallées, parait précipitée. Mais les réalités du pouvoir sont tout autres. Le fossé politique crée désormais distance et désaccord entre les amis d’hier et conduit à une opposition farouche dont l’autre vieil ami, Candide Azannaï est la figure de proue, soutenu par certains députés de la minorité parlementaire. Le Parti communiste du Bénin s’opposant à la Françafrique, désignait indirectement le candidat Talon au second tour. A vrai dire, tous ont porté la candidature de l’homme de la rupture. Mais après moins de six mois d’exercice du pouvoir, ils ont tous décidé de lui tourner dos. Et Selon les informations, les amis du chef de l’Etat ont opté pour l’opposition malgré eux.
Briser la glace
Le chef du gouvernement est vulnérable aux dénonciations et critiques. Chacun sort de sa réserve pour porter des jugements sur la gouvernance actuelle du Bénin. Pour paraphraser le député du parti Restaurer l’Espoir Guy Mitokpè, « la gouvernance du chef de l’Etat ne rassure personne ».
Son mentor, Candide Azannaï, ancien ministre délégué à la défense, ne pouvait plus garder silence pendant longtemps. Ce dernier dans une récente déclaration à la faveur de son Conseil national à Abomey, affirme : « Depuis avril 2016, je ne parle pas. Cela ne veut pas dire que je suis un lâche ou que j’ai abandonné ceux qui m’ont fait confiance ou encore que les questions publiques de mon pays ne m’intéressent plus. Je n’ai pas parlé à ce jour pour éviter qu’ils prennent comme prétexte mes déclarations pour un frein à l’exécution de leurs projets. »
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