Officiellement le président de l’Ong urgences panafricanistes Kémi Séba a foulé dans la nuit de ce dimanche 23 octobre 2017 le sol béninois. A sa descente d’avion, il nous a accordé une interview exclusive dans laquelle il est revenu sur son expulsion du Sénégal et bien d’autres.
LNT : Vous venez de fouler le sol béninois, quelles sont vos impressions ?
Kémi Séba : Je ressens de la joie car j’ai été bien accueilli par la jeunesse de mon pays. C’est une joie. Car je suis parti dans des conditions difficiles de la terre africaine suite à la volonté de certaines autorités soumises à la France, et je reviens parce que l’autre partie de ce continent attend toujours que la libération, l’indépendance, la souveraineté et l’autodétermination puissent être appliquée. Raison pour laquelle je reviens au Bénin en guise de première étape pour faire la tournée de tous les pays de la zone francophone et revenir sur la terre de mes aïeux, cela à un sens, un sens profond et nous allons tout faire pour être dans une démarche de communion avec la jeunesse africaine qui est dans cette dynamique d’autodétermination.
Que devient l’ultimatum que Kémi Séba à donner aux dirigeants africains de rédiger un plan de sortie du FCFA ?
On a des retours en off. Des choses qu’on ne peut pas dire de manière explicite. Mais une chose est certaine, il faut que les autorités africaines telles qu’elles soient comprennent que nous ne sommes pas dans une démarche de guerre contre elles. Nous sommes leur fils, ils sont nos pères parfois nos mères. Mais il faut que nos aînés comprennent que la jeune africaine ne peut plus courber l’échine, que la jeunesse africaine ne peut plus être à quatre pattes devant un occident qui ne cesse de nous ruiner. Dire cela, ne signifie pas que nous sommes contre les occidentaux dans leur globalité. Il y a des millions d’occidentaux qui souffrent eux-mêmes de leurs élites. C’est un combat de peuple, c’est un combat de classe, ce n’est pas un combat de race. Et dans ce combat de classe, nous demandons à nos élites qu’elles soient du côté du peuple et non pas du côté de ceux qui sont dans une démarche de spolier ce même peuple là.
Le CFA n’est qu’un chapitre dans le grand livre de prédation, d’un grand livre de dépouillement, d’un grand livre d’oppression. En parlant du CFA, on ne s’arrête pas simplement à la monnaie, on parle du néocolonialisme français sur le continent africain. Nous parlons de l’impérialisme sous toutes ses formes. Nous sommes dans cette optique aujourd’hui, pour dire que la jeunesse africaine a vu, elle a appris, elle a entendu. Elle a vu ses parents se faire dépouiller, elle a vu ses grands-parents se faire opprimer. Elle a décidé aujourd’hui de dire non. Et c’est un combat d’un peuple, mais aussi de toutes les populations qui aspirent à la liberté et à cette démarche d’autodétermination.
Il est dit dans certains cercles intellectuels en Afrique que Kémi Séba est venu trop tard dans un monde trop vieux. Qu’en dites-vous ?
(Sourire) !!! La plupart du temps ces élites-là sont des élites qui sont coptés par l’occident. Donc elles sont le perroquet généralement de l’oligarchie occidentale. Je ne peux pas leur en vouloir, elles ont été formées pour penser comme ça. Le continent africain est grandement dans une situation dramatique aujourd’hui parce que nous avons des élites qui ne sont rien d’autres que des perroquets, rien que des singes qui répètent systématiquement ce que les autorités occidentales veulent entendre. C’est pour ça qu’on les qualifie d’élites. Il serait d’ailleurs intéressant de se poser la question qui nomme qui élite ? Généralement quand ceux qui vous dépouillent vous nomme élite, c’est que vous êtes des grands portes paroles de leurs intérêts, et pas les intérêts du peuple. Donc je ne suis même pas en guerre contre ces dernières, elles sont en guerre contre elles même, parce qu’elles font partie d’un monde qui est en train de tomber. Ce sont elles qui font partie d’un monde trop vieux. Nous nous sommes une nouvelle génération qui va les faire passer du côté de l’ancienneté définitive, et ceux qui voudront être du présent devront être dans une logique de responsabilisation de soi et de défense de nos intérêts. Toutes les élites du monde défendent les intérêts de leur peuple. Dans nos pays, nos élites défendent les intérêts des autres peuples que les nôtres. C’est quelque chose qui pose problème.
Ne crains-tu pas une expulsion chez toi comme au Sénégal ?
En réalité, je suis chez moi partout en Afrique. Et ce n’est pas parce que Macky Sall a fait des basses besognes de l’impérialisme français, puisqu’il faut appeler un chat un chat, sous injonction de certains présidents de la sous-région que je ne citerais pas, même si tout le monde les connait que cela signifie que je n’étais chez moi au Sénégal ou ailleurs. Nous sommes des enfants du continent africain, et nous sommes les enfants de ceux qui ont voulu les Etats unis d’Afrique. Et si certaines élites ont trahi leur ambition par rapport à cette unité africaine, il faut savoir que le peuple lui est dans cette démarche de solidarité africaine, de fraternité africaine. Je suis ici parce que c’est la terre symboliquement parlant de mes pères, patrie extrêmement importante, mais je tiens à rappeler que je suis le fils de la terre mère. Un enfant ne naît que parce qu’il y a un père et une mère. Il y a la patrie qui est le Bénin et il y a la mère qui est la terre mère, et je vais visiter cette terre mère partout dans les mois à venir pour installer les bases du mouvement anti CFA.
Appel à l’endroit de la jeunesse africaine !
Je vous aime profondément. Nous sommes prêts à risquer votre vie pour vous. Je pense que la jeunesse le sait. Nous ne vivons que pour cette autodétermination. Nous ne vivons que pour donner une autre image de l’Afrique. L’image de l’Afrique qui refuse de se faire piller, l’image de l’Afrique qui veut profiter de ses propres richesses, l’image de l’Afrique qui veut profiter de ses propres matières premières. Une image de l’Afrique qui ne veut plus que les bases militaires d’autres entités soient chez elle, mais que nous n’ayons pas de bases militaires chez les autres. Une image de l’Afrique qui veut profiter de son propre sol et non pas laisser son sol à l’extérieur. L’image de l’Afrique qui veut aimer l’humanité à condition que l’humanité nous respecte. Mais s’il nous considéré comme des paillassons, on leur fera comprendre que le paillasson peut se lever et peut devenir une montagne.
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