Célestine Zanou parle du livre ‘’La destitution des maires au Bénin’’

Le livre ‘’La destitution des maires au Bénin : Une pratique à géométrie variable ?’’, de Claude Cossi Djankaki, ne cesse de faire l’objet d’éloges dans le rang des personnalités et hommes politiques du Bénin.Après le président Nicéphore Dieudonné Soglo, c’est le tour de la vice-présidente de la Commission électorale nationale autonome (Cena), de saluer la bravoure de l’auteur pour avoir choisi une question aussi préoccupante.

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Pour Célestine Zanou, à travers cet ouvrage l’auteur appel à la citoyenneté et au droit de regard de chaque citoyen sur ce qui le concerne. Lire ci-dessous sa déclaration.

CEREMONIE DE LANCEMENT  DU LIVRE LA DESTITUTION DES MAIRES AU BENIN : UNE PRATIQUE A GEOMETRIE VARIABLE ?

ALLOCUTION DE LA  PRESIDENTE CELESTINE ZANOU MARRAINE DE LA CEREMONIE

On peut haïr un homme politique pour ses hésitations et ses  intrigues ! On peut ne pas aimer l’homme d’affaires tenu par la loi du capital et le retour sur investissement ! Mais Rarement, il est permis de médire d’un technicien qui dit ce qu’il voit et pourquoi c’est comme ça qu’il voit. En effet, la réflexion mûrie, œuvre des techniciens, constitue le terreau favorable à la germination de toute action, la réflexion doit précéder l’action et cette exigence est d’autant plus valable que la problématique touche le développement de toute une nation. Nous sommes donc là face à une œuvre utile.

Martin Luther King a dit « Notre vie commence à s’arrêter le jour où nous gardons le silence sur des choses graves » Et C’est peu dire qu’au Bénin nous vivons des choses graves et des voix autorisées devraient se faire entendre afin que nos vies ne s’arrêtent point. Je suis donc dans mon rôle à l’instar de vous tous ici présents.

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Merci pour votre présence et merci d’avance pour vos partages que je souhaite empreints de sincérité et d’objectivité pour porter haut le sens des valeurs puisque dit on «  être sincère nous fera sûrement perdre des gens mais nous permettra de garder nos valeurs »

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Distingués invités,

Le matin encore, alors que je me suis levée, ce  livre très utile  à la main, je me suis rappelée ce que me disait un père spirituel ouest-africain à propos de la dette que chacun devrait nécessairement payer à la communauté.

*Un appel à la citoyenneté

Et en effet, j’ai retrouvé à travers le livre de Claude DJANKAKI, qui n’est pas à son premier coup,  ce besoin têtu sinon ce devoir  qu’ont tous les hommes et  femmes de principe de payer leur dette sociale.  Rarement, mon intuition, ma conviction, mes choix, se liguent, comme aujourd’hui, pour me convaincre de monter à une tribune comme celle-ci, parce qu’au-delà du cérémonial qu’est le lancement du livre La destitution des maires au Bénin : une pratique à géométrie variable ?, c’est d’un appel à la citoyenneté qu’il s’agit et du droit de regard de chaque citoyen sur ce qui le concerne.

Or, voyez-vous, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, il y a plusieurs façons, je crois, de payer sa dette morale à la société. Certains le font par complaisance comme une formalité facultative, d’autres le font par contrainte. Certains préfèrent les contradictions vives ou la polémique, d’autres les dénonciations ou les invectives, parfois les revanches spectaculaires. Mais la société ne peut être un faire-valoir. Et c’est avec bonheur que je constate que celui dont la réflexion et les interrogations nous tiennent en haleine ce soir a choisi une toute autre voie, celle du devoir et de la responsabilité. Ce qui fait qu’à l’appel à la citoyenneté s’ajoute un autre appel non moins important. Responsabilité, devoir et discernement ; la dédicace de l’exemplaire que l’auteur a bien voulu nous dédier ne le prouve-t-elle pas ? N’est-ce pas aussi là déjà une des clefs de voûte de la Conférence nationale que devaient traduire la loi sur la décentralisation et la pratique du pouvoir décentralisé dans notre pays ? La décentralisation dans son passé, son présent et son avenir au Bénin est bien ce qui nous réunit et ce n’est pas un simple choix mais notre ultime choix  pour relancer notre jeune démocratie dont la santé chancelle.La Communalisation au Bénin sous sa forme actuelle est devenue effective en mars 2003 suite à l’organisation des premières élections communales et municipales de décembre 2002 et janvier 2003 après le vote de la loi de 1999 y relative.

*L’histoire du pouvoir décentralisé au Bénin

Bientôt donc  deux décennies ! La mémoire du pouvoir décentralisé au Bénin est quelque chose d’assez palpable, elle existe en effet et elle a une histoire ; comme l’a précisé l’auteur, elle a fait un chemin depuis 1955 où notre pays a connu sa première expérience de décentralisation avec la création de 5 communes par la loi 55-1489 du 18 novembre 1955. Il s’agit , pour les citer , des communes de plein exercice que sont : Porto-Novo, Cotonou, Ouidah, Abomey et Parakou dirigées par une Assemblée communale et un exécutif local que représentaient le maire et son adjoint. Cette première expérience qui date de la colonisation rentrait dans une logique régionale : en Côte d’Ivoire ce fut trois communes ( Abidjan, Bouaké et Grand Bassam) , en Haute Volta actuel Burkina Faso, ce fut deux communes (Ouagadougou et Bobo-Dioulasso). Le Sénégal a quant à lui connu sa première expérience de décentralisation déjà au 19ème siècle ( Saint Luis, Gorée, Rufisque et Dakar) et dans la vague de 1955, ce pays a créé cinq nouvelles communes , Thiès, Kaolack, Ziguinchor, Dioubel et Louga.

En 1962 au Bénin, une nouvelle loi, la loi 62-13 du 26 février 1962 a transformé les cinq communes en circonscriptions urbaines administrées par des préfets ou des délégués du gouvernement. Aujourd’hui et avec la réforme de 1999, nous en sommes à 77 communes. Nous avons là,  les raisons de savoir entretenir cette marche  pour la pérenniser, pour la rendre irréversible et ancrée dans l’intérêt général d’autant plus que les autres pays ont pris de l’avance passant déjà au troisième niveau de la décentralisation région, département et commune! Mais  cette irréversibilité passe nécessairement  par l’application des lois et règlements de la République certes, mais elle passe aussi, comme dans tous les pays démocratiques, par ce que j’appellerais la vigilance de la sentinelle. Cela est d’autant vrai que le rôle de celui-ci n’est pas de bâillonner mais d’empêcher ce qui peut conduire au bâillonnement. Car, c’est bien dans ces cas-là, dans ce domaine républicain où tout appartient à tout le monde et non à quelques-uns en particulier, et où le pouvoir est un partage et non un legs, que l’art de la prévention l’emporte sur la science de la guérison. Peut-être cela nous a-t-il échappé ou manqué ces dernières années.Ce n’est plus un secret que depuis son effectivité, la décentralisation vit et subit un phénomène, la destitution des maires et récemment la révocation de celui de la ville métropole de Cotonou, phénomène dont la récurrence mérite l’attention des chercheurs et autres spécialistes dans le seul et unique but de préserver les acteurs du développement à la base et cette marche inéluctable vers le renforcement de notre processus démocratique et au-delà, notre développement car la stabilité institutionnelle est gage de résultats et de succès.  Peut-être convoquerions-nous ici les articles 151 de la Constitution du 11 décembre 1990 et 2 de la loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin !

Quand le législateur dispose notamment dans l’un que [Citation] les « collectivités locales s’administrent librement par des conseils élus » [Fin de citation] et, dans l’autre, que la commune est [Citation] : « l’expression de la décentralisation et le lieu privilégié de la participation des citoyens à la gestion des affaires publiques locales » [Fin de citation], n’est-ce pas qu’il en appelle à la nécessité de rendre stable le développement à la base et d’y renforcer ainsi la démocratie ?

*« …la base le socle à conserver de tout péril »

Car, il n’est un secret pour personne que la politique, malgré toute son importance, ne saurait jamais être au-dessus du développement. Le contraire serait un suicide national. Cela, d’autant que la base est toujours le socle à conserver et à sauvegarder de tout péril. Ne dit-on pas chez nous en fon et probablement dans d’autres langues de notre pays : « Togbaa wê hinnou gbaa !» Hinnou ka gbaa houn Togba ! Cela signifie que la stabilité de l’Etat central dépend largement de la stabilité au niveau des collectivités locales.  C’est dire aussi que la veille véritablement citoyenne doit être d’abord une veille pour le développement, et donc le pouvoir régalien n’a d’autre mission en ce moment-là que de servir d’accompagnateur, de facilitateur et de régulateur dans un respect mutuel. Bien vivre ou mieux vivre la décentralisation, n’est-ce pas faire en sorte que le cadre juridique fixé point ne s’estompe ni ne s’évanouisse sur l’horizon démocratique ? ou que les bras de fer ne puissent jamais remplacer la saine cohabitation dans la République ? En un mot, et comme nous l’avons dit en d’autres occasions, la décentralisation est comme une opportunité offerte à la renaissance de la démocratie directe, où le désir d’unité naît, non plus de l’imposition d’une appartenance à une nation, mais plutôt du sentiment réel de complémentarité et de solidarité, pour construire et survivre ensemble malgré nos différences et nos diversités. En d’autres termes, quand le pays n’est plus l’enjeu, la décentralisation n’a plus de sens et se meurt. C’est vous dire à quel point les réflexions comme celle de Claude DJANKAKI arrivent toujours à point nommé pour ranimer cet esprit de la pédagogie républicaine, rallumer la flamme dont est porteuse toute chose publique. Autant dire, si nous sommes avancés depuis 2002 sur le laborieux chemin du pouvoir décentralisé, il faut avouer que le point de non retour est encore loin et que c’est sans doute ensemble, dans la concertation de chaque instant, dans la pédagogie – voilà que le mot revient encore ! – que nous allons juguler les obstacles inhérents à ce renouveau dans le renouveau.

Cher ami Claude,

*Des éloges affichés

Je disais à l’entame de mon propos que vous êtes un technicien de la décentralisation. Je ne le dis pas, vous êtes un technicien dans ce domaine dont dépend pour une grande part l’avenir de la démocratie, ici comme ailleurs. Or même, pour payer sa dette à la communauté, particulièrement à la nôtre, où les choses sont souvent si difficiles, parfois semblent impossibles, il faut avoir du cran, il faut s’armer de courage et de patience. La graine que vous avez mise en terre depuis quelques années déjà, et que vous n’avez de cesse d’arroser de diverses manières, à divers moments de votre expérience personnelle déjà longue, ayez l’assurance, ayez confiance que cette graine va germer et croître en dépit des ronces qui menacent de toutes parts. Si vous connaissez le destin de la saxifrage – et je sais que vous connaissez cette merveille de la montagne qui pousse au milieu des pierres – eh bien, vous saurez et vous ne douterez pas. C’est vous dire, cher ami Claude, à quel point votre contribution fera tâche d’huile, parce que c’est de l’avenir de notre pays, de la santé de sa démocratie et des collectivités locales qu’il s’agit. Au nom de la Dynamique du Changement pour un Bénin Debout et en mon nom propre, je t’exprime ici toutes mes félicitations ainsi que le témoignage qui sied en de pareilles circonstances. Les paroles, dit-on, s’envolent, seuls les écrits restent. En engageant la réflexion dont ce livre est le produit final, c’est une passerelle que tu dresses sur notre futur national commun.

Bravo pour y avoir pensé avant nous tous !

Merci à toutes et à tous.

Je vous remercie !

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