Accusé d’avoir reçu des retro-commissions, le charismatique syndicaliste Laurent Mètongnon a été placé sous mandat de dépôt ce jour. Lire ci-dessous les déclarations de quelques avocats.
Me Aboubacar Baparapé : « Le pouvoir de la rupture visait une seule chose, mettre en prison Laurent Mètongnon »
« Je voudrais vous annoncer que Mètongnon Laurent a été placé sous mandat de dépôt, en même temps que Ahonon Célestin, Alassane Kémoko, Moussa Adégoké, Alabi Edouard, Mora Jérémie, Youssao Saliou.
En tout état de cause, vous auriez dû constater que c’est tous les anciens administrateurs de la Cnss qui ont été placés sous mandat de dépôt. En effet, la personne visée principalement par le régime Talon, vous vous en doutez, c’est bien Mètongnon Laurent puisqu’il avait été déjà condamné par le conseil des ministres, avant même que cette supercherie de parodie de justice soit mise en marche. Nous avocats, dénonçons cet acharnement contre ce vaillant combattant qui subit une deuxième torture, puisque c’était un ancien détenu libéré qui a repris du service et qui a été à la retraite. Aujourd’hui, le combat pour lequel il a été enterré vivant, c’est ce combat qui est en train d’être remis en cause, à savoir la liberté et la démocratie. On disait après l’affaire Ajavon à qui le tour ? C’est le tour de Laurent Mètongnon dont le crime est d’être un vaillant combattant intrépide et irréductible.
Mesdames et messieurs les journalistes, Militants et militants,
Notre pays amorce une nouvelle phase, la phase la plus sombre du processus démocratique pour lequel les Luc Togbadja, Akpokpo Glèlè Rémi et tant d’autres ont offert leur vie pour qu’aujourd’hui soit.
Sur le plan procédural, nous avons offert tous, à commencer par Laurent Mètongnon qui est visé, de payer un cautionnement. Ces titres fonciers sont là, nonobstant ces garanties qui ont été offertes, le procureur de la République a décidé de le placer sous mandat de dépôt en même temps que les autres administrateurs. Donc vous comprenez très bien qu’en réalité, le pouvoir de la rupture visait une seule chose. C’est de réduire et de mettre en prison Laurent Mètongnon. Nous avons fait observer au procureur de la République qu’au terme des huit (08) jours, la loi dit que c’est l’audience de flagrant délit qui doit être programmée immédiatement. Donc de ce point de vue, les renvoyer au 19 décembre, constitue pour nous une autre forme d’acharnement. Parce qu’ayant l’opportunité des poursuites, le procureur devrait programmer l’audience aujourd’hui ou au plus tard demain. Il ne l’a pas fait. Il est en mission et il a exécuté sa mission. Comme quelqu’un l’a dit, le peuple avisera ».
Me Agbodjo Renaud : « La nuit vient de tomber sur la justice de mon pays »
« Je dirai en peu de mot qu’aujourd’hui, la nuit vient de tomber sur la justice de mon pays pour la simple et bonne raison que les personnes dont les noms ont été cités tantôt sont officiellement des détenus politiques du régime Talon. Voilà un dossier, si on le prend seulement au plan technique, celui qui accuse n’a ni preuve ni indice pour confondre les personnes qu’il accuse. Voilà un dossier où il y a eu des perquisitions au domicile des différentes personnes mises sous mandat de dépôt aujourd’hui. Les perquisitions ont été toutes infructueuses. A défaut de trouver de l’argent, on est allé saisir de petites bouteilles de champagne et c’est sur la base de bouteilles de champagne qu’on a placé sous mandat de dépôt Laurent Mètongnon. Retenez ceci, aujourd’hui 23 novembre 2017, le Bénin vient de faire 35 années de retour en arrière en matière de démocratie. Nous prenons l’opinion publique nationale et internationale à témoin. Rendez-vous le 19 décembre 2017 pour pouvoir dénoncer l’injustice qui se perpétue. En octobre 2016, c’était Sébastien Ajavon, aujourd’hui 23 novembre 2017, c’est Laurent Mètongnon. Si vous n’y prenez garde, le 23 novembre 2018, ce sera un parent de votre famille, de notre famille, ce sera quelqu’un d’autre ».
Me Akondé Amos : « Je demande au peuple béninois de se mobiliser avec nous »
« Moi je suis vraiment triste pour mon pays, je suis triste pour la justice de mon pays. Parce que pour ceux qui me connaissent, ils peuvent trouver étonnant que moi je me retrouve ici à cette place. Parce qu’en son temps, moi j’ai travaillé à assurer la défense du chef de l’Etat. Heureusement peut être que pour lui la justice de notre pays a bien fonctionné en son temps. Je pense que si cette justice-là a bien fonctionné, c’est parce qu’elle n’était pas instrumentalisée. Mais aujourd’hui, malheureusement, c’est ce qu’on constate. Lorsque nous avons fait notre point de presse hier, nous avions déjà attiré votre attention sur le fait que les droits de la défense de notre client Laurent Mètongnon étaient plusieurs fois violés. Nous avons dû combattre pour obtenir le droit même de l’assister.
Notre code de procédure pénale en son article 402 stipule : « L’individu arrêté en flagrant délit est déféré devant le procureur de la République conformément à l’article 72 du présent code. S’il a été placé sous mandat de dépôt, est traduit sans délai à l’audience du tribunal ». Ça veut dire que normalement quand on poursuit Laurent Mètongnon devrait être traduit à l’audience aujourd’hui. Tous les jours au tribunal de première instance de Cotonou, il y a audience de flagrant délit. La loi dit si on ne le fait pas, il est traduit à l’audience la plus proche. Et l’audience la plus proche, c’est ce matin. Si elle n’est pas possible, la loi donne un délai de 72 heures. Le 19 décembre, ça fait plus de deux semaines. On peut se poser la question de savoir pourquoi. Peut-être que c’est pour permettre que cette affaire-là aille devant ceux qui peuvent servir les intérêts de qui on sait. Nous nous ne laisserons pas faire, nous ne fléchirons pas. Je demande au peuple béninois de se mobiliser avec nous, parce que seuls nous ne pouvons rien ».
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