Au Bénin, la crise qui secoue le secteur de la santé depuis le 02 août passé, risque de prendre plus d’ampleur dans les tout prochains jours. Le gouvernement vient de susciter la colère des syndicats en faisant par le biais d’un ministre d’Etat, une déclaration sur des accords qui auraient été trouvés entre les deux camps. Une chose que démentent formellement les syndicats. Le bras de fer entre le gouvernement et les travailleurs de la santé se poursuit et pourrait s’intensifier au détriment des populations.
Pour cause, le vendredi 03 novembre 2017 suite à une rencontre avec le collectif des syndicats de la santé, le ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané a fait un point de presse pour faire le résumé des discussions à la population. Dans sa déclaration, le ministre a fait savoir que le gouvernement a donné son accord pour tous les points abordés, puis il a incité les agents à reprendre le travail.
Selon Abdoulaye Bio Tchané, trois (03) points à savoir les doléances relatives à la réforme dans le secteur, les doléances d’ordre administratif et les doléances d’ordre financier étaient à l’ordre du jour. Concernant le premier point, le ministre a déclaré qu’après la remise du rapport de la commission technique des réformes du secteur de la santé au collectif des syndicats, ‘’il a été convenu de commun accord que le Comité gouvernemental soit le cadre formel pour recevoir les propositions des partenaires sociaux’’. Toujours d’après le ministre d’Etat, un accord aurait été aussi trouvé par rapport aux revendications relatives à la carrière des travailleurs, second point des discussions. Le ministre Tchané affirme que le gouvernement a donné ‘’son accord de principe’’ pour régler, dans les meilleurs délais, les préoccupations.
« Un document faisant le point de l’évolution du traitement des dossiers a été remis aux partenaires sociaux. Les discussions se poursuivront le 16 novembre 2017 sur le sujet », a fait savoir Abdoulaye Tchané.
Même chose au niveau du troisième point abordé, c’est-à-dire celui relatif aux différentes primes. Selon le ministre en effet, le gouvernement a pris l’engagement de payer une première partie (le tiers) et le reste sur deux semestres. Un montant de deux milliards quatre cent soixante-neuf millions cent cinquante-huit mille (2.469.158.000) francs Cfa, sera immédiatement payé aux travailleurs à cet effet, affirme-t-il.
Un subterfuge s’indignent les syndicats
Du côté des syndicats, on parle d’un sentiment d’étonnement doublé de colère. En effet, ces derniers démentent formellement le fait qu’un accord a été trouvé à la sortie de cette fameuse réunion du 03 novembre dernier. Selon Adolphe Hounsou le porte-parole du collectif des syndicats de la santé, le ministre d’Etat est venu à la rencontre avec un protocole préparé qu’il a voulu leur faire signer. Mais aucun accord n’a été signé car ils ont apporté des amendements au dit protocole.
« Le ministre d’Etat avait lui-même dit le jour-là qu’il regrette le fait qu’on ait balayé du revers de main tout ce qui a été dit dans ce protocole… Et à la fin de la réunion, il a clairement bien dit qu’il se plaint du fait qu’on ne s’est pas du tout entendu, mais propose que la prochaine réunion soit courte et qu’on s’entende », précise-t-il.
Des propos que vient renchérir Salako Soulé, le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des services de la santé humaine (Syntrasesh). D’après celui-ci, la seule chose qui prouverait que les deux parties sont arrivées à un consensus, est le relevé de signature, une chose que le ministre d’Etat est incapable de montrer aujourd’hui. Le syndicaliste se demande également pourquoi le gouvernement n’a pas daigné les associer à cette conférence, si les deux camps se sont réellement entendus. Pour ces syndicalistes, le seul but visé par le gouvernement à travers cette déclaration est de monter la population contre eux. La preuve est qu’au début du point de presse, le ministre s’est exprimé en disant qu’il s’agit de faire le point à la population et que l’accent a été mis sur les 2.469.158.000 de francs à décaisser pour les primes, la dernière de leurs préoccupations, alors que rien d’important n’a été dit sur les revendications les plus importantes.
La grève toujours d’actualité
Selon Adolphe Hounsou et Salako Soulé, le gouvernement reste intransigeant face à la question des réformes en refusant de mettre sur pied un cadre formel pour recueillir leurs amendements, et en laissant travailler le comité de mise à exécution de la réforme installé le 04 août, alors qu’ils avaient demandé la suspension des travaux. En ce qui concerne la gestion de la carrière des agents, les syndicalistes affirment que rien n’a été dit par rapport à la situation des plus de 150 agents restés sans salaire depuis des années, et celle des agents partis à la retraite sans être inscrits à la Cnss. Pour ces syndicats, le dégel de la crise n’est pas pour si tôt. La grève continue bel et bien et une assemblée générale est prévue pour cette semaine, affirment-ils
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