Le premier réaménagement de l’équipe gouvernementale de Patrice Talon, intervient au moment où le doute commençait à s’installer.Ce remaniement du vendredi 27 Octobre 2017, a pris à contre-pied les prédictions sur sa composition et il trahit des situations latentes que nous nous proposons de mettre en évidence. Les trois ministres arrivés au gouvernement sur proposition de Sébastien Ajavon ont été remerciés.
Même si la nomination et la révocation des ministres relèvent du pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat, il reste que la sortie simultanée de ces ministres demeure curieuse. Il y a lieu d’allier la sortie groupée de ces ministres au climat de tension qui règne entre l’homme d’affaires et Patrice Talon. Même si Ajavon avait déclaré ne pas influencer leur départ ou leur maintien au gouvernement, il reste que leur départ simultané du gouvernement donne du grain à moudre.
D’abord parce que le bilan de leur dix mois aux affaires n’est pas identique et n’est pas le plus catastrophique, comparé à celui d’autres ministres restés dans le gouvernement. Lucien Kokou a conduit la première année scolaire complète de l’ère Talon, avec des taux de réussite satisfaisants au Bepc et au baccalauréat, contrastant avec l’héritage de Yayi. Rafiatou Monrou a contribué à l’embellie observée ces derniers mois dans la téléphonie mobile. Cela a été l’œuvre conjuguée de la ministre de la communication et de l’Arcep, qui ont décrié tour à tour l’absence de concurrence dans ce secteur.
Les clients ressentaient déjà des pas significatifs chez tous les opérateurs en termes de qualité de service et de concurrence. C’est peut être seulement Delphin Koudandé qui a passé son temps à gérer une patate chaude, née de la décision du gouvernement de liquider 3 entreprises publiques qui étaient sous sa tutelle. Mais s’il doit payer pour la régularité des grèves dans son département ministériel, sa situation n’était pas plus alarmante que celle du ministre de la santé qui est resté en poste. Ce remaniement, c’est aussi la création dans le gouvernement après critique, d’un ministère chargé des questions sociales. Certains pensent qu’après 18 mois d’affairisme avec de juteux marchés de gré à gré, Patrice Talon pense enfin au social.
Ce remaniement a aussi fait passer le nombre de femmes dans l’équipe de trois à quatre, et on note que Patrice Talon a voulu atténuer l’influence de Yayi Boni et ses affidés dans le nord, en ajoutant aux 3 ministres de l’ancienne équipe, 4 nouveaux. Ils sont désormais 7 ministres ressortissants du septentrion. Enfin, la période choisie pour opérer ce remaniement ministériel coïncide fort curieusement avec l’effervescence des débats sur le Ravip, qui doit démarrer le 1er novembre 2017, et le retour à l’Assemblée nationale du projet de révision de la constitution. Cette coïncidence est loin d’être un hasard, cela semble bien être fait à dessin. Question de distraire l’opinion pour détourner son attention de ces questions de tout premier ordre.
Répondre à GbetoMagnon Annuler la réponse